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Les journées devenaient de plus en plus longues, les minutes paraissaient être des heures et ça devenait insupportable pour lui. Ses journées étaient rythmées pas des heures de dessins. Il faisait que ça et il avait de moins en moins de feuilles et de craies.

- Nathan ?

Sa sœur Maïa, âgée de seize ans attendait de l'autre côté de la porte de sa chambre.

- Est-ce que ça va ? demanda t-elle, tout bas.

Il hocha simplement la tête puis il se décala pour la laisser entrée dans sa chambre.

- Maman m'a dit que tu étais sorti. Deux fois ! C'est...rare.

Elle riait et lui, il la regardait, appuyé contre son bureau.

- Je voulais juste... tu sais que je suis là Nat' ?

Maïa s'inquiétait énormément pour son frère. Depuis le drame, leur relation a évolué. Ils sont devenus plus proches l'un de l'autre.

- Je le sais.

Peut-être qu'elle aurait voulu que son frère se confit à elle, mais ce n'est pas ce qui arriva.

- Des amis à moi font une fête vendredi. Tu veux venir ?

Il sembla étonné de sa demande. Personne ne l'avait invité à une fête depuis longtemps. En onze mois, il n'avait jamais eu de relation humaine autre qu'avec sa famille. C'était triste.

Malgré l'enthousiasme de sa sœur, il refusa. Il ne voulait pas être avec des inconnus ivres. Maïa n'insista pas, elle savait qu'elle devait le laisser. Mais avant de partir, elle s'arrêta près de la porte et se retourna vers son frère :

- Tu me couvres ?

Il souffla un petit rire avant de lui sourire.

- Je te revaudrai ça.

Puis elle partit.

Le silence dans la pièce était insoutenable. Il repensait aux années de liberté qu'il avait avant. Aux soirées qu'il faisait - même s'il était seulement âgé de seize ans - , aux conneries qu'il apprenait. Il donnerait n'importe quoi pour pouvoir ressentir ce qu'il ressentait avant. Son cerveau n'était pas rempli par des images horribles qui le hantait, il n'entendait pas ce bruit qui le rongeait à chaque fois qu'il fermait les yeux. Avant, il était vivant.

Replonger dans ses souvenirs n'était pas la solution et il en avait conscience alors il partit. Il devait sortir de cette maison. Maintenant qu'il l'avait fait deux fois, il pouvait le refaire.

Il devait acheter des feuilles et des nouvelles craies grasses pour ses dessins et pour ça, il devait se rendre dans un magasin de création, en dehors de la ville. Il faisait froid et le magasin se trouvait à plus d'un kilomètre à pied alors il ressortit son vélo. Cela faisait longtemps qu'il n'était pas monté dessus. Il hésita avant de s'assoir sur la selle en cuir. Savait-il encore en faire ?

Il monta sur le vélo sans aucun problème et il roulait comme s'il avait fait ça toute sa vie.

Le magasin d'art et création était l'un des plus grand locaux des environs. Ici, on pouvait trouver de tout : de la peinture en passant par des livres et des instruments. C'était le paradis pour lui. Il y avait un nombre incalculable de couleurs de peinture. Il rêvait de toutes les prendre mais il ne peignait plus avec de la couleur. Il utilisait que du noir et il avait laissé tomber les toiles blanches. Peut-être qu'un jour il recommencera mais l'espoir n'était pas de son monde.

Au final, il sortit avec deux boîtes de craies et un carnet de dessin.

Comme si Dieu avait entendu ses supplices, il se sentait vraiment bien ce jour-là. Il aimait être à l'extérieur. C'était l'endroit où il se sentait le mieux. Alors pour prolonger son plaisir, il décida d'aller au square et de remonter sur le toit de l'air de jeux. Malheureusement, celui-ci était gelé par la neige alors il s'assit juste sur la petite passerelle qui permettait d'atteindre le toboggan.

Dans son sac à dos, il avait mit ses achats. Il les sortit ne sachant pas quoi faire avec puis il l'a vit. Il y avait encore cette fille. En la regardant un peu plus, il l'a reconnue. C'était la fille de l'épicerie et c'était la même qui était assise sur le même banc quelques jours auparavant. Elle était encore seule mais cette fois elle avait un livre dans les mains.

Il commença à ouvrir son carnet de dessin puis il attrapa une craie. Doucement, il commença à la dessiner. Cette fille n'était pas le genre de personne qu'il dessinait. Lui, il imaginait ses personnages avant de les reproduire. Cette fois, c'était différent. Il ne savait pas pourquoi il la dessinait mais elle était belle.

Les craies grasses n'étaient pas adéquates pour la reproduire. Heureusement, il avait un crayon à papier dans son sac à dos. La fine mine était parfaite pour dessiner son visage. Elle ne bougeait pas d'un centimètre, plongée dans son livre. Ce moment était parfait pour lui. En onze mois, c'était la première fois qu'il dessinait quelqu'un, en extérieur. Il venait même à se demander si au final, il y avait de l'espoir.

ᴇᴄʟɪᴘꜱᴇOù les histoires vivent. Découvrez maintenant