La nuit, c'était le plus dur.
Elle devait faire face à la solitude. Tout était encore plus calme et silencieux la nuit, et c'était angoissant. Elle comparait la solitude à un virus qui s'infiltre par la peau, qui s'écoule dans les veines et qui fini par attaquer le cœur et le cerveau. Elle pensait que la solitude allait tellement la ronger, qu'un jour, elle allait disparaître.
Au bout d'un an à être plongée dans un cauchemar constant, elle avait trouvé un moyen de s'occuper quand elle ne trouvait pas le sommeil. Elle avait déniché des centaines de livres, littéralement. Ils trônaient tous sur de grandes étagères dans sa petite chambre. En même temps, les bouquins étaient un peu sa seule compagnie. Quand on est enfermé à l'intérieur de son propre corps, incapable de prononcer deux phrases sans avoir des images horribles dans la tête, on tente de trouver une alternative à la solitude. Les livres étaient ses amis.
Mais parfois, quand les jours étaient mauvais, elle pouvait facilement les haïrent. Elle pensait que les mots écrits sur ce papier jauni étaient inutiles et que tout était faux.
D'un côté, elle n'avait pas tord. Les auteurs de ses bouquins inventaient des choses la plupart du temps mais il y avait toujours une part de vérité entre les lignes et c'était ce qui l'avait rendu accro à la lecture. Les livres étaient son échappatoire. Elle pouvait se libérer et oublier pendant des heures sa propre histoire.
Cette nuit-là, alors qu'elle ne trouvait pas le sommeil, elle s'approcha de sa bibliothèque. Des centaines d'auteurs différents, des centaines de livres, des milliards de mots.
Elle prit l'un de ses ouvrages préféré et elle s'installa sur le fauteuil à côté. Au moment de l'ouvrir, elle retenait sa respiration, comme si elle voulait se couvrir d'une attaque de mots - ce qu'il était bien entendu impossible. Elle parcourait des yeux les lignes qu'elle connaissait presque par cœur lorsqu'elle tomba sur un passage qui lui donnait un coup dans la poitrine.
Et toi, Théophane ? Comment se porte ton âme ? Elle aurait dû t'abandonner depuis longtemps, ne crois-tu pas ? C'est miracle si tu es encore en vie. D'ailleurs, es-tu vivant ?Elle lisait les mots comme si ils lui étaient adressés.
Était-elle vivante ?
Son âme l'avait-elle abandonnée ?
Elle ne savait tout simplement pas. En elle, elle savait qu'il y avait la vie mais elle n'était pas sûre de la ressentir.
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ᴇᴄʟɪᴘꜱᴇ
Short Storyle silence des sentiments #7 in short story 07.02.18 | février 2018 |