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La nuit, c'était le plus dur. Il fallait lutter contre la solitude. Elle entrait dans la pièce, longeait les murs puis, elle attaquait.

À cette heure là, le monde dormait et il était de nouveau seul, encore plus que pendant la journée. Il devait se confronter au silence qui était douloureux.

La journée, c'était devenu facile, enfin un peu. Il arrivait à se mêler à la population et c'était finalement comme un jeu pour lui. Mais la nuit, c'était horrible. Quand il n'arrivait pas à dormir - ce qui arrivait souvent - il tournait et se retournait dans son lit avant de décider à sortir des draps. Il s'installait sur sa chaise à roulettes et il contemplait les feuilles blanches éparpillées sur son bureau en bois.
À sa gauche, enfouies entre des magazines de sport, des centaines de dessins à la craie grasse étaient cachés. En vérité, il ne les cachaient pas au public, non, il les cachaient à lui-même. Après les avoir dessinés, il ne voulait pas les regarder alors il les stockaient sur le bord de la planche en bois. Il n'avait pas trouvé le courage de les jeter, après tout, ils étaient jolis, enfin c'est ce qu'il imaginait puisqu'il se laissait guidé par ses souvenirs pour dessiner.

Souvent, il ne regardait pas entièrement ce qu'il faisait, il observait seulement une partie en imaginant l'autre qu'il avait dessiné auparavant. Tout était dans l'imagination. Le dessin était son moyen de s'évader et de se libérer.

Ce soir-là, ne trouvant pas le sommeil, il alluma sa petite lampe de chevet qui renvoyait peu de lumière sur son bureau et il s'assit. Les minutes passaient et il ne bougeait pas.
Ses doigts attrapa lentement une craie grasse dans la petite boite métallique rouge puis de son autre main, il enleva les dizaines de feuilles blanches pour en laisser qu'une. Dans un soupire, il se laissa guider par son corps.

Il commença par de simples traits noirs qui s'arrondissaient à quelques endroits.

Cette nuit, il ne pensait pas à son passé, il l'imaginait. Il s'imaginait heureux, comme tous les autres adolescents de son âge. Entre les traits noirs qui devenaient de plus en plus épais, il essayait de déterminer ce que c'était l'amour. À dix-sept ans, il devait tomber amoureux, c'était dans les règles de la vie, pensait-il. Il se demandait si ça faisait mal ou si au contraire, l'amour était un sentiment tellement fort qu'il pouvait guérir un cœur. Il voulait savoir ce qu'il ressentirait s'il était amoureux, s'il allait avoir mal au ventre en regardant son âme-sœur ou s'il allait avoir le cœur qui bat à une vitesse incroyable.

Mais il n'arrivait pas à savoir. Tout était inconnu pour lui.

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ᴇᴄʟɪᴘꜱᴇOù les histoires vivent. Découvrez maintenant