ᴇᴄʟɪᴘꜱᴇ

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Après ce jour où il était sorti, il avait ressenti le besoin de le refaire. La fraîcheur des journées lui plaisait tout comme la neige. La Terre allait se refroidir pendant quelques semaines alors il voulait changer comme elle. Pourquoi la Terre serait-elle la seule à changer ? C'était ce qu'il se demanda. Il avait remarqué que personne lui lançait des mauvais regards parce qu'il ne parlait pas comme tout le monde. Il n'était pas muet non, il pouvait parler mais c'était juste que son cerveau refusait. C'était un automatisme de défense contre le monde.

Pendant longtemps, il avait peur de ces regards ; il ne voulait pas être jugé pour son traumatisme. Mais il avait remarqué qu'au final, tout le monde s'en foutaient. Il était un simple habitant dans une petite ville.

Pour se prouver à lui-même qu'il pouvait vivre, il décida de sortir. Il marchait dans les rues silencieuses où l'hiver faisait ses dégâts. Il ne croisa personne, en même temps, par cette basse température, tout le monde reste au chaud ; tout le monde sauf lui.

Il ne savait pas où il voulait aller ; son corps se déplaçait sans qu'il réfléchisse. En marchant, il repensait à sa vie d'avant. Elle était beaucoup plus simple. Il avait des amis, mais à présent, ses « amis » avaient disparu de la circulation. Ces personnes l'avaient complètement laissé seul et il était devenu un étranger au regard des ses « amis ».

Avant, dans son ancienne ville, il sortait souvent au square, à faire des sauts avec son skateboard ou tout simplement ils se regroupaient quelque part dans la ville. Il aimait ces journées à rien faire, juste à parler des filles.

Tout ça était devenu le passé. Et le passé ne revient jamais, pas dans son cas.

Ses pas le guida jusqu'au square. L'aire de jeu était recouverte d'une fine couche de neige qui empêchait quiconque de grimper, sauf lui.

Il monta les marches en bois pour se hisser sur le toit du toboggan pour enfant. C'était l'endroit le plus haut - il y avait seulement quelques mètres qui le séparait du sol, un nombre pas très important. De là, il voyait un peu plus loin. Il y avait des longues rangées de toits oranges, abîmés par les années et des grands arbres vides de leurs feuilles.

Le vent était un peu plus fort en haut mais il ne voulait pas descendre ; il était bien là-haut. Il se sentait un peu plus important du haut des deux mètres de hauteur. C'était ridicule de sentir un pouvoir de supériorité parce qu'il était à deux mètres de hauteur mais en réalité, il s'en fichait. Il n'y avait personne ici pour le voir.

Au bout d'un instant, il regretta de ne pas s'être plus habillé. Il portait seulement un pull fin en laine et une petite veste en jean. Son bonnet gris lui couvrait la tête, heureusement.

Les minutes passaient et il sentait que ses doigts ainsi que son corps étaient en train de geler alors il quitta de l'aire de jeu.

Quand il posa les pieds au sol, il se rendit compte qu'une fille était assise sur un banc. Elle avait les yeux rivés sur son téléphone.

Pendant un court instant, il se demandait si elle l'avait vu sur le toit du toboggan, et il se demandait aussi si elle l'avait prit pour un fou.

Mais en réalité, après réflexion, il s'en foutait de ce qu'elle pensait.

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