2

35 2 0
                                    

Je n'ai aucun souvenir de moi avant mes 13 ans.Peut-être parce qu'il n'y a rien à se souvenir,je l'ignore.Toutefois,je peux affirmer que je n'ai jamais été une enfant heureuse.Mon père ne m'aimait pas,je vivais dans l'ombre d'un frère aîné beau et parfait,il ne me restais que ma mère que j'adorais et dont je m'occupais comme une grande sœur.J'ai toujours été plus petite que les autres,toujours plus moche,brune et maigrichonne.

L'adolescence n'a malheureusement rien changé à tout cela.

À vrai dire,j'ai très peu de souvenir de moi avant la bande.

J'avais une amie;Lisa.Lisa Brook,une chouette fille.Je l'aimais beaucoup,elle m'aidait à me sortir de ma vie triste et de mes humeurs moroses.Elle était folle des Beatles et ne parlait pratiquement que de ça.Son préféré,c'était Paul,et d'après elle,personne ne lui arrivait à la cheville,pas même son copain,Brent,un parfait crétin qui écoutait du Stevie Wonder.

Je crois que ça allait encore moins bien chez elle que chez nous.Moi,au moins,j'avais toujours mes deux parents,aussi minables étaient-ils.Je n'ai vu sa mère qu'une fois;une bonne femme avec beaucoup trop de fond de teint en robe de chambre à treize heure de l'après-midi,qui avait fait déménager toute la famille dans le Chinatown,au Sud de Soho,chez le beau-père;un minable des usines qui cognait quand il était énervé,ou juste saoul,avec qui elle ne cessait de s'engueuler,si bien qu'il est arrivé plusieurs fois à Lisa de débarquer sur le pas de la porte en larme,désespérée et sans nul part où  aller parce que le beau-père les avaient foutu à la porte et que la mère les avaient laissés là.Alors,je préparais un lit dans le salon pour ses deux frères,Sean et Tobias,et sa sœurs,Sue  Mae,qui n'était encore qu'un bébé,et j'installais Lisa dans le mien,je l'écoutais pleurer tout son soûl sur mon épaule,et nous nous endormions l'une dans les bras de l'autre,les joues humides et le sourire aux lèvres.Et le lendemain,les petits et Lisa retournaient chez eux et tout recommençait.Qu'est-ce que vous voulez?Pour des enfants de Soho comme nous,cela n'avait rien d'inhabituel,ni même de vraiment choquant.Ho,bien sûr,ce n'était pas comme ça dans chaque famille,et il est vrai que j'avais une certaine chance;Moi,au moins,mon père n'était pas du genre à cogner ma mère.Il buvait,évidemment,mais était rarement violent.Il était peut-être aigri,revêche,désagréable et déçu de moi,mais il aimait ma mère,peut-être moins qu'avant,mais pas asser pour lui faire mal.Et,quand on connaissait ma mère,on ne pouvait vouloir que son bien;Il était impossible de l'haïr.Il n'aurait jamais levé la main sur maman.Il lui ai déjà arrivé de me taper,comme beaucoup de parents le faisaient avec leur enfants,du moins quand j'étais jeune,mais pas plus qu'il ne le fallait.Peut-être était-ce quelques peu injustifié par moment,mais jamais il ne m'a cassé quoi que ce soit,et je ne peux pas dire que j'étais un enfant battue.Alors que Lisa,c'était souvent elle qui prenait les coups quand elle prenait la défense de sa mère,l'enculé n'aurait jamais tapé ses propres enfants.Mais bon,comme je le disais,ça n'avait rien de très choquant à l'époque;Oui,c'était triste,mais des choses bien pires arrivaient tout les jours dans les foyers,et je crois que nous en avions tous asser avec nos propres histoires ménagères pour s'en faire avec celles des autres.À l'école,on ne parlait jamais de ces choses là.Tout de même,je me souviens d'un moment particulièrement sombre qui m'avait beaucoup ébranlé à l'époque:La mère d'une camarade de classe du nom de Gemma Earl était venue chercher sa fille en  plein milieu d'un cour.En hurlant,elle avait attrapée la pauvre par les cheveux et l'avait traînée de force hors de la salle sous nos regards mi-curieux mi-horrifiés.La maîtresse n'avait rien dit,s'était contentée de hausser les épaules en marmonnant que Gemma devait avoir fait quelque chose de mal pour mériter ça et avait poursuivit son cour.Et le lendemain,Gemma était revenue avec un coquard et la lèvre fendue,et personne n'avait rien fait pour l'aider,ni même juste pour la réconforter.Même si,forcément,plusieurs d'entre nous comprenaient.

Les lunettes de John LennonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant