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L'arrivé de Dark Side fut un tournant important dans nos vies.

Nous avions tous vieillis d'un seul coup,je crois.Du haut de mes 13 ans,j'étais passé de jeune adolescente à presque-adulte.

Avant l'album,j'était encore amie avec Lisa.Enfin,après aussi,mais c'est à partir de ce moment que les choses se sont détériorées.

J'allais toujours à l'école,bien obligée,mais j'avais de moins en moins d'intérêt à m'y rendre,tout était devenu...Comment dire?Fade.Fade et ennuyant.Tout ce que je faisais dans ma vie d'avant la bande m'emmerdais et je ne voyais plus pourquoi j'avais encore à faire tout ça.Même Lisa ne me faisait plus rire.Tout ce que je voulais,c'était me retrouver le soir pour enfin pouvoir me rendre chez John ou rejoindre un des garçons,prendre une pill et relaxer.Je me sentais continuellement,stressée,agressée par ce qui m'entourais.Je n'arrivais jamais à me détendre entièrement,sauf avec de la drogue dans le sang,ou parfois quand j'écoutais de la musique.Mais même ça,ça ne me calmais plus.J'étais épuisée.

Pour la première fois de toute ma vie,il m'arrivait de perdre patience contre ma pauvre mère,qui ne comprenait plus ce qui m'arrivait,ne savait plus qui était sa propre fille.

Je me souviens de la fois où j'avais compris que mes agissements avaient un réel impacte sur elle,et surtout;Que ma mère ne serait plus jamais comme avant.C'était un soir où j'étais particulièrement exténuée de l'entendre hurler continuellement,je n'en pouvais plus de la voire dépérir de la sorte,et surtout;J'en avais asser d'être son infirmière à domicile,que mon père prenne pour acquis les soins que je lui donnais,que ce soit toujours à moi de mettre ma vie sur pause pour m'occuper de ma folle de mère.Le refrain habituelle,quoi.Mais ce jour là,j'avais la fatigue en plus.Et je dois bien avouer que le fait de ne pas avoir de drogue me tapait sérieusement sur le système.Habituellement,j'endurais tout ça parce que la dope me rendais cool et m'enlevais l'envie et la motivation de m'énerver.J'étais débarqué dans sa chambre en coup de vent,la mâchoire crispée et les yeux fous.Je ne répondais plus de mes actes,ne savais même pas ce que je comptais dire ou faire,seulement que je n'en pouvais plus et que ç'allait chier.Quand elle m'avait aperçue,maman avait commencée gueuler encore plus fort,les mains devant les yeux,comme pour se cacher de moi.Elle avait du sentir ma colère et ressemblait à une gosse terrifiée.Ça m'avait ébranlé un moment,mais la fureur était revenue,encore plus forte.Dans la pénombre,je l'avais vu s'arracher le cheveux de terreur,et c'était cette vision en particulier qui m'avait fais sortit de mes gonds:Celle de ma mère s'arrachant des cheveux par poignées,ces cheveux qui faisaient autrefois sa fierté et qui étaient maintenant secs,cassants et emmêlés,laissant entrevoir son crâne par endroit à force de les perdre et de les déraciner à cause du stress.Je m'étais mise à beugler deux fois plus fort qu'elle,faisant trembler les mures et la peur au fond de ses yeux.J'avais dis des choses horribles à propos d'elle,qu'elle ne méritait pas d'avoir des enfants,qu'elle était une mère indigne et que mon père avait bien raison de ne plus l'aimer.Je lui criais dessus comme si c'était moi la mère et elle l'enfant fautif,affirmant que je la haïssais,que j'aurais été bien mieux avec une autre mère,que je voulais qu'elle disparaisse de ma vie,à tout jamais,que je me porterais mieux sans elle,et en l'injuriant,je m'étais approchée d'elle,faisant fit de ses glapissements d'épouvante,et lui avait sautée dessus.J'aimerais dire que je n'avais pas comme intention de la blesser,mais la vérité est que je n'avais aucune idée de ce que je voulais vraiment,et qu'il est très possible-qu'elle me pardonne pour cela-qu'en effet,j'aille désiré lui faire mal.Pas volontairement,mais quand même...Je l'avais attrapé par les épaules et m'étais mise à la secouer violemment.

Et soudain,tout s'était arrêté.J'avais cessé de hurler,et lâché ses maigres épaules.Comme si je m'étais réveillé d'un seul coup,j'en avais même oublié pourquoi j'étais en colère contre elle.

Et là,j'avais constatée les dégâts.

Ma mère était là,recroquevillée sur elle même à pleurnicher comme une gamine,le menton inondé de larmes et de morves,entourée de poignées de cheveux blonds et sales,mais le pire,c'était ses yeux.Braqués sur moi,rouges et gonflés,ils reflétaient une terreur,un désespoir plus atroce et déchirent que tout les sanglots du monde.J'avais essayée d'approcher ma main d'elle,doucement,comme on le ferait pour un animal blessé,mais elle s'était rétractée encore plus das son coin,comme si elle cherchait à disparaître,à se soustraire,et ses cries,ses cries!Des cries d'horreur,d'épouvante.Ma mère avait peur de moi.Elle était terrifiée.

J'étais la pire des filles,et non elle la pire des mères.Je ne méritais pas d'autre mère,je n'en méritais aucune.

J'étais sortis de la pièce en courant,trop honteuse de ce que je venais de faire pour assumer.Mon père fumait à la cuisine,une bière calée entre les cuisses.En me voyant passer,complètement affolée,il avait laissé échapper:

-Et après,c'est moi qui est une horrible personne?!

Mais dans sa voix ramollie par l'alcool,il n'y avait aucun reproche,au contraire;j'avais l'impression qu'il approuvait.Ça m'avait filé la nausée.

Sans vraiment y penser,j'avais enfilé mes pompes et mon blouson et dévalé les escaliers pour me retrouver dans la rue,le cœur battant,tremblant de tout mes membres.

Et où pensez-vous que j'étais allé,après tout ça?

Bravo,vous n'avez pas obtenu vos diplômes pour rien,à ce que je vois.

Évidemment,que j'étais retourné chez John.Parce que c'était la seule place où je m'étais jamais sentis chez moi,à ma place.

John n'était pas là,ni aucun des garçons,ce qui était asser rare,d'ailleurs.Mais peu importait,j'avais la clé.En entrant,je m'étais effondré dans le lit,sans retirer ni botte ni manteau.Et j'avais dormis.Longtemps.D'un sommeil lourd et triste,un sommeil de condamné à mort.

Après ça,j'avais fuis la maison pendant une semaine,me sentant incapable d'affronter la peur de ma mère et ma honte.Je n'avais rien raconté aux mecs,même pas à Dan,c'est dire si je me sentais coupable.Ils avaient respectés mon silence et s'étaient même assurés que je ne sois pas seule à l'appart plusieurs heures d'affilées en s'alternant des sortes de tours de garde,ce qui était un peu inutile,étant donné que je devais tout de même me rendre à l'école et que tout ce que je souhaitais,c'était justement me retrouver seule,mais c'était tout de même délicat de leur part.Ils l'étaient toujours,d'ailleurs.Délicats,sensibles et attentifs à mes besoins.Toujours aux petits soins avec moi.

De vrais Anges.

Je ne crois pas que j'aurais tenu si longtemps dans ce monde sans eux.

Les lunettes de John LennonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant