Avec tout ça,je n'avais même plus pensée à la manifestation qui aurait lieu le lendemain.Je n'avais pas à demander la permission d'y aller à ma mère,elle aurait refusée net,me voulant trop à ses côtés pour me laisser ne serait-ce que quelques heures de liberté.Ma seule solution était d'y aller contre sa volonté,car j'étais bien décidée à y participer,quoi qu'il arriverait.Mon seul problème était que je n'avais toujours aucune idée des horreurs qui se déroulaient au Viêt Nam et dont Tom m'avait parlé.J'avais honte de mon ignorance,et l'idée d'apparaître comme une conne aux yeux de ce gars m'angoissait,à tel point que la journée précédent l'événement,je l'ai passé à la bibliothèque,à chercher désespérément quelque chose sur le sujet,en vain.Enfin,je savais vaguement que la guerre opposait le Sud-aidé matériellement par le bloc de l'Est et la Chine,et le Nord du pays,eux soutenu par les Américains.L'altercation durait depuis 55,l'année de naissance de Joey.Mais sinon,rien.Faut reconnaître que notre bibliothèque de quartier était asser pauvre,probablement la plus pauvre de tout Londres.
Alors,le matin du Dimanche,c'est angoissée comme si j'avais eu à repasser ma première communion que j'ai enfilé mes basket et ai remontée la rue qui menait au parc où avait lieu le rassemblement.Je me maudissais de n'avoir jamais fais attention à ce que notre professeur d'Histoire nous enseignait,persuadée qu'il aurait pu m'en apprendre plus.
Rendue là,je me suis demandé:Merde,qu'est-ce que je fous ici?
Mon émois,mon excitation de découvrir un nouveau monde que j'avais ressenti à onze ans était depuis longtemps révolue.Je n'avais plus envie de rencontrer,de découvrir,de conquérir.Tout ce que je voulais,c'était passer inaperçue.Pas de remous,pas de bizarreries,juste...Me faire accepter par cette société anglaise qui était la mienne.Mais,en même temps,l'idée de retrouver ma mère,seule dans le silence mortel de l'appartement,ne m'enchantais guère.
J'avais voulu rebrousser chemin.Voilà,c'était facile,pas compliqué du tout:Tourner les talons,et voilà.Marcher,un pied devant l'autre,une,deux,une,deux.
Mais qu'est-ce qui m'en empêchais?Je l'ignore,toujours à ce jour.Quelque chose me forçais à rester,m'empêchais de bouger.Et ces grandes silhouettes qui avançaient...Des silhouettes tellement hautes...Qui se détachaient du regroupement,et s'approchaient,à contre-jour...
-Lau!Hé,Lau!
J'avais figé,moi qui n'étais déjà pas très mouvante.Les échos des cris des manifestants me parvenaient et ma tête tournait légèrement,dodelinant sur mes épaules.Je piétinais l'herbe nerveusement,n'arrivant pas à décider si je devais m'enfuir ou rester.
-Hé,Lau,ça va?T'as pu venir,c'est génial!
-Ouais...J'avais dis que je viendrais...Me voilà...
Une voix inconnue s'exclame:
-Dis donc,elle est pas bavarde,ton amie,Tom!
Et une autre de rajouter:
-Mais pas mal mignonne!
-Comment tu t'appelles,ma jolie?
-Tu as quelle âge?
-Mariée?Mère de deux enfants?Marxiste ou Léniniste?Communiste,peut-être?Ou encore...
J'avais sentis de vilaines plaques rouges apparaître dans mon cou,et avais entendu Tom s'écrier,presque en colère:
-Mais merde,vous allez la lâcher,bande de face de cancer?!
Des rires.Des rires graves,rocailleux,et un,plus efféminé et un peu hystérique.Ha-ha-ha.Tout le monde se bidonnait,et moi,je frôlais la crise de nerfs.J'avais envie de hurler,oui,hurler,je m'en souviens très bien,de cette angoisse qui s'était transformée en colère et qui voulait absolument sortir.
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Les lunettes de John Lennon
Teen FictionJ'm'appelle Lau. Lau pour Laurel.Mais appelez-moi Lau. Je n'ai aucune envie d'écrire ce carnet,mais le Dr. Ambrose m'a dit que ça pourrait m'aider. À vrai dire,j'en ai un peu rien à foutre d'aller mieux. Si je fais tout ça,c'est pour Reine.