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Maman est restée en crise plusieurs heures après le départ de mon père.Joey n'a pas levé le petit doigt pour m'aider,évidemment.Il est allé se coucher,comme si de rien n'était,en m'ordonnant,légèrement agacé,de la faire taire,il avait un important examen le lendemain.

Mais rien n'y faisait:J'essayais tout ce qui fonctionnait habituellement,en vain.En désespoir de cause,je lui ai récité ses psaumes préférés,et elle a fini par s'endormir d'épuisement.Il devait être une heure du matin,lorsque j'ai enfin pu me coucher,après être allé la border dans son lit,en prenant bien soin de déposer sa si précieuse radio portative contre sa tête,à son poste préféré,où jouait Stairway to Heaven.Avec ça,j'étais tranquille pour le reste de la nuit.Cette radio portative,c'était de loin la chose à laquelle elle tenait le plus sur cette terre.Elle l'avait achetée trois ans auparavant en vendant le seul et unique fauteuil de la maison;Celui de mon père.D'ailleurs,ç'avait pas mal brassé quand il l'avait apprit,mais il avait bien fini par comprendre que ça rendait vraiment ma mère heureuse,et n'avait pas insisté.Elle passait ses journée avec cette radio collé sous le bras.Elle dormait avec,mangeait avec,et sortait dans la rue avec.Je suis persuadée que sur son testament,elle voulait être enterrée avec.J'imagine que ça meublait sa solitude et le silence qui régnait à l'appartement quand tout le monde était partit,ma mère ne travaillait pas.Cette radio lui tenait compagnie,comme l'ami qu'elle n'avait pas.

Le lendemain,la vie avait reprit son cour normal,mais sans ma mère.Après le départ de mon père,elle a dormit deux jours complets.Je m'inquiétais beaucoup et je n'avais personne pour me rassurer.J'avais surtout peur qu'à mon retour de l'école,elle ait fait une connerie,du genre de connerie qui ne se répare pas.Oui,bon,j'avais peur qu'elle se tue,c'est vrai.Elle avait déjà démontré des tendances suicidaires dans les moments difficiles,mais personne n'en avait tenu compte.Mais moi,je savais bien qu'elle ne parlait pas dans le vide,car j'avais les même idées qu'elle.Moi aussi,je pensais souvent à me supprimer.Et c'était de douces pensées,pas du tout épeurantes.Mais je dois bien avouer que si je restais,c'était surtout pour ma mère.Sinon,pour qui d'autre?À part elle,je n'avais personne,pas même Lisa,qui se serait trouvée une nouvelle amie et ç'aurait finit là.

Quoi qu'il en soit,le troisième jour,je suis restée à la maison pour m'occuper d'elle.Vers midi,elle était sortit de sa chambre et avait recommencée à pleurer dans mes bras.Je lui avais préparée du thé et étais allé acheter des Quality street.J'aimais m'occuper d'elle,être aux petits oignons avec elle.Je me sentais proche d'elle dans ces moments là,et on parlait beaucoup.Ce troisième jour,elle était encore très fatiguée-maman s'épuisait vite-mais elle était contente que je sois restée,et elle avait insisté pour que je reste auprès d'elle le lendemain,et tout les jours que mon père ne serait pas là.J'aurais bien aimé,que je lui avais dit,mais il y avait l'école,les amies,la vie,là,dehors,et que je devrais bien sortir un jour ou l'autre,ne serait-ce que pour aller au marché.Mais non,qu'elle avait répondu,mais non,la vraie vie n'a pas besoin de nous,on est très bien,là,ensembles,sans les autres,on pourrait rester cachées dans l'appartement,et personne ne saurait jamais qu'on était ici.Mais il y a Joey,que j'avais fait remarquer."Bollocks",qu'elle avait rétorquée.J'avais laissé le sujet ouvert,mais je savais bien que c'était complètement ridicule.Je ne pouvais pas arrêter ma scolarité pour m'occuper de ma mère folle,même si je l'aurais souhaité.Alors,j'ai pleinement profité de ce troisième jour seule avec ma mère,je me suis occupée d'elle comme une grande sœur,ou mieux;Comme une mère.Elle était encore en plein délire,mais pas en crise.Simplement,elle n'avait pas de contacte directe avec ce qui lui arrivait,ce qui la rendait très vulnérable.Après l'heure du thé,j'ai voulu lui faire faire une sieste,croyant que ça pourrait la faire revenir à elle,mais rien à faire:Elle voulait que je dorme avec elle.Elle refusait de dormir seule,ça la terrorisait,même avec la radio-à qui elle avait donné le nom de Jewel pendant la journée-.Alors,comme une vraie mère l'aurait fait pour son enfant,j'avais acceptée,et nous nous étions glissées sous sa couette,formant une tente de nos deux corps.Là,nous avions chuchotées les paroles des chansons qui jouaient à la radio,jusqu'à ce qu'elle s'endorme,vaincue.

Pendant ce temps,j'en avais profité pour faire le souper.Joey allait rentrer de l'école,et,même si je le détestais,je voulais que mon restant de famille agisse comme si elle était encore entière:Et une vraie famille se réunie toujours autour d'un bon souper,comme dans les feuilletons américaine que ma mère regardait à la télé.Je ne savais pas vraiment cuisiner-Chez nous,c'était souvent mon père qui cuisinait,rarement ma mère-,mais j'avais quand même réussis à concocter quelque chose d'à peu près mangeable.J'étais même asser fière de moi.Mais Joey n'est pas revenu de l'école.Quand ma mère s'est réveillée,on a attendu son retour,qui n'est pas arrivé.Mon frère avait décidé que,son père partir,sa place n'était plus à nos côtés.Nous n'avons jamais su où il était allé,ça n'avais pas beaucoup d'importance,au fond.Mon frère avait dix-huit ans,et,depuis 70,c'était l'âge de la majorité.Tout ce qu'on a su,c'est qu'il a trouvé le moyen de rejoindre mon père,et tout deux sont revenus le même jour,un mois après la tempête.

Car ils ont fini par revenir,évidemment.

Les lunettes de John LennonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant