17-Ou deuxième déchirement

13 1 0
                                    

Ma première fois a été un désastre.Peut-être en partie parce que j'étais beaucoup trop pressé.Peut-être pas non plus.

J'y pense souvent,vous savez.Et je me dis que si tout s'était passé différemment,si seulement j'avais attendu,tout le reste aurait mieux été.

Ça s'est passé pendant une soirée d'un de nos potes qui habitait Notthing Hill.Ouais,parce qu'en dehors de la bande,on avait aussi quelques bons copains qui nous invitaient toujours un peu partout,dans des raouts tout pétées ou des soirées de pseudo-intellos qui ne nous intéressaient que parce qu'il y avait du bon vin.Ce soir-là,on avait pris de l'avance sur la fête et on était tous déjà saouls comme des coings,si bien que le mec de la sécurité avait failli nous interdire l'accès à l'Underground.Mais le type avait été très sympa avec nous,au final.Il nous avait laissé passer en nous conseillant,le sourire en coin:"Aller vous amusez,les jeunes.Mais ne rentrez pas trop tard,hein,y a école,demain."On avait bien rit,en passant les portes du wagon.Les mecs n'allaient plus à l'école,et moi,je me demandais de plus en plus pourquoi je continuais à m'y rendre.

Arrivés là-bas,nous nous étions tous perdus de vu,raflés par la marée de corps entassé dans le minuscule appartement.Ça se passait chez un mec du nom de Jesse,un grand gars tout efflanqué qui organisait des soirées aux cinq minutes mais que personne n'avait jamais vu.Y a des gens comme ça,qui forgent leur célébrité par leur absence.

La musique était bonne;que du rock,et un brin de reggae pour ceux qui fumait leur herbe au salon.La dope se promenait librement,et sans même m'en rendre compte,au bout d'une demie-heure,j'avais déjà descendu deux quarts et quatre bières,plus ce que j'avais déjà bu avant.Je sais,je sais,ce que j'avais dans le corps était asser puissant pour envoyer une personne normale à l'hosto.Mais justement:Je n'étais pas une personne normale.Ma forte tolérance me permettais d'absorber à peu près n'importe quoi en grande quantité.Les mec étaient beaux,les filles étaient belles.La soirée était parfaite.

Et pourtant,je m'emmerdais ferme.Sans savoir pourquoi,j'avais l'impression de passer à côté de quelque chose,de manquer l'important.Une certitude m'était apparu comme la Vérité absolue:Une opportunité se présenterait à moi,et je ne devrais pas la manquer.Saisir sa chance,toujours.Peu importe ce qui en découlerait.Et effectivement,une opportunité s'était montrée,et je l'avais attrapée à bras-le-corps.Je n'ai jamais su faire les choses à moitié.

J'attendais qu'une nouvelle chanson commence,un peu à l'écart des autres danseurs,une bière à la main.Je me dandinais en chantonnant Touch me des Doors,qui venait de finir,quand je l'ai aperçu.Un mec qui me fixait depuis un moment déjà.Dans la jeune vingtaine,pas très grand,les traits plutôt grossiers.Des cheveux bruns bouclés aux épaules,des yeux rieurs,asser agréable,l'air un peu partie.En voyant que je l'avais remarqué,il s'était enfin décidé à m'approcher.

-Tu viens danser?

Je l'avais jaugé.

-Je sais pas très bien danser...Mais je peux faire autre chose,par exemple.

Ouais,j'avais dis ça.Et je n'avais même pas été surprise de ma propre audace.L'opportunité était là,à ma porté.Je devais l'agripper au vol.

Il avait semblé étonné,puis hésitant.Froncement de sourcil.Sceptique,il avait demandé:

-T'es pas un peu jeune pour ça?

J'aurais eu envie de lui cirer:"Oui!Oui,évidemment,que je suis trop jeune!Vas-t-en!Ne me touche pas!"Bon,d'accord.Ça,c'est ce que le moi d'aujourd'hui voudrais lui dire.Je déforme,désolé.La moi de 14 ans s'était contenté de lui sourire comme elle avait vu les filles le faire dans Playboy.Ç'avait fini de le convaincre.Comme quoi ça ne prenait pas grand chose.

Les lunettes de John LennonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant