Assis sur le siège passager de sa voiture flambante neuve, laissant le conducteur automatique se charger de la voiture, Fabien regardait distraitement le paysage défiler par la fenêtre. Il était pensif. « Ma femme veut un autre enfant. Un enfant de nous deux, se disait-il en son for intérieur. Et moi aussi, réalisa-t-il. Moi aussi, j'aimerais tellement avoir un gamin qui grandirait et qui finirait par me ressembler. Par nous ressembler. ». Il soupira, conscient de l'impossibilité de la chose. Cependant, il ne put empêcher son esprit de vagabonder encore un peu. Il tenta d'imaginer le bambin. Tantôt, il le pensait petit garçon, les cheveux noirs et les yeux marron, tantôt, c'était plutôt une fillette aux cheveux blonds et aux yeux bleus. Pour la première fois, depuis qu'il avait quitté son logis, il sourit.
Dehors, il commençait à pleuvoir, une petite pluie fine et triste comme on en voit souvent à Paris. Pas grand-chose, juste assez cependant pour vous gâcher le moral pendant toute une journée.
La voiture ralentit soudain, avant de s'arrêter doucement. Un embouteillage. Fabien regarda sa montre, énervé « Je vais être en retard, pensa-t-il, exaspéré ». Mais il n'y avait rien à faire. Il s'avachit donc un peu plus sur le siège en cuir de sa voiture, le regard perdu dans la rue qui s'emplissait peu à peu de passants pressés par le temps. La plupart d'entre eux étaient fixés sur leur tout dernier smartphone, occupés à checker leur SMS et leur mail. Ils ne faisaient pas attention au monde qui les entourait. Un groupe de cinq over-bords essayaient de se frayer un passage dans la cohue matinal, bousculant quelques piétons qui leur lançaient un regard courroucé, avant de se replonger dans leurs messages, oubliant aussitôt l'existence de ces personnes qui avaient croisées une demi seconde le chemin de leur existence.Le regard de Fabien s'arrêta alors sur une publicité, diffusée par un grand écran géant, accrochée à la façade d'un immeuble en rénovation. C'était une inscription qui avait attiré son attention. Celle-ci annonçait « Vous rêvez d'un enfant ? Appelez le 05 02 06 78 345 », et en bas, en tout petit : « Sur dossier médical uniquement ». Il haussa un sourcil. C'était comme si cette affiche avait été placée là juste à son attention. D'habitude, le jeune homme aurait considéré cette annonce comme un attrape nigaud, et serait passé outre. Cependant, Fabien croyait fermement, entièrement et passionnément aux signes. C'était encore une chose que Lucie aimait chez lui. Et pour lui, cela était un signe. Alors, après une minute d'hésitation, d'une main tremblante, il fouilla dans sa sacoche et en sortit un calepin et un crayon à papier. Puis, appliqué, il recopia le numéro de téléphone. « Cela ne coûte rien d'essayer, se dit-il »
Le véhicule se remit en marche. Fabien, le cœur battant la chamade, ne pensa plus une seconde à regarder dehors. Il souriait, seul dans sa voiture, heureux de sa trouvaille. Il ne se rendit même pas compte du temps qu'il prit pour arriver sur son lieu de travail.
Lorsque l'automobile s'arrêta, il descendit sur le parking des bureaux de sa société, Ignicur. Il avait cessé depuis longtemps de pleuvoir, mais quelques flaques, ici et là, jonchaient le sol du parking.
Toujours dans la lune, Fabien se dirigea vers l'entrée de l'immense building de la firme. La porte était constituée d'un grand portail métallique, gardé par un guichet. Une immense inscription disait en lettres lumineuse : Ignicur, programmation de logiciel de conduite automatique depuis 2030. C'était un nom bien long pour une pancarte, même en lettre lumineuse, cependant, le chef des programmations (un espèce de géni informatique, une calculette sur patte, mais un génie un peu dérangé, il fallait bien dire), avait tenu à ce qu'on le garde entier (« on ne sait jamais, avait-il précisé »)
Fabien passa sa carte d'identité dans le guichet, qui, après quelques secondes la lui rendit. Le portail s'ouvrit, laissant au jeune homme l'accès au hall d'entrée.
Un énorme comptoir rouge en forme de fer-à-cheval meublait la pièce dont les murs étaient peints en une couleur vert pomme, des plus discordante. C'était encore une fois une décision du chef des programmations. Il avait en effet un goût très prononcé pour tout ce qui était vert et rouge. Il possédait d'ailleurs une immense collection d'objets de ces couleurs, collection qu'il ne manquait pas de montrer à tous ses clients, employés, amis, et même au personnel de ménage. La plupart des gens le prenaient pour un fou, et fou, il l'était en réalité. Cependant, il avait un réel talent pour tout ce qui était programmation, et on avait décidé de passer outre ces petits « écarts ».
Une femme, outrageusement maquillée, comprimée dans une robe jaune fluo des plus voyantes, et dont les cheveux blonds platine étaient tout sauf naturels, affichait, assise derrière le comptoir, un sourire de circonstance. Sourire qui se fit encore plus large lorsqu'elle vit entrer Fabien.
- Fabien, s'écria t'elle d'une voie qu'elle pensait séductrice. Comment vas-tu ? Tu m'avais promis qu'on se boirait un café un de ces jours !
Elle avait dit cela tout en papillonnant de ses sils d'un noir peu naturel, dans une position toute droit tirée du magazine « comment draguer les hommes », qu'elle dévorait tous les dimanches au salon de coiffure. Voyant que Fabien l'ignorait, elle changea de technique :
- Allez !! Tu ne dis même pas bonjour à ta chère Sabrina ?
Elle se leva et s'appuya sur le comptoir, de sorte à ce que le jeune homme ait une vue plongeante sur son profond décolleté. Celui-ci passa devant-elle, sans même lui accorder un regard. La femme poussa un profond soupir et se rassit. Son fauteuil de bureau émit un petit craquement. Elle haussa les épaules et dit d'une voix plaintive :
- Pourquoi es-tu si méchant avec moi ?! Enfin...(elle marqua une pause théâtrale) Par contre, le patron veut te parler.
Cette fois-ci, Fabien se retourna.
- Il veut me parler ?
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Paris 2084 [En pause définitive désolé]
Science Fiction⚫⚫⚫ Paris, 2084 "Pour bien reconstruire, il faut tout détruire et repartir à zéro." Noor et Fabien ce sont Un homme et une femme Avec leurs blessures, leurs tristesses et leurs désillusions Mais aussi Leurs joies, leurs sourires et leur...