Chapitre 6 : Fabien

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- Maxime, il faut qu'on parle.

- ...

La mère leva les yeux, excédée.

- Maxime, tu me réponds ! Je suis ta mère.

- Ouais, répliqua son fils, sans lever les yeux de l'écran, mais lui c'est pas mon père. Et si c'est de ça que tu veux me parler, c'est non.

Lucie crut exploser. D'un geste brusque, elle arracha la manette de jeu des mains de son fils et éteignit la TV.

- Maman ! Putain non...j'avais pas fini !

- Ne dit pas de gros mot ! Et tu joues bien assez pendant tes vacances pour tu puisses m'accorder cinq minutes de ton précieux temps, non ? (Voyant que son fils s'apprêtait à répliquer, elle ne lui en laissa pas le temps : ) Ne réponds pas ! tu me dois du respect, tu m'entends ?

- Du respect pour...

- Tu m'entends ou je dois le répéter ?

Maxime et sa mère s'affrontèrent un instant du regard. La femme essaya de mettre le plus de sévérité possible dans son regard et dût concentrer toute sa force mentale pour ne pas montrer de faiblesse. Son fils finit, à contrecœur, par baisser la tête :

- C'est bon...Oui maman.

Ce dernier mot sembla lui coûter plus qu'un autre et Lucie s'en sentit blessée. Malgré elle, elle se radoucit :

- Chéris, je sais que c'est dur, mais il faut que tu acceptes et que tu prennes sur toi.

- Prendre sur moi alors qu'un... mec chelou lèche ma mère dans mon dos !?

Cette fois-ci, se fut trop pour la jeune femme qui fondit en pleure. Sa colère, sa tristesse et son incompréhension devant la réaction de son fils coulèrent sur ses joues, mais elle ne les retint pas. Elle explosa au milieu de ses larmes et de ses hoquets :

- Et moi dans tout ça, tu penses que je n'ai pas accepté qu'il...me lèche, comme tu dis ?! Je me suis occupée de toi pendant seize ans sans faillir une seule fois, j'ai toujours été là pour toi, j'ai travaillé dur pour que tu puisses t'épanouir. J'ai tout perdu avec cette grossesse : ma jeunesse, ma liberté, ma famille, mes études, tout... j'ai tout laissé tomber pour toi et... tu t'en fiche que je l'aime ? tu t'en fiche que je sois heureuse avec lui ? Hein, tu t'en fiche ? Je croyais que tu rêvais d'avoir un père ! ... je...je... Maxime, maintenant que tu es grand, j'ai le droit de reprendre là où j'en été resté avant... Oh et puis, tu ne peux pas me l'interdire...Je l'aime Maxime.

Son fils la regarda un instant, le visage figé. Ce fut avec une colère froide qu'il lui répondit, mais ses yeux trahissaient une tristesse immense et pleine de jalousie :

- Alors comme ça, pour toi, je suis rien qu'un fardeau, un poids lourd, un boulet ? Maman, c'est pas de ma faute si t'as fait une erreur d'un soir, c'est pas de ma faute si mon père c'est barré, c'est pas de ma faute si tu m'as gardé ! T'as pas le droit de dire ça ! T'as PAS LE DROIT ! Mais de toute façon, tu t'en fiche maintenant, tu regrettes, hein...tu te demandes pourquoi tu m'a pas tué ! Tu sais quoi ? Vas-y avec ton mec à la con, je m'en fou. Vas-y et oublie moi, de toute façon, je suis juste une « erreur » !

Puis, sans laisser sa mère se défendre, il s'enferma dans sa chambre et les bruit de son jeu vidéo de guerre reprirent de plus belle. Il mit toute sa rage et sa haine dans le dégommage de soldats du camp adverse, et les larmes qu'il sentait enfermées dans son cœur se transformèrent en haine. En haine contre sa mère, en haine contre son beau-père, en haine contre ce géniteur inconnu, contre le monde, contre sa vie. Et il reprit avec encore plus d'ardeur son jeu, passant sans problème au niveau supérieur.

Paris 2084 [En pause définitive désolé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant