Noor mit quelques instants à reprendre ses esprits, et l'évidence lui jaillit encore une fois au visage, comme un diable sortirait de sa boite. Son frère bien-aimé était en prison.
Un frisson lui parcouru l'échine en pensant à ce que lui avaient dit les policiers. : « Nous avons nos sources ». Des sources ? Ah oui vraiment... Ils auraient tout aussi bien pu lui dire directement qu'elle et son frère étaient sur écoute.
« Mais si ça se trouve, nous sommes tous sur écoute, réalisa la jeune femme ». À ces mots, le frisson se fit plus fort.
Il y a quelques jours encore, la jeune femme aurait fondu en larmes. Mais ce soir-là, c'était différent. Ce soir-là, elle avait décidé d'être forte. Plus forte qu'eux.
Elle s'efforça à réfléchir : « Il faut absolument préparer la défense de Thibault. Il lui faut un avocat... Non, se reprit-elle, il faut d'abord que je lui parle, que j'essaye de comprendre. » Seulement, elle n'avait absolument aucune idée de comment tout cela pouvait marcher...
Malgré elle, elle sentait la fatigue qui venait à l'assaut, comme autant de petits monstres qui rendaient lourdes ses paupières. Elle résista. Rapidement, elle passa en revue toutes les personnes de sa connaissance susceptible de l'aider.Ce fut à cet instant qu'elle prit conscience de la place qu'avait toujours prit Thibault dans sa vie. Il avait toujours été pour elle bien plus qu'un frère. C'était un confident, un ami. Avec lui, elle n'avait jamais vu l'intérêt de partager ces moments de complicité avec quelqu'un d'autre que lui. Elle les le lui réservait tous. Elle n'avait personne en dehors de lui. Thibault, pour elle s'était tout. Mais maintenant qu'il n'était plus là, qui allait l'aider ? Vers qui pouvait-elle se tourner ?
Le sentiment de Solitude fondit sur elle, tel le faucon vers sa proie. Elle ferma les yeux, et se sentit soudain toute petite et toute vulnérable, plus petite et plus vulnérable qu'elle ne l'avait jamais été. Elle resta ainsi quelques secondes, à se balancer d'avant en arrière, recroquevillée sur elle-même, comme pour une tentative de vaine protection contre la vie et sa cruauté. Les yeux dans le vide, elle fixait le mur blanc devant elle, quand, détournant légèrement son regard, celui-ci se posa sur un vieux casque rouge, son tout premier, cadeau de son frère. Ce détail insignifiant la tira de son état léthargique. D'un coup comme elle l'avait quitté, son énergie refit surface. Il fallait qu'elle fasse quelque chose. Elle appellerait la terre entière s'il le fallait, mais elle ne devait pas s'avouer vaincue de sitôt. Pour son frère, pour leurs moments privilégiés, pour tous l'amour, toute l'attention qu'il lui avait donnée jusque-là, elle n'avait pas le droit d'abandonner. Et surtout pas avant d'avoir essayé. « Il faut que je commence par les personnes que je vois le plus : mes collègues. » Elle réfléchit quelques secondes, et son choix s'arrêta sur l'une d'entre eux : Laetitia.
Laetitia avait toujours été pour Noor quelqu'un de très fort, et de très influant. De plus, elle avait un caractère bien trempé, qui pourrait lui être pratique dans cette situation. Laetitia, tout comme Thibault était son contraire.
Décidée, la jeune infirmière, luttant toujours contre la fatigue, s'empara de son téléphone, et lui ordonna d'une voie morne de trouver le contact de la directrice, puis de l'appeler. Celui-ci s'exécuta.
Il était 2h30 du matin, mais la jeune femme n'en avait cure. Elle laissa donc le téléphone sonner, une fois, deux fois, trois fois. Dans sa tête, Noor pouvait aisément s'imaginer la sonnerie stridente de celui-ci, résonner dans l'appartement silencieux de sa chef. À la quatrième sonnerie, une voix ensommeillée se fit entendre :
- Noor, j'espère que si tu m'appelles à cette heure, c'est que c'est important !
- Laetitia, excuse-moi de te déranger si tard, mais...
- Si tard ? Tu te moques de moi Noor ?! Il est 2H30 du matin !
- Je sais, mais... j'ai un très gros problème.À ces mots, la voie de Noor se brisa, et la jeune femme sentit son assurance tous juste gagnée, vaciller. Elle se mordit la lèvre jusqu'au sang, et serra plus fort le téléphone dans sa main, au point que ses jointures en devinrent blanches.
Voyant que quelque chose n'allait pas, Laetitia se radoucit quelque peu :
- Parle-moi Noor, je suis là.
La jeune infirmière se concentra sur ce qu'elle allait dire. « Je suis sur écoute, se souvint-elle, il ne faut pas que je parle trop ». Elle finit par articuler difficilement :
- Thibault, mon frère, est en prison.
La gorge de Noor se noua, et elle sentit une boule se former dans le bas de son ventre. Thibault en prison. Prononcer ces mots, c'était concrétiser la chose. C'était accepter que tout cela n'était pas mauvais un rêve qui s'envolerait avec la nuit, mais bien une réalité.
Laetitia mit quelques secondes à répondre :- En prison, mais... souffla-t-elle. Thibault est réellement en prison ?! Oh... Noor ! Que... Pour quel motif ?
La jeune infirmière sentit qu'a l'autre bout, Laetitia était désemparée, et aussi...effrayée ?
- Eh bien... À ce que disent les policiers, c'est pour cause de... de propos déplacés, de participation à des activité illicite, et de présumer lien avec des organisations terroriste, chuchota Noor.
- Présumé lien avec des organisations terroriste... souffla Laetitia, la voie blanche. Il faut que... Que veux-tu que je face ?
Quelque peu étonnée du soudain soutiens de Laetitia, Noor reprit, un peu plus sure d'elle cette fois si :
- Écoute, je ne comprends rien et... j'ai besoin de lui parler. J'ai besoin qu'il m'explique. Il faut le sortir de là, mais pour cela, je dois comprendre. Et j'ai...besoin de ton aide. Enfin, je veux dire, tu es influente, tu connais des gens...
La voie de la jeune femme s'éteignit doucement. La directrice mit un cours instant avant de répondre :
- Noor, ne surestime pas mon influence.
- Je sais, mais je m'étais dit...
- Écoute, je vais faire tout mon possible, je te promets Noor. Je te promets.
Et cette promesse résonna encore longtemps dans les oreilles de la jeune femme quand Laetitia raccrocha.
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Paris 2084 [En pause définitive désolé]
Ciencia Ficción⚫⚫⚫ Paris, 2084 "Pour bien reconstruire, il faut tout détruire et repartir à zéro." Noor et Fabien ce sont Un homme et une femme Avec leurs blessures, leurs tristesses et leurs désillusions Mais aussi Leurs joies, leurs sourires et leur...