Elles se mirent à courir. Les deux femmes étaient toutes les deux bien plus petites que les brancardiers, qui couraient eux même, et elles durent forcer l'allure pour ne pas les perdre de vues dans le chaos que l'incidents avait provoqué. Noor avait la respiration qui s'accélérait, le souffle court, le cœur battant, un point de côté lancinant et les jambes en feu. Mais elle continuait, par fierté peut-être, ou par devoir. Elle n'en savait rien. Elle n'avait même pas compris où cette course l'emmenait.
Devant elle, Laetitia semblait infatigable. Plus loin encore, elle pouvait apercevoir les quatre brancardiers qui filaient dans le couloir au pas de course.
Ils traversèrent ainsi tout le Centre, pour se rendre dans l'aile Ouest du bâtiment. Cela dût prendre un quart d'heure, mais pour Noor qui était tout, sauf endurante, cela lui sembla durer une heure.
Lorsqu'enfin ils s'arrêtèrent, la jeune infirmière dût attendre quelques secondes avant de retrouver un souffle normal, et de pouvoir regarder autour d'elle.
Elle n'était encore jamais venue dans l'aile ouest, car celle-ci était réservée aux médecins. La plupart du personnel infirmier étaient d'ailleurs dans le même cas qu'elle : l'aile ouest possédait ses propres employés et était gérés par un tout autre directeur. Seul quelques hauts placés de l'aile Est y avait affaire.
C'était en fait un hôpital attenant au Centre et ces deux-là collaboraient étroitement. Toujours est-il que dans l'aile Est, on colportait de drôles d'histoires sur l'hôpital. Des histoires pas si amusantes que ça, par ailleurs.
Certains plaisantins aimaient dire que c'était ici qu'était exécuté le travail « sale » du Centre. D'autre disait qu'on y plaçait les fous et qu'on faisait des expériences sur eux, d'autre encore prétendaient que l'hôpital cachaient des laboratoires secrets de recherches. Les partisans de cette hypothèse étaient généralement en accord avec les adeptes d'expériences sur des cobayes humains.
Noor, pour sa part, ne pensait rien du tout. Elle se contenta donc de regarder autours d'elle. L'hôpital n'avait au final pas tellement de différence avec le Centre : mêmes murs blancs, même odeur de désinfectant, même atmosphère aseptisée.
L'un des infirmiers frappa à la porte devant laquelle ils étaient tous arrêtés. Une voix étouffée par la cloison leur répondit :
- Entrez.
Laetitia attrapa Noor par l'épaule et fit signe aux autres de l'attendre. De les attendre plutôt, car elle emmenait la jeune infirmière avec elle.
Lorsqu'elle entra dans la pièce, Noor dût cligner des yeux pour s'habituer au changement d'atmosphère du lieu. C'était un grand bureau, aux murs d'une couleur orange fluo. Un homme, un peu plus d'une soixantaine d'année, gros et gras, un triple menton et les yeux minuscule qui les fixaient derrière des lunettes trop petites pour son visage flasque, trônait (débordait serait un meilleur mot) sur un siège derrière un bureau. Le bureau en question était recouvert d'un bazar indescriptible de papiers et de factures en tout genre et un ordinateur à moitié recouvert par plusieurs pochètes de couleurs peinait à se faire une place. Tout près du bord de la table, un énorme bocal rempli de bonbons roses manquait de tomber par terre à chaque geste du bonhomme.
Celui-ci leur fit signe de s'approcher et de s'assoir sur les deux sièges en face de lui. Lorsque les deux femmes furent à l'aise, il eut un sourire, et s'empara du bocal. De ses grosses mains, il l'ouvrit et piocha un bonbon sous le regard exaspéré de Laetitia :
- Putain Jasper, tu peux pas arrêter avec tes bombec' à la con ? On a une urgence sur les bras, là !
Noor faillit s'étrangler : depuis quand Laetitia parlait-elle ainsi ? Elle semblait bien connaître l'homme, d'ailleurs.
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Paris 2084 [En pause définitive désolé]
Science Fiction⚫⚫⚫ Paris, 2084 "Pour bien reconstruire, il faut tout détruire et repartir à zéro." Noor et Fabien ce sont Un homme et une femme Avec leurs blessures, leurs tristesses et leurs désillusions Mais aussi Leurs joies, leurs sourires et leur...