Chapitre 10 : Fabien

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Le bureau de Fabien n'était pas très grand. Du moins, il avait des proportions normales. Très propre, organisé, et rangé avec soin, il était surement le seul de son bâtiment à ne pas contenir de tasses à moitiés vides où un fond de café noir et froid moisissait depuis des heures.

Non.

Fabien aimait travailler dans une atmosphère exempte de toutes préoccupations autre que son travail. Quand il était au boulot, c'était pour bosser. Pas pour autre chose.

Mais ce jour-là, ses yeux ne cessaient de dériver au-dessus de l'écran de son PC, plus haut vers la fenêtre. Son regard se perdait dans l'infini du ciel, à peine contenue par les hauts buildings aux cheveux verts qui avaient poussé dans le quartier de la Défense. Son esprit s'envolait loin, vers Lucie qui était restés chez eux.

Le matin même, ils avaient réfléchi ensemble à ce qu'ils pourraient faire pour le bébé. Ils avaient discuté longuement, dans le dos de Maxime, des éventualités, pour finir par appeler la clinique.

Fabien ferma les yeux pour mieux se remémorer la scène. Il avait encore le « bip » de la sonnerie du téléphone dans sa tête, et le déclic quand une secrétaire avait décroché :

- Ici la Clinique Pierre Leduc, j'écoute.

Ce fut Lucie qui prit la parole. Maxime était retourné dans sa chambre.

- Bonjour Madame. Nous voulions nous renseigner pour...par rapport à votre annonce. Pour un enfant, je veux dire.

- Oui, d'accord. Je vous prends rendez-vous ?

La jeune femme avait haussé un sourcille, étonnée que tout ce face si rapidement. Mais elle s'était vite reprise

- Je veux bien oui. Vous avez un créneau entre... (un temps d'hésitation) 18 ou 20 heure, pour le Samedi 28 ?

- Oui. Je vous le marque pour 18h30, c'est bon ? à quel nom ?

- Lucie et Fabien Dulcose

- Je note. Nos médecins et psychologues vous ausculteront et nous verrons si votre demande peut être prise en compte. Vous règlerez sur place ?

- Je...oui, bien sûr. Eux...combien ?

- Tout dépendra du résultat. Mais une séance vous coûtera 60R

- Oh. D'accord

- Bien, merci et à bientôt, le Lundi 28 de ce mois, à 18h30.

- Merci.

Ce fut tout. Cela été allé si vite qu'ils en étaient tous deux resté quelques minutes un peu sonnées.

- C'est pas donné, fit Lucie.

Fabien avait levé la tête, un peu exaspéré :

- On le fait jusqu'au bout, oui ou non ? l'argent, ce n'est pas grave. Un enfant, ça n'a pas de prix.

- Tu as raison, je suis idiote...

Fabien baillât et s'étira. Tout cela lui passait un peu au-dessus de la tête en ce moment. Tellement de choses avaient lieu en même temps...

On frappa alors à la porte.

L'homme se redressa d'un coup, comme piqué par on ne sait quel insecte exotique. Il arrangea vite fait ses cheveux, se composa un visage neutre (ce qui était pour lui, synonyme d'un visage d'homme sérieux en pleine réflexion sur son travail), et lança d'une voie qu'il espérait sans tremblement un « entrez ! » bien net.

Paris 2084 [En pause définitive désolé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant