Chapitre 13 : Noor

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  Noor la main sur sa sacoche, rentrait d'un pas mesuré vers chez elle, l'esprit encore occupé à détailler les évènements de la semaine passée et à essayer de trier les nombreuses questions qui tournaient en boucle dans sa tête. Elle sourit intérieurement quand elle pensa à la vitesse avec laquelle avaient filé ces sept jours, depuis l'étrange accident du Centre.

Durant les quatre jours qui avaient suivi l'euthanasie des vieux, la jeune femme n'avait pas cessé d'être sur ses gardes, s'attendant à tout instant à être interpellé par la direction, pour refus d'un ordre, ou pour manque de respect.

Mais rien. Rien n'était advenue. Personne ne lui avait même fait de remarque. Pas une illusion. Rien. Calme plat. 

Alors, elle avait fini par imaginer que Laetitia suivait les recommandations d'Hector, celles de ne rien mentionner. Et la vie avait donc continué, inlassable, comme l'eau d'un fleuve que même la glace de l'hiver ne fige. 

Hector. C'était un nom qui macérait depuis une semaine dans l'esprit de Noor. La jeune femme eut un rire intérieur quand elle se rendit compte que le médecin ne devait même pas connaître son patronyme. Pour lui, elle avait dû rester l'infirmière rebelle, ou une autre stupidité dans ce genre. A vrai dire, elle ne savait même pas si cela lui plaisait ou non. Une chose était sûre, elle n'en était pas complètement indifférente, non pas que l'homme l'intéressa (l'Amour n'était plus une préoccupation pour elle), mais le personnage en sois l'intriguait. Mille questions sans réponse l'assaillaient quand elle pensait à lui : pourquoi avait-il décidé de l'aider ? Pourquoi c'était-il sacrifié pour elle ? Car oui, elle avait bien vu que tuer ne lui plaisait pas le moins du monde. Alors pourquoi ? Et que dire de cette impression tenace que Laetitia et lui se connaissaient bien ? Elle était perdue. Totalement perdue.

De plus, les derniers mots du jeune médecin ne cessaient de lui tourner dans la tête : « Content d'avoir rencontré une infirmière avec quelques scrupules. C'est rare de nos jours... » Il fallait avouer que cela lui avait fait plaisir. 

Mais ce n'était pas que sa phrase qui l'agaçait à longueur de journée. Non. C'était son visage. Il lui revenait sans cesse. Et toujours cette même question, cette même interrogation : « Qui est-il ? Et qui est vraiment Laetitia ? ».

La jeune femme avait l'impression que depuis une semaine, Hector et la directrice s'étaient installés dans sa tête, revenant à la charge à chaque occasion. Ils étaient là partout : dans ses rêves, dans ses pensées, et parfois même, elle avait l'impression de les voir ensemble dans les couloirs, à discuter de choses secrètes.

Elle continua à marcher, essayant le plus possible de faire taire ses pensées. Enfin, elle s'arrêta devant chez elle, imposa son emprunte sur le système prévu à cet effet, puis poussa la lourde porte. Traversant le hall d'entrée, elle débuta l'ascension de l'escalier de l'immeuble, le souffle un peu court. Arrivée au troisième étage, elle voulut s'arrêter pour respirer, quand elle entendit des pas qui semblait venir vers elle. Plus précisément, qui descendaient les marches.
Tout d'abord un peu étonnée (il était rare que les locataires du bâtiment utilisent l'escalier), l'infirmière se préparait à reprendre sa montée, quand il déboucha sur le pallier du troisième, juste devant elle. 

Noor n'en crut d'abord pas ses yeux lorsqu'elle l'aperçut émergeant de la pénombre, sa peau noire contrastant avec sa chemise blanche. Et, à ses yeux surprit, elle sut qu'elle n'était pas la seule à être étonnée.

- Vous ici ? fit-elle

- Et vous ? répliqua Hector (car c'était bien lui)

Noor leva les yeux au ciel :

Paris 2084 [En pause définitive désolé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant