Chapitre 2 : Survie à six

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J'ai bien passé 2 heures à sonner à des portes partout dans mon grand quartier. Et la plupart du temps, elles ne se sont pas ouvertes...
Mais malgré tout, je ne suis pas seul. J'ai trouvé 5 camarades : la vieille française du bout de ma rue, Mémé Girard, un couple qui a la trentaine : Nicky et Bradley, et deux inséparables amis qui s'appellent Tristan et Kévin. Ils ont la quinzaine.
Nous sommes les derniers survivants de notre énorme quartier...

On forme une drôle d'équipe : une vieille folle, un couple complètement déboussolé, un gros gars brun avec un t-shirt orné de nounours ( Tristan ) et un petit blond limite anorexique qui est toujours dans la lune ( Kévin ).
Sans oublier le rouquin au milieu de tout ça : Moi, Gabriel Harvey.

N'empêche, ils sont tous d'accord pour que nous restons tous ensemble. Je les ai invités chez moi, c'est notre "QG". Sans attendre, je leur expose ma théorie.
- Je pense que le Gouvernement a fourré du poison dans les produits de leurs colis pour nous tuer tous.
Ils sont tous les 5 enfoncés dans les canapés du salon à me fixer avec des yeux ronds tandis que je me tiens debout devant eux, tel un conférencier.
- Ok, fait Bradley, mais pourquoi auraient-ils dépensé des milliards pour tuer la population mondiale? C'est tordu, tu trouves pas?
Si. Complètement. Je ne sais pas quoi répondre. Je le fixe en essayant d'adopter un air mystérieux comme si j'avais une idée derrière la tête. Je déteste avouer que je ne sais pas.
Mais ce gros bras a bien compris. Personne ne sait.

Il prend Nicky dans ses bras car elle pleure et tremble beaucoup.
Il est brun, ses cheveux sont dressés sur sa tête en effet "coiffé-décoiffé" et sa peau est bronzée. Ses petits yeux sont à peine remarquables derrière ses lunettes aux verres épais et sombres.
- Mais Bradley, mon chien il a mangé une part de dinde devant moi et il est mort! Je l'ai vu! j'insiste.
- Ce n'est pas ça, intervient Tristan, on te croit tous. C'est juste que l'on se pose des questions. On arrive pas à y  croire. Tu arrives à y croire, toi, peut être?
Il va se calmer, le gros. Bien sûr que non. Toute ma famille est morte sombre imbécile. Comme si j'avais envie d'y croire.
- Pourquoi nous? sanglote Nicky.
- Je ne sais pas, fais-je doucement, promettons nous de rester ensemble pour découvrir tout ça...
Tout le monde acquiesce d'un signe de tête et murmure un faible《 Promis. 》 quasiment inaudible.

Nicky prend la télécommande et allume la télévision, toute l'attention de la pièce est reportée dessus.
Encore Thompson, bien sûr. Ses cheveux noirs en brosse, ses petits yeux malins et son costume parfaitement repassé m'agacent. Tout le monde est en train de mourir et son seul problème est le fait que son costard soit repassé...
Nous sommes à la fin de son discours.
《 Tous les bâtiments publics seront bombardés. Nous prendrons soin de vérifier qu'aucun ne fasse exception. Après tout, il ne me servent plus à rien. 》conclut-il fièrement alors que l'écran devient noir.

Nicky ne pleure plus mais semble estomaquée. Comme nous tous, survivants.
- Ils vont nous éliminer et prendre plaisir à le faire. Ils veulent voir le peuple s'entre-tuer, devenir fou. Ils ont déjà tout prévu pour qu'il ne reste plus rien. Pour une fin spectaculaire. Déclare sombrement Mémé Girard. Une lueur démente brille dans ses yeux. Elle semble plus vivante que jamais.
Elle a des cheveux grisonnants crawlés qui lui tombent sur les épaules. Les traits de son visage laissent apparaître de l'épuisement.
- Du coup, on fait quoi? demande Kevin qui semble revenu sur Terre.
- On mange! s'écrie joyeusement Mémé Girard avec son accent adorable. Je suis affamée, vous n'avez pas prévu de mourir de faim j'espère?
- Avant ça, il faudrait peut être que la famille de Gab... sorte de table... hésite Nicky en se levant.
- Les filles, restez à l'intérieur, on s'en occupe, déclare Brad fièrement, bien qu'apparemment embarrassé par son propre enthousiasme.

On transporte les cadavres dans le jardin. Il fait toujours aussi sombre. Il a fait un noir d'encre toute la journée... Qu est ce qu'il va encore se passer? 
Je ne peux retenir mes larmes. Brad veut les enterrer. Je pense que c'est une bonne idée.
Les corps, les uns après les autres, disparaissent sous terre.
Maman, Papa, Chloé, cousins, cousines, oncles et tantes. C'est Tata Bernadette qui ferme le bal. Elle semble reposée, dénuée d'expressions, elle était stressée en permanence, avant. Elle est peut être mieux comme ça...

Nous transpirons et sommes essouflés d'avoir creusé, porté les corps dans les trous et rebouché ces trous encore et encore, toute la soirée.
Le gros Tristan a d'énormes auréoles sous les aisselles sur son t-shirt nounours bleu clair extra large.
Ses joues sont rouges et les tâches de rousseur sur son nez ressortent. Il respire aussi fort qu'un phoque qui s'étrangle.
Kévin, lui, semble n'avoir rien fait. Il est frais comme une rose, même pas essoufflé. Son visage squelettique est anormalement pâle.
De mon côté, je suis à bout de souffle et gelé.
- Rentrons, lance Brad, c'est du beau boulot.
Kévin et Tristan le suivent mais je reste là. Je m'agenouille devant les tas de terre. Si c'était du beau boulot, Bradley, tu aurais pensé à mettre des écriteaux avec le nom de chaque personne là où elle se trouve. Ça, ça aurait été du beau boulot.
Je laisse les larmes et le désarroi me submerger.

J'entends Mémé Girard crier《 Aaaaa taaaaaable ! 》 au loin.
Peu après, Nicky me rejoint. Elle met son manteau sur mes épaules. Je me rends compte que je tremble violemment. Elle me prend la main et m'aide à me lever.
- Tu dois être affamé, elle me murmure en m'emmenant dans la salle à manger.
Je hoche la tête et m'assieds avec tout le monde.

Pendant que nous mangeons (soupe à la tomate en boîte et raviolis en conserve) nous discutons énormément. (Sauf Kévin, bien sûr, qui n'a daigné dire un mot.)
- On doit déménager souvent, on ne peut pas se permettre de rester trop longtemps au même endroit, lance Bradley d'un air important. On ira chez chacun de nous d'abord, puis, on s'éloignera d'ici. On ne doit pas simplement survivre, nous devons aussi découvrir ce que manigance le Gouvernement.
Mémé Girard est prise d'une hilarité soudaine, ce qui vexe Brad. Mais elle ne s'arrête plus, elle devient incontrôlable. C'est un mélange de rire et de cris de détresse. Nous l'emmenons dans la chambre de Chloé pour qu'elle se repose.
Peu après, nous décidons d'aller dormir, nous aussi. La journée a été longue. Il est quand même 23 heures...
Kévin et Tristan vont dormir dans la chambre de mes parents, pour surveiller Mémé. Tandis que Bradley, Nicky et moi, nous installons dans le salon.
Malgré la peur et le stress, je m'endors rapidement.

Mais nous ne dormirons pas longtemps, plus ou moins deux heures plus tard, je suis réveillé par de fortes détonnations. Tous les trois, nous nous réfugions sous les canapés en même temps, sans avoir besoin de se le dire.
Nous entendons les pas de nos 3 compères se précipiter à l'étage. Ils courent. Les détonations semblent approcher. Il fait un noir complet et il ne connaissent pas la maison! Ils ne vont jamais savoir descendre! Je les entends se prendre des murs entre deux explosions.
Et soudain, un énorme bruit dans l'escalier.
C'est Tristan, il est tombé et crie《 J'ai trouvé! Venez!》en allumant la lumière du salon.
Les explosions sont de plus en plus fortes. Tristan crie nos noms.
Nicky tend la main hors du canapé en criant《 Ici! Venez! 》à nos 3 amis réunis au bas de l'escalier. Ils nous rejoignent. Nous sommes serrés en attendant avec angoisse que tout cela s'arrête. Une bombe a explosé sur la maison de derrière, je l'ai vu par la fenêtre. Je retiens mon souffle. Une autre a explosé juste devant la porte. On ne peut rien faire.
Puis tout s'arrête. Silence de mort. Nous restons de longues minutes immobiles, sans un mot.
- Ils ont explosé le centre-ville, murmure Kévin, j'ai tout vu.
Brad sort du canapé et dit:
- Allons-y.
Nous sortons à notre tour, n'osant contredire le ton sec qu'il a employé.
Nous nous vêtissons de gros manteaux et protégeons nos visages avec des foulards en appréhendant ce que nous allons découvrir.

Et voilà! C'est tout pour cette semaine! J'espère que ça vous a plu, n'oubliez pas, je prends tous les conseils que vous avez à me donner ;)
À la semaine prochaine!

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