Chapitre 20 : Changement de camp

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Derek Thompson dort paisiblement dans sa capsule, les doigts mêlés sur son ventre.
Il a deux tuyaux implantés dans chaque bras, qui lui transmettent un liquide verdâtre dans le sang.
Il y a un bourdonnement lointain qui résonne. Apparemment je ne suis pas le seul à l'avoir remarqué, car Marie lève son index vers le plafond et murmure :
- D'où ça vient, ce truc ?
- Depuis quand il y a ce bruit ? renchérit Brad.
Après un court silence durant lequel nous nous dévisageons, Michiel conclut.
- Depuis que nous avons sorti Marie de sa capsule.
Alors, sans avoir besoin de le dire, nous nous dépêchons de retirer les tuyaux des bras de Thompson et Bradley le porte tandis que nous courons comme des demeurés dans une direction aléatoire.
Le bourdonnement semble s'intensifier de seconde en seconde, il faut vraiment qu'on trouve une solution!
Si on sort d'ici, les gardes du Gouvernement vont sûrement nous attendre à la sortie du parking.
Ils sont armés et nous, non.
Si on reste ici, les gars qui nous ont enfermés vont nous retrouver en moins de deux, c'est certain.
Et, comme s'il avait compris que lui seul pouvait proposer quelque chose, Thompson - réveillé depuis je-ne-sais-quand - demanda à Bradley de s'arrêter.
Ce dernier fronça les sourcils mais obéit tout de même après un court instant de réfléxion.

Nous nous retrouvons tous en arc-de-cercle autour de notre président.
Il se racle la gorge, comme il le faisait toujours avant d'entammer un discours sans fin à la télévision.
- Merci de m'avoir écouté, Gabriel, me lance-t-il.
Tous mes acolytes me regardent les yeux remplis de points d'interrogation.
- Je l'ai fait car j'étais curieux, c'est tout, je rétorque, bougon.
Thompson m'adresse un regard rusé et reprend.
- Il faut que nous nous rendons à la salle de conférence...
- Mais ça va pas la tête ?! L'interrompt Bradley. On s'est fait enfermer dans ces trucs-capsules parce qu'on y est allé! On aurait dû vous laisser crever! Je sais même pas pourquoi je t'ai écouté Gabriel! Je le sais depuis le début que t'es pas net!
Thompson écoute le pétage de plombs de Bradley avec patience. Cela semble même l'amuser, tandis que je cherche quelque chose à répondre.
- E, dit finalement Thompson.
Bradley se tourne vers lui incrédule.
- La salle de conférences E, répète-t-il, seuls mes alliés et moi-même y avons accès.
- Vos alliés? demande Suzan avec méfiance.
Il acquiesce.
- Pas ceux qui vous ont enfermés, c'est ça que je veux dire.
Nous ne comprenons pas.
- Réfléchissez! Vous croyez vraiment que mes alliés m'auraient enfermé dans une de ces capsules ?
Les infos s'entassent dans ma tête, je n'arrive pas à tout assimiler.
Thonpson a des acolytes, lui aussi.
Des acolytes dans le Gouvernement mais qui ne aont pas ces gens qui nous ont enfermés.
Mais ils sont de quel côté, alors?
- Mise en scène, murmure Brad.
Je dévisage longuement cet homme qui est notre président.
J'ai toujours pensé qu'il était trop jeune pour gouverner un pays, trop jeune pour comprendre ce qu'il se passe.
Je croyais qu'il avait 37 ou 38 ans tout au plus.
Mais le séjour dans la capsule l'a vieilli.
Il fait une petite cinquantaine maintenant, avec ses cheveux grisonnants et sa barbe naissante.
Malgré tout, il a gardé la lueur maligne dans ses yeux et son sourire en coin qui donne toujours l'impression qu'il gère la situation.
- Je le crois, dis-je malgré moi, faites ce que vous voulez mais je le suis.
Suzan soupire.
- Ensemble Gab, toujours ensemble. Tu avais oublié?

Ainsi, sous les protestations de Bradley, nous suivons Thompson.
Nous traversons d'interminables couloirs, nous cachons aux angles des virages, nous ramassons la moindre chose qui peut tuer un homme.
Je suis étonné de voir que Thompson, comme nous tous, n'hésitera pas à tuer quelques personnes s'il le faut.
En chemin, il m'explique que les gens qui nous ont enfermés le prennent pour un fou à lier. C'est la raison pour laquelle il a connu le même sort que nous.
Quand je lui demande pourquoi ils le prenaient pour un fou alors que c'était toujours lui qui tenait les discours du Gouvernement à la télévision, il m'a simplement dit que ce n'était pas le moment de parler.

Nous entendons les voix des gardes au loin, alors nous nous cachons dans un ascenseur.
- Ces visions, j'ai réussi à te les envoyer avant de me faire enfermer. reprend Thompson. Je savais ce qui allait arriver. On m'avait prévenu. Un jour, ils m'ont emmené à la capsule N165 et m'ont menacé. "C'est là que tu moisiras, on te l'a réservée, cette capsule." ils m'ont dit. Ils me parlaient comme si ils parlaient à un vieux croûton devenu complètement gâteux.
- Mais comment..? je demande.
- Comment je t'ai envoyé ces visions? Oh, si tu savais le nombre de choses qui existent et dont nous avons l'obligation de cacher l'existence au peuple...
Je suis abasourdi par cette confession, tandis que Thompsom appuie sur un bouton qui fait monter l'ascenseur.

- Ce sera la première à droite, dit-il alors que les portes de l'ascenseur s'ouvrent. Normalement les autres n'ont pas été enfermés.
- Je le sens pas, ce gars, me murmure Bradley à l'oreille.
- Que tu le sentes ou pas, on y va quand même alors boucle-la, je lui réponds.
Il se renfrogne mais nous suit tout de même devant la salle de conférences E.
Thompson fait coulisser une carte dans un petit boîtier et la porte s'ouvre.
Nous entrons dans une petite salle, semblable à la salle de conférences principale, mais en plus petit.
Toutes les chaises sont prises.
En tout, il y a une vingtaine de personnes, plus ou moins connues en politique, qui semblent ravies de nous voir.
- Allons-y, déclare Thompson, nous n'avons pas de temps, on doit sortir et rejoindre la Tente! Je vous dirai toutes les nouveautés une fois en sécurité.
Ainsi, tous se lèvent comme un seul homme et nous rejoignent.
Thompson prend la tête du groupe et court vers le Hall d'entrée, nous y arrivons d'ailleurs avec une rapidité incroyable, sans avoir perdu personne et sans s'être fait attraper par des gardes.
- Attendez! je crie, devant l'ascenseur.
Tous se figent et se tournent vers moi.
- Si on sort par la sortie principale, on va se retrouver nez-à-nez avec les gardes, je rappelle.
Un vieil asiatique ricanne.
- Crois-moi, on est en majorité numérique face à eux.
- Ils sont armés! je m'emporte.
- Nous aussi, rétorque celui-ci en indiquant ses compatriotes munis de divers couteaux, et - pour les plus hauts gradés - des petits pistolets.
- Alors, on y va? demande Brad, visiblement boosté à bloc, sa barre en fer à la main.
Je lui souris en acquiesçant et nous nous lançons dans les trois ascenseurs par groupes de sept ou huit.
- Vous êtes prêts ? demande Thompson.
- Plus que jamais! s'exclame Brad, avec une lueur démente dans les yeux. La vengeance est proche.

C'est fini pour aujourd'hui! J'espère que ce chapitre vous a plu! :D
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À samedi prochain!

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