Chapitre 12 : Berkey Hill

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- Derek, voyons, cesse cette plaisanterie! s'exclame le premier ministre chinois avec ironie. Ce n'est qu'un enfant!
- De plus, renchérit l'embassadeur russe avec un accent pitoyable, nous en avons besoin pour nos expériences! Remettons-le dans sa capsule et poursuivons les observations! Ne perdons pas de temps!
- Ce n'est pas parce qu'il est roux et qu'il a réussi à se débrancher seul que ce... Harvey est notre allié! Ce n'est certainement pas un petit garçon comme lui qui va tout changer! s'écrie un homme enrobé au visage rouge.
- Et moi! Si je décide de ne pas être votre allié? On en parle? j'explose. J'ai 16 ans bientôt 17 donc je ne suis pas un petit garçon, je sais ce que je veux et ce n'est certainement de vous aider et détruire le monde!
Je me sens idiot d'avoir explosé comme cela devant tout ces hauts placés du Gouvernement.
Ces derniers, cependant, ce n'est pas moi qu'ils dévisagent mais Thompson avec l'air de dire "Et bah voilà, tu vois qu'on avait raison! ".
Il y a un lourd silence durant lequel il se lève. Le bruit de ses pas sur le parquet résonne dans la salle.
Il contourne la grande table ovale immaculée et tous les regards sont tournés vers lui.
Enfin, il s'arrête, il se tient derrière moi, son fort parfum d'amande me fait mal à la tête.
Il sourit à ses condisciples, me prend les épaules et me murmure à l'oreille.
- Gabriel Harvey, je t'attends depuis si longtemps mais je ne m'imaginais pas te retrouver tout seul...
Je vois immédiatement à quoi il fait allusion mais je regarde devant moi en cachant toutes les émotions qui m'envahissent. Comment sait-il tout cela?
- ... sans alliés. pense-t-il nécessaire de préciser.
Je ne sais que répondre, je me contente du silence. Parfois le silence est la meilleure réponse que l'on peut donner.
- Nous, nous sommes tes alliés depuis le départ, me murmure-t-il à l'oreille, me faisant "profiter" de son odeur d'amande.
- Derek... dit une femme au visage juvénile, menaçante.
- Toi, rétorque un autre homme - que je pense être un ministre anglais, vu son accent - tu ne sais pas qui il est alors tu te tais!
Cette dernière se renfrogne et lance un regard froid, gelé même, à l'anglais puis sort.
Thompson retourne à sa place, s'empare d'un crayon, appuie sur la table avec celui-ci.
Des tablettes tactiles se matérialisent sur la table. Ça sent la conférence à ne plus en finir. Je pourrais en profiter pour m'enfuir.

- Nous nous tronvons actuellement ici, déclare Thompson en me regardant rapidement.
Une carte du monde est projetée sur l'écran et soudain, il y a un rapide zoom et une épingle rouge m'indique que nous sommes à...
Vieux York!?
- Berkey Hill, dit-il enfin, ou plus vulgairement Vieux York.
Je me crispe dans mon siège et répète :
- Berkey Hill ou Vieux York. Berkey Hill ou Vieux York?
Thompson acquiesce avec un sourire qui m'irrite.
- Vieux York, comme tes amis et toi l'appeliez, est notre invention. À cent pour cent.
- Vieux York n'a jamais existé? je m'étouffe.
- Non, mon petit, me répond une autre femme au visage tolérant, c'était pour vous attirer ici... Tu sais aussi bien que nous que si sur le parchemin il était noté Berkey Hill , tu ne serais pas venu.
Évidemment que je ne serais pas venu. Comment savent-ils cela?

Je me souviens de ce jour, il y a sept ans. Nous étions en vacances à Berkey Hill et l'auberge dans laquelle nous dormions avait pris feu en pleine nuit. Nous ignorons comment ça a commencé.
Je me souviens des cris de ma mère et de la soeur, la panique visible dans les yeux de mon père.
Et moi, qui ne comprenais rien.
Le feu venait du rez-de-chaussée et progressait sur le palier.
Chaque respiration était si douloureuse, je me forçais à rester en apnée mais je m'étouffais tandis que mon père sautait de la fenêtre du premier étage dans la rue.
Ma soeur le suivait tandis que je ne voyais plus clair, seulement des ombres et des formes floues.
Ma mère m'a alors poussé dans le vide et m'a suivi peu après.
C'est tout ce dont je me souviens, je me suis réveillé quelques heures plus tard à l'hôpital.
Traumatisme pour toute ma famille, on s'est tous promis de ne plus jamais retourner là-bas.
Le temps passe mais les souvenirs restent même si j'espère un jour qu'ils vont complètement disparaître.

Qu'est ce que je fous ici, au Gouvernement? Je suis entouré de menteurs qui samusent à tout détruire!
Je me lève de mon siège à toute vitesse tandis que l'écran géant projette les catastrophes qui sont arrivées ces derniers jours dans le monde.
Thompson parle pour ne rien dire mais ne regarde pas de mon côté.
Heureusement pour moi, je cours vite, c'est le moment de le prouver à ces vieux loustics.
Je me dirige à toute vitesse vers la porte par laquelle je suis entré et je me retrouve rapidement dans le hall.
J'entends des pas rapides et lourds derrière moi, il ne faut pas que je m'arrête!
Il y a beaucoup de monde et je me cogne contre énormément de personnes qui me lancent des insultes que je n'écoute pas. Ce n'est pas le moment de m'emporter contre eux! Je dois sortir de Berkey Hill au plus vite avant qu'il ne m'arrive quelque chose!
Je cours vers l'ascenseur et appuie sur le niveau 0 à plusieurs reprises tandis que les membres du Gouvernement se profilent au bout du hall.
- ARRÊTEZ VOUS! crie Thompson à je-ne-sais-qui à quatre reprises.
Les portes se referment presque à leur nez. Je me laisse tomber dans l'ascenseur.
Décidément, il faudrait qu'ils s'entraînent à la course, ceux-là! Je les ai semés comme pour rire!
Je reprends rapidement mon souffle.
Et si des gens du Gouvernement m'attendent à la sortie?
Je me relève, mes lèvres sont sèches, je n'arrive plus à avaler ma salive, je suis affamé et j'ai froid.
Mémé m'a sûrement...Merde! Son sac! Je l'ai pas pris! Il est en bas!
Pas le temps, tant pis Mémé, je risquerais pas ma vie pour deux ou trois écharpe et une salade!
Quand même, il y avait de quoi manger à l'intérieur. Comment vais-je me nourrir désormais?

Un《ding!》sonore retentit dans l'ascenseur et peu après les portes de l'ascenseur s'ouvrent sur un énorme parking souterrain.
Il caille encore plus ici.
Les trous des injections dans mon bras saignent encore. Pas normal.
Concentre-toi Gab.
Le parking est vide. Pas une voiture. S'il y avait des gens ici, je les aurais déjà vus.
Je marche dans une direction aléatoire durant vingt minutes avant de me rendre compte que je vais dans le sens opposé de ce que les flèches peintes au sol indiquent.
Je les suis, les mains dans les poches.
Ça m'a semblé trop simple, comme tentative de fuite.
Ils cachent quelque chose. Ils savent où me trouver. Si ça se trouve, ils m'ont mis un truc sous la peau du style puce électronique et se trouvent actuellement dans la salle de conférences et se marrent de me voir galérer.
Je reçoit une énorme joute dans la jambe droite et je m'inquiète d'autant plus.
Décidément, cette sensation de panique ne me quittera jamais.
Je me remet à courir durant dix minutes avant de me retrouver à l'air libre.
Je m'arrête quelques secondes en levant le nez vers le soleil puis me remet en marche.
Seigneur, la brise que souffle me fait renaître!
Je suis dans une impasse, face à la mort, et je renais? Raahhh je suis vraiment idiot!
Et maintenant, qu'est ce que je fais moi?
Je ne reconnais pas Berkey Hill, tout a changé. Bon, en même temps, tout est en ruines...
Oui, tout, sauf l'église.
L'église de Berkey Hill.

Etttt voilà c'est fini j'espère que ça vous plait toujours autant! Déjà le chapitre douze, ça passe si vite! :P  Merci de continuer à me suivre, à voter, à commenter et à partager! :3 ♡
À samedi prochain!

Le Dernier Survivant Où les histoires vivent. Découvrez maintenant