Le Dernier Survivant

Chapitre 13 : L'espoir fait vivre

L'église de Berkey Hill est le seul bâtiment encore debout.
Autour de moi, des ruines. Des tas ruines, à perte de vue. Des ruines, recouvrant certainement un grand nombre de cadavres. Brrr! J'en frissonne!
Je me demande, l'espace d'un instant, comment le Gouvernement peut être fier de ses actes si cruels.
À quel moment se sont-ils dit :《 Tiens, je m'ennuie aujourd'hui, et si on détruisait le monde? 》
J'imagine bien le représentant chinois répondre  :《 Oui bonne idée tiens! Pourquoi ne pas fabriquer des millions de colis de Noël empoisonnés et les distribuer à tous ces milliards d'idiots et les admirer mourir? Après ça, on aura plus besoin de notre argent de toute façon! Autant tout dépenser pour s'amuser! 》
Oui mais il y a un hic.
Il y a quand même quelques milliers de non-idiots ( dont la majorité sont des riches outrés par ce cadeau de si basse qualité, j'imagine.) qui ne mangeront rien de ce colis.
Môssieur-Thompson-Qui-A-Réponse-À-Tout donne alors une idée vraiment géniale.《 Eh bien, on rigolera avec les derniers survivants en créant des épreuves mortelles. Le Dernier Survivant aurait l'honneur de se faire exécuter en direct à l'antenne. Ha ha ha! Tellement dommage que personne ne pourra y assister! Ha ha ha! 》

Je secoue la tête comme pour me débarrasser de cette vision.
Le rire salé de Thompson à lui seul me donne de la fièvre.
Reprends-toi, Gab! Il y a sûrement une tonne de gars du Gouvernement qui te suivent, concentre-toi et ouvre bien grand tes oreilles!
C'est sûr, je le sais. Je ne suis pas seul.
On est jamais seul, dans le monde d'aujourd'hui. On est espionné, partout et tout le temps.
Mais pourquoi cette sensation de paix m'envahit-elle, alors?
Je décide d'aller me réfugier dans l'église quand j'entends des voix qui semblent venir du parking sous-terrain.
Elle se dresse sombrement au dessus des décombres mais reste tout aussi majestueuse.
J'ouvre avec difficultés les lourdes portes en bois et les referme dès que je suis rentré, ce qui fait un boucan à réveiller les morts. Voilà qui serait problématique pour le Gouvernement, réveiller les morts!
Une forte odeur de renfermé emplit mes narines.
Je me souviens du papier qu'Anna m'a laissé. Suis la route des églises.
J'ai suivi son conseil la dernière fois et nous sommes tombés sur ce parchemin du Gouvernement.《 Grenouilles, Vieux York.》Accompagné d'un numéro. Sept je crois.
Vieux York, c'est ici! Berkey Hill!
Ils voulaient nous ammener ici, ça, je l'ai bien compris. Mais《 Grenouilles 》, qu'est-ce que ça signifie?
Je pense avoir compris. Il n'y a peut-être pas de parchemin dans cette église.
Vieux-York c'était l'étape finale. La route des églises. De je-ne-sais-où à Berkey Hill, l'antre du loup. Un piège, quoi.
La première église était sûrement dans une grande ville remplie de catholiques. Les quelques survivants désespérés, après le drame, sont allés dans leur église prier Dieu et sont sûrement tombés sur une boîte dans laquelle se trouvait un parchemin qui leur expliquait ce qu'ils devaient faire, pour Dieu.
Dans ce cas, je ne dois pas être seul ici! Il faut que je retrouve tous ces croyants et que je les résonne! Je vais monter une armée contre le Gouvernement!
Bon oui, je m'emballe légèrement, je suis incapable de monter une armée seul. Mais je pense que même avec dix alliés, s'ils sont malins, il y a un moyen de détruire le Gouvernement.

Je fouille l'église quelques minutes mais toutes les dix secondes, je lève les yeux vers les portes.
Si des "ennemis" arrivent, que dois-je faire? Ils seront sûrement nombreux, je ne fais pas le poids!
Il me faut un plan, en vitesse!

Monter sur le toit? C'est du suicide!
M'enfermer dans une pièce? C'est du suicide!
Me cacher? C'est du suicide!
Essayer de les affronter? C'est du suicide!
Me rendre? C'est du suicide!
Alors quoi?

Me mettre en PLS sur le trottoir et attendre gentiment la mort?
Ha ha! Je m'imagine, tellement ridicule! Si quelqu'un me verrait comme ça, il... haha!

- Gabriel Harvey, dit une voix dans mon dos, qu'y a t-il de drôle? Partage donc avec moi ce qui te fait tant rire.

Merde. Aucune discrétion, je suis vraiment le pire.
- Ça fait si longtemps que je n'ai plus ri, insiste-t-elle.
C'est une voix de femme qui m'est familière, je n'ose pas me retourner.
- GAB! crie-t-elle, avec une voix tremblante, partagée entre l'envie de crier de joie et de désespoir.
Je ne bouge pas. Dois-je lui courir dans les bras ou sortir d'ici?
Elle aussi m'a trahi.
Nicky.
Des bruits de pas résonnent derrière moi et rejoignent l'endroit où elle se trouve.
- Mon dieu, Gabriel, que t'es-t-il arrivé? s'inquiète la voix de Bradley.

Je veux pleurer.
Les questions bourdonnent dans ma tête, elles se disputent, certaines crient plus fort que d'autres.
Notamment "Je les aime ou je les déteste?" et "Ils m'ont laissé en plan mais reviennent me chercher, pourquoi?".
Je sens mes tempes palpiter.
- C'est merveilleux, tu es toujours en vie, constate la voix de Mémé.

Ça fait une éternité que je n'ai plus entendu ces voix. Suis-je en train de rêver?
- Gabriel, regarde-nous... s'il te plaît...supplie Nicky.
Je décide de me retourner vers eux.
- Traîtres, dis-je froidement.
Ils baissent les yeux, apparemment honteux.
Je les vois alors. Ils sont amochés de toutes parts, dégoulinants de boue et de sang. Ils sont encore en vie! Tous les cinq! C'est improbable!
- Pourquoi m'avez-vous laissé? je demande, avec toujours une pointe d'amertume dans la voix. J'étais seul contre eux tous. Contre le Gouvernement. À aucun moment vous n'avez fait demi-tour! Je croyais qu'on était alliés!
- On ne l'a pas vu tout de suite, commence Nicky, que tu étais tombé. On a entendu le bruit que ça a fait et tes cris mais on pensait que c'était eux. C'est pour ça, on a accéléré.
- À même pas huit cent mètres de là, il y avait le chalet dans lequel nous étions sensés dormir la nuit d'avant, Poursuit Bradley, nous sommes donc allés nous réfugier là-bas...
- Il n'était pas en ruines? je l'interrompt.
Il secoue la tête de gauche à droite.
- Au moment même où on est entrés, continue-t-il, on a remarqué que tu n'étais pas là, on a alors fait machine arrière, tous les cinq. Mais on ne t'a jamais trouvé.
- Et pourtant on t'a appelé, assure Nicky, les yeux brillants. JE T'AI CRU MORT!
Elle se met à pleurer toutes les larmes de son corps, ce que m'attendrit.
Ils m'ont donc recherchés.
- Ils m'ont attrapé, dis-je, stressé en repensant aux événements. Ils m'ont emmené au QG du Gouvernement. Ils m'ont enfermé dans une minuscule capsule et m'ont injecté des drogues dans le sang. J'ai dormi quelques jours. Quand je me suis réveillé j'ai retiré mes injections et des gens, semblables à ceux qui m'ont attrapé dans le bois, m'ont emmené à Thompson.
- Où était-ce? demande Brad, interloqué.
- Le QG du Gouvernement se trouve des centaines de mètres sous terre. Sous nos pieds, je rétorque aussitôt.
- Tu veux dire... Ici? répète Kévin.
J'acquiesce d'un signe de tête.
- L'une des sorties est l'un des ascenseurs du parking sous-terrain. Je me suis enfui par là. Mais c'était vraiment trop simple, dis-je d'un air sombre, ils cachent quelque chose.
- Oui, mais tu as parlé à Thompson? me lâche Bradley, curieux.

Alors, je leur explique tout, j'ai l'impression d'être un mathématicien, dans certaines de mes phrases.

Vieux York = Créé par le Gouvernement = Berkey Hill en vrai.

Électrochoc = Puce sous la peau? = Gab Harvey surveillé?

Catholiques + Alliés actuels + Anna ( et éventuels alliés de )  = ( armée ?) Victoire contre Gouvernement?

Dans mes équations il y a beaucoup d'inconnues et Bradley me le fait remarquer.
- Qu'est ce qui te dis que Anna est toujours en vie? Et que des catholiques ont découvert le pot aux roses?
J'explose.
- ANNA EST EN VIE CAR JE LE SAIS! ET JE SUIS CERTAIN QUE NOUS NE SOMMES PAS SEULS! C'EST SI IDIOT!
- Tu sais beaucoup de choses, dis donc, me fait remarquer Tristan, je rêve d'avoir tant de talent. Ça doit être génial.
Il m'énerve celui-là. Je lui lance un regard glacé.
- Ce n'était pas les retrouvailles auxquelles je m'attendais, soupire Nicky.
- Nous sommes ici depuis quatre jours, on a trouvé de quoi faire notre QG à nous. Viens, on va te montrer, déclare le chef avec fierté.

Dehors, silence de mort. Le vent balaye la poussière des décombres. Nous nous protégeons les yeux comme nous pouvons.
- Vous croyez qu'il y a un moyen de battre le Gouvernement? je demande sur la route, en avalant des particules de poussière.
- Mon petit Gab, soupire Nicky, l'espoir fait vivre.

Fin du chapitre 13! Toujours la même chanson ; partagez, votez, donnez vos idées, critiquez! ;D
À samedi prochain! ^^
Et merci d'être toujours plus nombreux ( en même temps, l'inverse serait illogique, chut! xD )