Paralized (Camren)

Chapitre 1

Les cauchemars reprennent, Lauren refait le même toutes les nuits. Jamais elle ne sortira de cet enfer. Nuit après nuit, cauchemar après cauchemar, la vie de Lauren se répète. Son traumatisme est profond, elle a déjà vu un psychologue et elle était soi-disant guérie. Guérie tout simplement parce que c'est ce que la jeune femme a fait croire. Elle se renferme sur elle-même depuis ce jour, ce jour où sa vie est devenue un cauchemar.

Une libellule, une voiture, une petite fille jouant avec sa poupée dans sa main. Elle était assise tranquillement sur son siège observant la libellule volant contre la vitre, la mère regardait sa fille et souriait la petite aussi regardait sa mère. Tout n'était que bonheur dans l'habitacle de cette voiture. Le père riait et le grand frère assis à côté de la petite fille dormait. Pourquoi cette scène de paradis est-elle un cauchemar ? Parce que ce bonheur se brise soudainement tout comme les vitres de la voiture. Tout se brise, le cou de la mère, la poupée, le frère et le père même la libellule est écrasée contre la vitre. Tout meurt dans un vacarme épouvantable, tout sauf la petite fille. Une voiture détruite et trois vies s'envolent un moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Voilà ce qu'est le cauchemar de Lauren.

La jeune femme brune aux yeux verts se réveille. Elle doit aller travailler aujourd'hui. Quand elle se voit dans la glace au réveil et qu'elle se revoit plus tard au travail elle ne se reconnaît pas. Maintenant elle ressemble à une pauvre folle vivant avec pleins de chats, ses yeux sont ternes, des rides recouvrent son visage et celui-ci n'exprime pas la moindre goutte de joie. Lauren se compare à un cadavre ambulant, à un zombie ne mangeant pas les humains. Voilà ce qu'il en coûte de faire ce même cauchemar toutes les nuits depuis ces cinq ans, de ne presque pas dormir depuis ses cinq ans. On devient une enveloppe vide dénuée de toute envie de vivre. La jeune femme sort son artillerie de maquillage et commence a se voiler la face.

***

- Bonjour madame, lui dit la secrétaire.

- Bonjour à vous aussi. Passez une bonne journée, lui répond la charmante Lauren.

Lauren se pose dans son bureau, une nouvelle journée de travail commence. Mais cette journée n'est pas comme les autres. C'est le grand jour, le jour que Lauren a toujours attendu. La jeune femme se regarde dans la glace. Voici la charmante Lauren, la Lauren qui paraît reposée et pleine d'énergie. Une Lauren de compétition. La Lauren aux yeux des autres, celle qui est cachée derrière son masque.

Une tonne de paperasse traîne sur le bureau de la brune aux yeux verts. Elle en prend une pile et ouvre les dossiers. Toujours la même chose, ça en devient presque lassant pour la charmante Lauren.

Quelqu'un frappe à la porte de son bureau, enfin de la distraction dans la banalité de ses journées longues et pesantes.

- Entrez, dit Lauren de sa voix gelée, sans émotion.

Ce n'est que la secrétaire tenant d'autres papiers. Voilà Lauren pensait enfin avoir de la distraction mais ce n'est que la secrétaire. Cependant la secrétaire trébuche et tombe par terre avec tous les papiers qui s'envolent autour d'elle.

Lauren la regarde étalée sur le sol. Elle ne bouge pas et reste plantée la tel un arbre. La secrétaire se met sur ses genoux et son beau brushing est tout défait. Ses cheveux lui tombent devant le visage. Lauren explose de rire. Jamais elle n'avait ri depuis le fameux accident. Jamais.
La secrétaire sourie gênée et Lauren s'approche d'elle et l'aide à se relever.

- Je suis désolé, répond la secrétaire.

Lauren s'amuse à la détailler pour la première fois. De longs cheveux noirs, une peau aussi blanche que la sienne. Elles pourraient se ressembler si l'innocence ne trônait pas sur le visage de la jeune secrétaire. Une pure innocence, Lauren se surprend à rougir tout comme sa secrétaire.

- Ce, ce n'est pas grave, bégaie la femme aux yeux verts.

Elle tend sa main à la brune sur le sol pour l'aider à se relever. Quand cette dernière attrape sa main, une magie s'opère dans le corps de Lauren jamais elle n'avait ressenti ça. Une bouffée de chaleur et de frissons court sur toute sa peau. Ses poils se hérissent.

Une fois debout, la secrétaire remercie Lauren et lui lâche la main pour ramasser les papiers étalés sur le sol.

- Je vais vous aider, dit Lauren qui aurait aimé tenir la main de la jeune secrétaire plus longtemps.

-Non, ce n'est pas la peine, répond-elle d'une jolie voix sonnant comme le carillon d'une petite clochette.

Une voix bien différente de celle de Lauren qui est rauque. Peut-être qu'elles peuvent se compléter.
Une fois tous les papiers ramassés, la secrétaire les poses sur le bureau et s'en va tout en saluant sa supérieure.

Cette femme est charmante et Lauren ne l'avait jamais remarquée avant mais elle n'a cependant pas la place pour l'amour dans sa vie. Surtout aujourd'hui. Avec ce qu'elle va faire.