Chapitre 14

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Point de vue de Camila

- Reprenons depuis le début, propose le garçon à mes côtés.

- D'accord, alors allons-y.

Après quelques secondes de silence, nous nous lançons.

- Salut.

- Salut, alors c'est toi ?

- Oui, et c'est toi ?

- Oui, moment plutôt gênant n'est-ce pas ?

- Je confirme.

Nous rigolons tous les deux. J'avais voulu faire ma vie sans lui, faire comme s'il n'existait pas mais je n'ai pas réussi. Je me plains toujours d'avoir une vie banale, de faire toujours la même chose. Quand j'y pense, ma vie n'est pas du tout banale sinon jamais je n'aurais rencontré ce mec. Je ne parle pas de ce qu'il s'est passé avec Lauren, d'ailleurs quelles sont nos relations ? Sortons-nous ensemble ? Suis-je toujours sa secrétaire ? Tout est soudainement devenu incertain. Cette homme assis à côté de moi, conduisant et fixant attentivement la route, ce beau brun aux traits parfaits. Je pourrais très bien tomber amoureuse de lui, me venger de l'humiliation que vient de me faire subir ma patronne en sautant dans les bras du premier venu, mais cet homme, peu importe sa beauté ne pourra jamais être mon petit ami. Jamais je ne sortirais avec lui. Question de principe !

- Depuis quand me cherches-tu ? demande-t-il après un moment.

- Depuis assez longtemps à vrai dire, en fait, je te cherche depuis que je sais que tu existes. C'est à dire à peu près depuis cinq ans...

- Wow, et moi je n'ai jamais entendu parler de toi, et tu me trouves à sa mort.

- Oui, à l'enterrement de notre père. J'aurais aimé que l'on se voit avant, au moins une fois, tous les trois...

En effet, je l'ai observé durant l'enterrement, cette bombe humaine aux yeux magnifiques assis à côté de moi n'est autre que mon demi-frère. Qui aurait cru que je finirais par le trouver ? Et qu'à l'enterrement je ne l'ai qu'observé de loin, me contenant d'écouter son beau discours. Il avait fait quelque chose d'émouvant, de jolie pour quelqu'un qui n'a pas été présent pour lui, pour un mec qui était un connard mais qui est notre père, pour ce dernier point, le plus important, nos nous devons de l'aimer un tant soit peu.

- Je ne l'ai jamais vraiment connu, dit-il. Il est arrivé dans ma vie à mes seize ans. Il a chamboulé ma vie. Je m'étais toujours demandé qui était mon père, à quoi il pouvait ressembler, ce qu'il pouvait bien être, seulement...

- Tu ne t'attendais pas à ça, rigolé-je. Moi, je l'ai toujours connu comme ça.

- L'aimais-tu ?

- Il était mon père...

Est-ce que je l'aimais ? Probablement, je l'ai toujours haï, jusqu'à sa mort.

- Donc ?

- Oui.

- Moi aussi.

Nous restons dans le silence durant de longues minutes, nous n'avons pas besoin de parler, mais j'ai besoin de lui dire un truc. Je regarde par la fenêtre défiler le paysage. Une succession d'immeubles tous ressemblant éclairés par les lampadaires des trottoirs où quelques rares piétons s'aventurent. Tout comme lui cette nuit-là. Puis je me lance.

- Tu ne m'as pas vu le jour de l'enterrement, mais moi je t'observais, je savais que c'était toi, tout simplement car tu lui ressembles, je ne sais pas comment, mais quelque chose en toi m'a frappé et m'a énormément fait penser à lui.

- Peut-être parce que je suis barman dans une boîte de nuit.

- Sérieux ? Ça explique tout, dis-je ironiquement. L'alcool est donc une histoire de famille.

- J'y ai croisé une jeune femme l'autre jour, nous avons parlé longuement. Elle était fort sympathique mais son cœur était fermé, abîmé, brisé. Elle m'avait dit que l'âge importe en fonction de ce qu'une personne a vécu, des épreuves qu'une personne a enduré dans sa vie.

- Elle n'a pas tout à fait tort. Mais pourquoi me parles-tu d'elle ?

- Parce qu'ensuite elle m'a dit quelque chose qui m'a beaucoup fait réfléchir.

- Je t'écoutes.

- Je lui avait dit que ma vie était magnifiquement bien menée, ce qui était le cas, plus ou moins. Et pendant que l'on parlait c'est là que j'avais reçu ton premier message.

Je me rappelle parfaitement du message que je lui avais envoyé.

"Excuse-moi de débarquer aussi soudainement dans ta vie, de plus, je viens t'annoncer une mauvaise nouvelle. Ton père est mort, notre père. Je sais que tu le connais depuis peu, mais nous sommes demi-frère et sœur. Je m'appelle Camila et un jour je t'appellerai pour nous venger. Quand tu verras le journal, tu comprendras pourquoi je veux me venger. Désolé de débarquer comme ça. Bonne soirée."

Voilà comment j'avais fait irruption dans sa vie. Trouver son numéro n'avait pas été compliqué, il m'avait suffi de me rendre sur sa page Facebook.

- Ha, c'est une coïncidence alors.

- On peut appeler ça comme ça, rigole-t-il faussement. Mais explique-moi un truc.

- Quoi donc ?

- Que faisais tu en petite tenue dehors dans le froid ?

C'est très simple, mais très compliqué, je ne suis pas sûr d'avoir compris moi-même. C'est vrai, sa réaction était tellement inattendue, tout se passait à merveilles et là, je me suis rendu compte que quelque chose n'allait pas, j'avais juste, elle ne veut pas de moi.


Paralized (Camren)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant