Chapitre 23 ~ Et l'amour, ça se mange ?

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Tu y crois toi ? Qu'un jour on puisse revenir ici même, tous les deux. J'ai l'impression que c'était hier, mais également, il y a quelque temps de cela. J'ai l'impression que toi et moi, depuis ce soir-là, avons fait du chemin.

« - J'aimerais te dire la vérité...Sur cette fameuse soirée. »

Quelle vérité peut-il y avoir ? Dis-moi Barth, qu'as-tu à me dire que je ne sache déjà ? Tu sais, je crois qu'en y repensant maintenant, j'ai dû faire la paix avec tout ça.

On dit que pour avancer dans la vie, il faut savoir pardonner. Que si on veut aller de l'avant, il faut, non pas tirer un trait sur le passé, mais tout simplement l'accepter. On ne déchire pas une page d'un livre parce qu'il ne nous plaît pas. On se contente de lire les quelques lignes qui le composent et de tourner la page suivante.

Mais tu sais, de tous les chapitres du livre de ma vie, à chaque fois, il est mention de toi.

Alors, dis-moi pourquoi tu abordes un regard aussi triste ?

J'aimerais te dire que je suis prête à tout entendre, mais la vérité est que j'ai peur. Peur de savoir quelles raisons te motivaient ce soir-là. J'ai peur, mais je crois qu'au fond, malgré tout ce que je peux me dire, j'ai besoin de savoir.

De savoir pourquoi ce fut elles et pas moi.

Pourquoi mon seul souvenir fut un pull trois fois trop grand pour moi ?

« - Je t'écoute. »

J'aimerais vraiment que les choses, aussi compliquées soient-elles, soient d'une simplicité limpide à déclarer.

« - Tu te rappelles de Stéphanie et de Clara ?

- Oui...Pas mes personnes préférées. Je sais que c'est avec elles que...

- Attends, laisse-moi finir. Ou plutôt...Laisse-moi commencer. On peut s'asseoir ?

- D'accord. »

Dis-moi, qu'est-ce qui s'est réellement passé ce soir-là ?

« - Je t'avais donné rendez-vous dans le parc près du gymnase parce que j'avais un truc à te dire. Tu sais, le genre de truc important que l'on ne dit qu'une fois dans une vie et puis, en t'attendant, les deux ont débarquées en me disant qu'on devait parler. On devait parler de toi.

- Pourquoi de moi ?

- Elles m'ont dit qu'elles avaient quelque chose contre toi et sur le moment, j'ai pas compris. Mais tu sais, à l'époque, j'étais vraiment un idiot. En fait, j'aurai dû te dire la vérité dès le départ, mais je n'ai pas pu puis ensuite nos chemins se sont séparés.

- Quelque chose contre moi ? Tu sais, j'ai été une ado comme les autres. J'ai pas été une élève exemplaire, mais je n'ai jamais rien fait d'idiot non plus. Alors, dis-moi...Qu'est-ce qu'elles t'ont dit qui a bien pu te détourner à ce point-là ?

- Que lors des examens, elles t'avaient vu prendre des substances dans les toilettes. »

Ah.

Ça.

Comment dire.

C'est vrai que j'ai été dans une période de ma vie où rien n'était tout blanc, mais rien n'était tout noir et je présume que l'adolescence est la période la plus stupide d'une vie humaine. On fait le mouton, on teste un peu tout et on croit surtout n'importe qui.

On fume parce que c'est « cool », ça donne un « petit air de... ».

On se drogue pour tenir le coup, pour ne pas passer pour la ratée que l'on n'est réellement.

« - Elles t'ont fait chanter...Et toi comme un idiot tu t'es laissé faire ?

- C'était toi ou moi.

- Qu'est-ce que tu as fait avec elles au juste ? Je veux savoir.

- Un peu tout. Un plan à trois. Pas très fun comme expérience. »

J'hallucine.

« - Mais au moins, elles ont tenu parole et n'ont rien dit.

- Dis-moi Barth, est-ce que ça valait le coup ?

- Non, mais toi, tu en vaux le coup. Je ne regrette pas ce que j'ai fait. T'avoir laissé là, dans l'ignorance, fut sans doute la décision la plus judicieuse de toute ma vie, je ne regrette pas Astrid.

- Moi je le regrette. Je regrette tout ça. Je regrette cette période de ma vie. Pourquoi tu n'as pas laissé faire ? Pourquoi tu m'as protégée ?

- Parce que je t'aimais...Et je t'aime toujours et même peut-être plus qu'avant. »

Tu sais, on dit que le cœur a ses raisons, mais honnêtement, je ne t'ai jamais demandé de te mettre autant en avant pour moi. C'est vrai, il fut un temps, je pense que je pourrais aisément dire que j'avais des sentiments pour toi.

Que je t'aimais.

Mais nous ne sommes plus ces deux ados abrutis.

Nous avons grandi et mûri à notre façon et nous avons appris chacun notre leçon.

Moi la première.

« - Faisons-nous une promesse, veux-tu ?

- Quel genre de promesse ?

- Plus de secrets. Tu sais tout de moi, comme je sais tout de toi Barth. Il est temps qu'on arrête de jouer et de faire semblant.

- Oh ?

- Je ne sais pas, ni ne comprends pas ce qu'est « l'amour » honnêtement et honnêtement....Pour moi, ça pourrait être un truc à manger. Mais je sais que je tiens à toi. C'est idiot, mais je m'en suis aperçue dans le parc toute la journée. La jalousie qui te bouffe de l'intérieur, l'impulsivité des sentiments qui te font partir en courant. Franchement, si c'était une maladie, je dirais que j'ai tous les symptômes et tu vois, c'est ça qui me rend folle ! Parce que ça déborde de partout et je ne sais pas quoi faire. Je ne sais pas quoi penser. Je ne sais pas quoi dire. Je sais plus... »

Et c'est à cet instant précis qu'il m'attrapa pour me plaquer contre lui avant de m'embrasser. Pas l'un de ses baisers de deux secondes comme il avait pris l'habitude de me faire, mais un véritable baiser.

Un qui dure.

Un qui vous ensorcelle.

Un qui vous fait vous demander un truc...

L'amour, ça se mange ?

Et l'amour ça se mange ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant