Chapitre 17 ~ Un pas en avant

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Je pensais avoir dépassé ce cap. Celui où je suis supposée détester Bartholomé à mort. Je pensais que, les années s'écoulant, ma colère à son égard se serait retrouvée miraculeusement apaisée d'une quelconque manière que ce soit. Je suis supposée m'incliner, reconnaître ma défaite devant lui, m'avouer vaincue, mais je n'y arrive pas.

Je ne peux pas.

Je ne dois pas le reconnaître comme vainqueur.

« - Tu boudes ? »

Et puis quoi encore ? L'important, c'est de faire comme lui. Il faut absolument que je le batte à son propre petit jeu malsain et malhonnête. Il faut que je trouve un moyen de lui faire ressentir ce que je ressens actuellement. Toute cette gêne, cette honte en quelque sorte. Il ne s'en rend probablement pas compte, mais ce qui venait de se passer, deux fois, restait pour moi un moment difficile à vivre.

« - Astrid ? »

Laisse-moi tranquille.

Je ne veux pas te voir dans mon champ de vision. Je ne veux pas te parler.

J'ai besoin d'un moment à moi.

D'un moment où je trouverais comme par miracle, comment me remettre de tout ça.

« - C'était juste un petit bisou de rien du tout, hein. Aller, remets-toi. »

Une main amicale sur l'épaule tandis qu'il s'esclaffe.

Voilà ce que je déteste le plus chez lui.

Voilà pourquoi je le déteste tant.

Parce que pour lui, tout ça, c'est un jeu.

Il joue avec les sentiments des gens sans se rendre compte ô combien il les blesse en s'amusant.

« - Pourquoi ? Pourquoi faut-il toujours que tu sois comme ça ? Pourquoi tu ne comprends pas que je te déteste pour ça ?

- Qu'est-ce que tu veux dire ? Je croyais qu'on rigolait bien en se chamaillant.

- Mais on ne rigole pas avec les sentiments des gens Barth ! Tu crois que ça me fait rire, moi, de me faire voler mon premier baiser par un pauvre type qu'en a rien à carrer de moi ? Tu crois que c'est ce que je voulais ? Non, t'as préféré pavaner en faisant ton petit coq, parce que t'es comme ça. Ça t'amuse. T'as pas changé. Comme à l'époque. Barth le gamin et l'apprenti séducteur de bas étage. »

Ramassant mes affaires éparpillés ici et là, je m'apprête à sortir quand il me retient par le bras.

« - Tu veux remettre ça ?

- Non, je veux que tu m'écoutes. »

Allons bons, et que vas-tu me dire que je ne connais déjà venant de toi ?

« - Dis-moi Astrid, que dois-je faire pour te prouver que je suis sérieux à ton propos ?

- Tu plaisantes, j'espère ?

- Non ! Justement, non ! J'essaye d'être gentil, attentionné, un brin moqueur, j'essaye de voir comment je pourrais enfin pénétrer dans ce cœur qui est le tien et à chaque fois que je vois une brèche, une ouverture, tu la refermes sous mon nez, aplatissant tout espoir. Je ne suis pas parfait, j'en suis conscient et je sais que, par le passé, je t'ai blessé. Je le regrette, vraiment. Je sais que j'ai commis un nombre incalculable d'erreurs, mais si tu ne me laisses pas l'occasion, ne serait-ce qu'une seule fois, de me racheter auprès de toi, comment suis-je censé faire moi ? Ne comprends-tu pas ? Je veux que tu fasses un pas vers moi. Je ne reculerais pas. Je ne tremblerais pas. Je resterais là. Je t'attendrais. Je t'attends toujours. »

Pourquoi ? Pourquoi ne comprenait-il pas ?

« - Donc, dis-moi, qu'est-ce qui te fait peur ? Qu'est-ce qui te retient ?

- Qu...Qui a dit que j'avais peur ? Je n'ai pas peur.

- Tu sais, ce n'est pas un reproche, ni un mal. Beaucoup de gens ont peur. D'aimer, d'être aimés en retour. C'est normal. Mais pour toi, je suis prêt à t'apprendre comment ça marche. Je te l'ai déjà dit. Je peux te guider, te tenir la main, prévenir tes chutes, tes coups durs. Je peux être tout ce que tu veux, tout ce que tu souhaites que je sois, du moment que tu me laisses faire. Je t'en prie Astrid...Laisse-moi faire. Laisse-moi être celui qui réussira à entrer dans ta vie. »

Pouvais-je ? Pouvais-je le laisser entrer dans ma vie ? Encore une fois ? Prendre le risque de remettre ça ? D'être blessée à nouveau ? Prendre le risque de ressentir cette douleur dans la poitrine encore une fois ?

Si c'était ça « aimer », je n'en veux pas. Ça fait trop mal.

« - Laisse-moi être celui qui t'aimera le premier. »

Et l'amour ça se mange ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant