Chapitre 14 ~ Pardonner mais ne pas oublier

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Faisant le chemin retour sous une pluie battante, c'est au premier éternuement de Barth qu'un sursaut m'échappa.

« - À tes souhaits...

- Merci...Dit Astrid, je peux mettre le chauffage ?

- Tu rigoles ou quoi ? J'ai chaud moi ! Puis t'as un pull en plus. Tu veux attraper la crève ? Idiot va.

- Je crois que je l'ai déjà. »

Il suffit de voir sa face livide et tremblante pour le remarquer. En même temps, à rester dehors sous la pluie comme un idiot...Mais bon, je suis à moitié fautive dans cette histoire.

« - Où est-ce que l'on va ?

- Chez toi, je te dépose. »

Nouvel éternuement de sa part.

« - Mets ta main bon sang ! J'ai pas envie d'être contaminée par tes microbes ! »

Bon je l'avoue, je suis grandement fautive. Si je n'avais pas laissé Barth seul sur le toit, rien de tout ça ne serait arrivé.

« - Aller ! On est arrivé chez toi, descends.

- Porte moi sur ton dos !

- Et puis quoi encore ? Tu dois faire 90kg. Tu m'as prise pour un chameau ? Tu marches. T'es malade, pas handicapé à ce que je sache.

- Je suis handicapé du cœur...Astrid !! Me laisse pas !!

- Je te pousse jusqu'à la porte, le reste ne dépendra que de toi. »

L'attrapant par le bras, je le tire jusqu'au seuil de sa porte d'entrée, tandis qu'il chercha ses clés dans la poche de son jean, nous ouvrant à tous les deux, égouttant au beau milieu de l'entrée.

« - C'est bon ? Tu vas te débrouiller tout seul ? Je m'en vais.

- Reste avec moi Astrid !!

- Ah non t'es tout mouillé et tu colles. En plus, t'as la crève. Je rentre ! »

Et avant même que je n'eus le temps de dire « ouf », le voilà qui m'attrape la main, m'attirant jusque dans le canapé, sur lequel nous nous écroulons l'un sur l'autre tandis que Barth m'étreint contre lui.

C'est une blague, j'espère ?

« - Barth...Lâche-moi.

- Câlin...

- Barth, je ne me répéterais pas. Je vais te mordre, je te préviens.

- Tu le ferras pas t'es trop gentille pour ça. »

C'est mal me connaître.

« - Aïe ! Mais Astrid !!

- Je t'avais prévenu ! Pourquoi personne ne me croit jamais quand je menace ? »

Je me redresse, profitant de cette légère diversion tandis qu'il me regarde partir.

« - Donc, tu ne veux pas rester ?

- Non.

- Pourquoi ?

- Tu sais pourquoi.

- Non, je ne sais pas. À toi de me dire.

- Je sais que tu le sais et je ne reviendrais pas sur ça. Je t'ai rapporté ton pull, c'est tout ce qui compte.

- Si tu l'as gardé toutes ces années, c'est qu'il comptait pour toi, non ? Je compte pour toi, n'est-ce pas ?

- Dans tes rêves.

- Alors pourquoi tu l'as gardé ?

- Parce qu'il avait une signification pour moi. Rien de plus. »

Je vois son sourire s'étirer sur son visage. C'est le moment de lui couper l'herbe sous le pied.

« - Il me rappelait que je ne pouvais décemment pas avoir confiance en toi Bartholomé. »

Ça s'est dit.

« - Bonne nuit. »

Refermant la porte derrière moi, je cours jusqu'à la voiture, restant un moment seule, dans mon silence.

Je lui en voulais.

Je pensais qu'après toutes ces années, j'aurais grandi, j'aurai appris à pardonner, à oublier. Je ne sais pas pourquoi tout est revenu d'un coup comme une vague de haine profonde à son égard.

Mais c'était là. C'était de nouveau là.

Je lui en voulais de m'avoir fait croire, un jour, que nous deux c'était possible.

Depuis lui, je n'ai rien eu d'autre dans ma vie.

C'était un choix personnel.

L'amour c'est beau, c'est bien, mais mieux vaut être seule que mal accompagnée.

Et l'amour ça se mange ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant