Chapitre 10 ~ Leçon

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Ce n'est que quand j'entends la porte claquée que j'ai l'impression d'avoir foiré quelque chose. Comme si ce sentiment de culpabilité ne faisait que grandir en moi.

Je ne lui ai rien demandé.

Je n'ai rien accepté non plus.

Donc, je n'ai rien à me reprocher.

J'aimerais le croire et pourtant...Pourtant, quelque chose cloche. Quelque chose me dérange.

Pourquoi ?

Je connais Barth depuis que nous sommes enfants. On s'est battu, on s'est disputés, on s'est simplement chamaillés et tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Pourtant, quand Barth quitta mon appartement, il y laissa planer quelque chose que je n'aimais pas.

« - Je déteste quand il fait ça. »

Je me relève, je sors et je tente de le rattraper dans les escaliers. Il ne doit pas être loin.

Non.

Il est même là, adossé à la porte de l'immeuble, petit sourire en coin, mains dans les poches.

« - Tu en as mis du temps. »

Un piège.

Ce n'était qu'une manigance.

« - Tu crois que tu es la seule à pouvoir jouer un rôle Astrid ?

- Tu savais que je descendrais ?

- Non, mais j'y comptais.

- Comment ça ?

- Un peu de drama dans une vie, ça ne fait pas de mal, n'est-ce pas ?

- Tu me testais ?

- Non, je t'apprends quelque chose. »

Et que devais-je apprendre d'un tel numéro ? Qu'il vaut mieux rester cloitrer chez soi ? À s'en vouloir ?

« - Tu sais Astrid, les relations humaines sont bien plus compliquées qu'on ne l'imagine. Il existe autant de façon de s'aimer ou de voir l'amour, qu'il n'y a d'êtres sur terre. C'est fou hein ? Et pourtant, on a tendance à voir ça comme un sentiment général. Comme si tout le monde devait vivre et ressentir de la même façon. Certains s'aiment, d'autres s'adorent et puis il y a un petit groupe, comme toi, qui es un peu à part de tout ça. Les « borderline ». Ceux qui ne savent pas trop quoi dire, quoi faire et qui pourraient finir en moutons à suivre le gros de la troupe.

- Qui t'a dit que je suivrais le troupeau ?

- Tu n'as pas eu besoin...Regarde, tu es là. Tu es venu me chercher parce que tu pensais que l'on s'était quitté en mauvais terme. Tu aurais pu me laisser un message ou m'appeler tout simplement, mais tu as accouru. Pourquoi ? Pourquoi es-tu venu ? »

Parce que je n'aimais pas ça ?

« - Je n'en sais rien...Parce que j'ai eu l'impression de merder.

- C'est faux. »

Pourtant, c'est ce que je ressens.

Il se détache finalement de la porte d'entrée pour se planter devant moi, sans me quitter du regard.

« - Tu es venu me trouver parce que tu m'aimes bien et tu ne voulais pas gâcher ça. Et tu sais que j'ai raison. »

Était-ce vraiment pour lui ?

L'aurais-je fait si c'était un parfait inconnu ? Serais-je venue en courant ?

Ou suis-je venue pour Bartholomé et ses yeux noisette ?

« - Tu sais quoi, je te trouve vachement confiant.

- Parce que j'ai raison. Je le sais, tu le sais...Voilà !

- Qui te dit que c'est le cas ?

- Tu pourras te mentir et te voiler la face Astrid, mais à ce jeu-là, je gagnerais. Je te l'ai dit.

- C'est présomptueux de ta part.

- Crois ce que tu veux, mais tu ne pourras pas te mentir longtemps. Bon, ce n'est pas tout, mais j'ai un train à prendre moi ! On se voit demain au bureau, ok ? »

Non.

Demain je serais malade.

J'aurais attrapé la dernière maladie exotique à la mode. N'importe laquelle, je m'en fiche. Tant que ça me cloue au lit et que ça ne m'oblige pas à devoir aller au travail pour croiser Barth.

« - Aller ne fait pas la tête. C'est de bonne guerre. »

Il m'embrasse sur le front, me laissant là, devant mon immeuble, repartant en sifflotant, l'air de rien.

Parce qu'il croit sérieusement que sa victoire est assurée ?

C'est n'importe quoi.

Je ne tomberais pas dans le panneau moi, monsieur.

Je ne tomberais pas amoureuse et encore moins de toi !

Phase n°1 : Le déni.

Et l'amour ça se mange ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant