Chapitre 2 ~ Zombies, apocalypse et cafard

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Quand on a fini le travail, l'individu adopte alors trois styles de comportements différents :

1) Il y a celui qui va au sport directement après pour se défouler de sa journée de merde ou de ne pas avoir été augmenté.

2) Il y a celui qui rentre, qui se douche et qui se rhabille parce qu'il va boire un coup ou faire la fête (celui-là reviendra avec des lunettes de soleil au bureau le lendemain matin)

3) Il y a celui qui rentre chez lui, enfile son peignoir et ses pantoufles, prend son pot de glace ou son paquet de tuc, et s'installe devant sa série préférée.

Je vous laisse imaginer dans quelle catégorie je suis.

Oui, la trois.

Sauf que je n'ai plus de glace, plus de tuc et mon peignoir est encore sur l'étendage en train de sécher.

Bref, ma soirée s'annonce pourrie. Pour changer.

Ma mère serait là, elle me dirait sans doute :

« - Mais Astrid, à ton âge, les jeunes filles, elles sortent bon sang ! »

Oui, c'est vrai. La plupart de mes amies sont friandes de ce petit rituel de sortie après le boulot. Se retrouver dans un bar, boire un coup et se raconter les potins habituels, c'est-à-dire, parler du dernier coup du soir qui avait un sexe, soit trop petit soit qui n'était pas assez performant au lit et qu'il a été d'une déception incroyable.

Je n'ai jamais vraiment été à l'aise dans ce genre de conversations, non pas parce que je ne comprenais pas, mais parce que ça ne m'intéressait pas de savoir si Catherine a eu 3 orgasmes ou si Ophélie a testé 4 positions du Kamasoutra différentes. Je m'en foutais éperdument à vrai dire.

Donc j'ai commencé à faire ma casanière et à rentrer directement chez moi après le boulot, éteignant tout moyen de communication pour éviter les invitations à la dernière minute.

C'est chiant ça...L'invitation de dernière minute. T'es pénard dans ton canapé et là, on t'appelle pour que tu sortes donc il faut que tu te prépares, que tu arranges ta tête pour éviter de ressembler au Joker dans Batman, sauf que manque de pot, tu ne sais pas te maquiller alors tu ressembles plutôt à Double-Face parce que t'as un trait d'eye-liner plus épais que l'autre et puis, t'arrives toujours à la bourre parce que tu ne sais pas choisir une tenue en 5 minutes.

Qu'est-ce qu'elle disait Ophélie déjà ? Ah oui : « Il vaut mieux arriver en retard que moche ».

Ouais enfin, pour elle, ça ne changeait pas grand-chose. Ophélie, depuis le lycée, le pinceau du fond teint, elle le voit comme les pinceaux de peintres et se prend pour une toile...Sauf que ce n'est pas un chef-d'œuvre, plutôt une croûte.

Dommage.

« - Ne commence pas à être médisante Astrid, ce n'est pas bien. »

Ce n'est pas bien, mais ça fait du bien.

On devrait inventer un métier comme « Râleur » ou plutôt, pour faire jolie « Expressionniste ». D'ailleurs...C'est pas un courant d'art ça ?

De toute façon, ce genre de métier serait certainement payé au lance-pierre.

Bon, changeons de sujet, y'a quoi à regarder ce soir ?

« - Voyons voir...Twilight ? M'ouais bof. Titanic ? Non merci, suffit que je regarde mon compte bancaire pour ça. Ah bah voilà ! The walking dead ! Parfait ! »

Parce qu'il n'y a rien de mieux qu'une série présentant des zombies immondes, mangeant les gens de façon encore plus immonde, dans un décor pourri. Ça, j'aime bien. À force de les regarder manger durant deux ou trois épisodes, ça finit toujours par me donner faim aussi.

Et puis regarder une telle série, ça me laisse imaginer ce que je ferais dans une telle situation ? Tenterais-je de survivre avec mes amis ou serais-je capable de les jeter aux zombies juste pour survivre toute seule un peu plus ?

J'aurai de la peine pour certains, mais Barth, étrangement je n'aurai aucun souci. Je rêverais de le voir se faire manger aux petits oignons. Ça m'en débarrasserait.

Astrid, qu'est-ce qu'elle disait maman ? On ne souhaite pas la mort des gens. Déjà, apparemment, selon les croyances populaires, quand on « rêve » de la mort de quelqu'un, cela lui rajouterait des années de vie. J'ai tellement rêvé de la mort de Barth qu'il doit avoir encore 133 ans à vivre devant lui.

Barth est comme un cafard au fond : Même s'il y avait la fin du monde, il y survivrait et serait capable d'être le dernier homme sur terre.

Saleté de cafards.

Et l'amour ça se mange ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant