On dit que la nuit porte conseil. On dit quand même beaucoup de connerie.
À part vous torturer le cerveau avec toutes sortes de pensées, la nuit ne vous apporte rien, ou du moins, rien d'autre que des cernes, une migraine horrible le lendemain matin comme si vous aviez la gueule de bois, mais sans le fun qui va derrière et une exagération au possible de la moindre de vos émotions, dues sans nul doute au manque de sommeil.
Je suis à fleur de peau.
J'ai passé la majorité de ma nuit à tourner et à me retourner dans mon lit. Cherchant une position pour dormir. Mais à chaque fois que je fermais les yeux, l'image de Barth me revenait en mémoire.
Le Barth d'hier. Le Barth de maintenant.
Le Barth qui m'a fait faux bond. Le Barth plein de promesses.
Pourquoi faut-il que cela me hante autant ? Pourquoi ne suis-je pas capable de trancher ? De choisir ? De décider ?
Pourquoi faut-il que ce soit aussi compliqué ?
Si l'on avait été dans un de ces films à l'eau de rose, je lui aurais couru dans les bras, je me serais jeté aveuglément dans sa promesse et j'aurai dit « oui » sans hésiter.
Mais ma vie n'est pas un film. Ma vie n'est même pas un livre et je ne suis guère l'héroïne d'un quelconque roman.
Ce que j'aurai aimé.
Tout paraît tellement plus simple dans un livre. Dans un film. Tout ce qui est fiction est d'une simplicité limpide et les personnages ne font qu'écouter leurs sentiments, et ce, peu importe ce qu'ils traversent.
Tandis qu'à côté, dans la réalité, on adore se torturer l'esprit avec toutes sortes de pensées et de questions que l'on ne s'était jamais posées auparavant.
L'utilité ? Il n'y en a aucune.
Si j'étais capable de fermer les yeux et de croire cette voix qui me murmure tout bas, « Crois-en moi », croyez-moi, je le ferais.
Mais je n'y arrive pas.
J'ai peur.
Peur que cela ne soit que trop beau pour être vrais. Peur qu'il ne se contente que de ma réponse pour passer à autre chose. Après tout, c'est bien son genre. Draguer la fille et attendre d'être satisfait pour passer à une autre.
Barth est une abeille butinant de fleur en fleur.
Je ne veux pas être une de ces fleurs.
À vrai dire, je voudrais être un pissenlit. C'est moche, mais au moins, je me disperserais dans le vent avant qu'il ne m'atteigne. Je m'enfuirais en me laissant porter par la brise. Je me laisserais aller et je disparaîtrais loin de lui.
Je veux le croire.
J'en ai envie.
Je veux croire en ce qu'il m'a dit. En ce qu'il m'a demandé.
« - Je veux une preuve de bonne foi. »
Parce que je ne pouvais pas me décider sans la moindre garantie.
Alors il me dévisage, surpris, se demandant certainement ce que j'avais derrière la tête à ce moment-là.
« - Je t'ai embrassé...Ce n'est pas une preuve de bonne foi pour toi ?
- C'est facile d'embrasser quelqu'un sans ressentir la moindre chose derrière. De nos jours, les gens vont même jusqu'à s'envoyer en l'air en se faisant appeler « Sex friends » ou « Plan cul », uniquement pour dissimuler leurs envies bestiales, mais je ne suis pas comme ça. Je veux dire, je n'ai jamais eu de copains. Je ne sais pas comment on fait. Je ne sais pas ce que je suis supposée ressentir. Je ne sais pas ce que tu attends de moi. Je ne sais pas si ça va changer quoi que ce soit à mon quotidien et je ne sais pas si... »
Je n'ai même pas eu le temps de finir ma phrase que sa main s'empare de ma nuque tandis que l'autre vient chasser les mèches blondes affolées de mon visage, lui laissant la voie plus que libre pour m'embrasser.
Un baiser. Un vrai. Un de ceux qui vous coupe le souffle.
« - Tu parles beaucoup trop...
- Je n'ai..Je ne...
- Je ne te demande pas de me faire confiance aveuglément si tu ne le veux pas. Je ne te demande pas de sauter du pont avec moi. Je te demande simplement de m'accorder une main tendue de temps en temps et des bras ouverts dans les moments difficiles. N'est-ce pas un bon début ?
- Un début à quoi au juste ? »
Faisant mine de réfléchir, il se penche vers moi et j'en viens à fermer les yeux par réflexe qu'il ne me fasse je ne sais quoi encore.
Son baiser s'arrête alors à hauteur de mon front.
« - Un début à notre relation Astrid. »
Il dit ça avec une telle simplicité. Une telle évidence.
Comme si, depuis le début de toute cette comédie, Bartholomé était certain de s'en sortir vainqueur. C'est bien ce que je détestais le plus chez lui. Cette assurance maladive. Cette confiance qu'il avait en lui-même.
« - Tu fais quoi ce week-end ?
- R...Rien...
- Très bien. Je passerais te prendre alors. Samedi vers 10h ! Sois prête.
- Prête ? Pour quoi ? Est-ce que tu m'emmènes ? Attends, je n'ai pas donné mon accord !
- Tu verras bien et ton accord, je l'ai déjà ! »
Non. Ce n'est pas le cas.
Où est-ce que tu veux aller Barth ?
S'arrêtant au beau milieu du couloir, menant aux bureaux, il se retourne et me dit avec un grand sourire enfantin.
« - On va à notre premier rencard toi et moi ! »
Un quoi ?
Je connais le Ricard moi et c'est tout.
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Et l'amour ça se mange ?
RomanceAstrid est un ovni. Un petit extraterrestre. Tandis que les jeunes filles de son âge sortent toutes avec un garçon, ont au moins connu l'amour dix fois pour être tombées amoureuses seulement trois, Astrid, elle, est à part. Elle ne sait pas ce que c...