Chapitre 9 ~ Un verre d'eau ?

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Tout à fait entre nous, j'ai un doute. Je ne sais pas si je dois lui rire au nez ou si je dois le prendre au sérieux. J'hésite. Pourtant, l'hésitation me quitte quand je craque et que j'explose de rire devant ce pauvre Bartholomé laissé là, incompris dans sa démarche.

« - Me faire connaître l'amour ? C'est une plaisanterie ? »

Je pense que je préfère lui rire au nez que de me fâcher avec lui. Je sais qu'il n'a pas voulu mal faire, mais Barth a toujours été maladroit. Extrêmement maladroit. Même dans ses propos.

« - Je connais l'amour Barth, je te remercie. Je ne suis pas une machine sans cœur.

- Ce n'est pas ce que je voulais dire...Et je...

- Ne perd pas ton temps avec moi. Si tu me connais autant que je te connais, tu sais que c'est peine perdue. Ne t'acharne pas pour rien. Je m'en voudrais que tu fasses tous ces efforts pour du vent.

- Qui te dit que c'est pour du vent ?

- Parce que je me connais. »

Et il n'y a pas moyen que je tombe amoureuse.

L'amour ça vous écorche à vif.

« - Et si l'on pariait ? »

Allons bon. C'est quoi cette histoire encore ?

« - Parier ? Tu veux parier quoi ?

- Si d'ici un mois, tu ne m'aimes pas, je me résigne. Et si tu m'aimes, tu décideras de la première sortie.

- C'est ridicule...On ne peut pas parier sur les sentiments Bartholomé et tu le sais. On n'est plus des enfants et on ne joue plus à « papa et maman » comme auparavant. Tu ne peux pas forcer les choses comme ça.

- Non, mais je peux voir jusqu'où sont les limites.

- Très bien. Soit. Fais ce que tu veux, de toute façon, t'en feras qu'à ta tête, mais ne vient pas te plaindre à la fin. »

Ne viens pas me dire que l'amour, ça fait mal. Ça blesse. Ça vous creuse de l'intérieur.

« - Parfait ! Donc...Attends-moi, je te raccompagne.

- Je connais la route, ça ira...

- Astrid, mets-y du tien aussi. Vois ça...Comme un jeu de rôle. »

Ah parce qu'en plus faut jouer ?

C'est n'importe quoi.

« - Ok. Bien. Si tu veux. Ô, mon tendre Barth je n'attends que toi pour éclairer mon chemin si sombre jusqu'à ma pieuse demeure !

- Non là c'est trop. Tu continues le théâtre ?

- J'ai arrêté en allant à la fac. »

Mais j'aurai dû continuer, des fois je me trouve un don dans la comédie, un truc de fou. Surtout le matin quand je souris à tous mes collègues que je déteste et que je prends de leurs nouvelles alors que je m'en moque éperdument.

Que voulez-vous ? Apparemment, quand nous sommes en société, il faut savoir « bien » se comporter. Donc, il faut prétendre aimer des gens que l'on déteste en général pour ne pas troubler le groupe dans lequel nous évoluons.

J'imagine une journée de bureau honnête tient :

« - Salut du con ! Eh bien dites donc Juliette, tu t'es encore élargi ma parole. Faut arrêter les frites à la cafeteria hein ! Oh Monsieur Pickels ! Votre nom me fait penser aux Pringles, vous savez, ces chips qui puent l'oignon ? Un peu comme votre haleine. Marjo' ! Alors ton bébé ? Il a toujours autant une tronche de cake ? Il ne ressemble pas vraiment au père...Tu es certaine que c'est le bon ? »

Non.

Mieux vaut s'abstenir.

Ça serait le rêve et je trouverais ça vraiment libérateur par moment, mais je ne le ferais jamais.

Par contre, je le penserais toujours très fort.

Suivant le jeu de Barth, il me raccompagne jusqu'à même le pallier de mon appartement.

« - Tu peux partir maintenant.

- Astrid...Joue le jeu...invite-moi à boire un verre.

- D'accord. »

De toute façon, ça va être vite vu.

« - Tu veux quoi ? J'ai de l'eau du robinet chaude ou de l'eau du robinet froide. T'as une préférence ? »

Parce que rien ne vaut un petit verre d'eau, n'est-ce pas ?

« - Je vais rentrer, je crois.

- Ouais, je crois aussi. N'abusons pas des bonnes choses Barth'. Remets ton jeu à demain. »

Parce que clairement ce soir, j'ai rendez-vous, mais pas avec toi.

Avec quelqu'un qui est grand, chaud, carré et qui s'appelle : Mon lit.

Et l'amour ça se mange ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant