Qu'un gamin

Chap. 15 Rencontre

Que de changements, que de changements ! Bref je vous laisse avec la lecture, je risquerais de tout vous spoiler !
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Chap. 15 Rencontre

[Aomine]
  "Dai-chan !"
Pourquoi lui avais-je donné les clefs déjà ?
"Ouvre-moi ces rideaux !"
Devant mon absence de réaction, la jeune femme le fit elle-même dans un soupir. Elle alluma la télévision. Une chaîne sportive.
"Regarde, ce sont les potentiels futurs joueurs de NBA !"
Je levai la tête, je pourrais y être moi aussi.
  Cela faisait longtemps que je n'avais pas touché un ballon, trop longtemps peut-être. Mais il ne fallait pas que je joue.
  Je laissai mon amie parler sans l'écouter, détailler certains joueurs. Puis ces mots m'interpelèrent :
"Je me demande où en est Kagamin."
Kagami... Je fermai les yeux et lâchai ma tête en arrière. Cela faisait presque trois ans maintenant. Et je devais bien avouer qu'il me manquait. Surtout depuis deux ans, quand j'avais perdu tout contact avec lui.
  Je pensais souvent à lui. J'avais gardé sa présence en moi, son innocence aussi. Et à chaque fois que je pensais à lui, j'allais au terrain. Il ne faut donc pas me demander pourquoi je me levai de mon canapé pour sortir, sans répondre aux cris de la rose.
  Je m'installai à ma place habituelle, adossé à un arbre, hors du terrain. Mes yeux y flottaient, formant le corps d'un jeune joueur, celui de Kagami. Mais il avait encore dû changer... Je ne le connaissais plus, bien que cela me faisait mal de l'avouer.
  Si mes amis croyaient que la plaie du basket était close, ils se trompaient fortement. Et le départ de mon petit frère n'avait qu'empiré les choses. Et croire que j'avais vingt-deux ans... J'avais évolué professionnellement, mais au fond...

  À nouveau, je sortis, avec Kise. Une soirée arrosée en boîte. Nous n'en sortîmes pas en même temps. J'avais une fille à mon bras. Nous allions chez elle pour une bonne fin de journée. Son nom ? Je vous en pose des questions ?
  Je répondais à ses questions par onomatopées et regardais les rues, déjà lassé du thorax généreux de la jeune femme.
  Deux hommes s'embrassaient, non loin de nous, dans la pénombre. L'un avait enfoui une main dans les cheveux du second lui entourant la taille. Il laissa une main se perdre sur les fesses de l'autre.
"C'est dégoûtant," assura ma partenaire d'un soir alors que nous nous approchions.
L'un des deux sembla tiquer mais fut rattrapé par un baiser fougueux.
-Pourquoi ? soufflai-je. Bonne soirée."
L'autre garçon me présenta un pouce levé en souriant contre les lèvres de son amant. Je continuai mon chemin.
"Aomine..." entendis-je dans mon dos d'une voix grave et virile.
Je ne relevai pas, plaquant une main contre les fesses de ma conquête. Quelques secondes après, je me retournai mais ne vis rien de particulier.
  Je passai une bonne soirée, agréable, brûlante, mais courte. Et le lendemain j'étais chez moi. Je me levai tôt pour aller travailler, regrettant une fois de plus d'être sorti un dimanche.
  Après ma journée, je rentrai chez moi et m'endormis presque immédiatement, après un bref repas de surgelés.
  "Dai-chan !"
Il n'était pas tard, mais l'irruption de mon amie m'agaça tout de même.
"Mm ?
-Tu dormais ?
-Mm... soupirai-je en me redressant dans mon lit. Tu voulais quoi ?
-Non, rien... Tu le découvriras toi-même. Va jouer.
-J'ai pas envie.
-Ça te fera du bien."
Pourquoi disait-elle ça maintenant ?

  J'étais venu au terrain, seul. Il n'y avait personne. Je collai une main au grillage, y entrelaçant mes doigts. Cela m'énervait et je ne savais pas vraiment pourquoi. Puis je vis un gars, un grand, une capuche rabattue sur son visage. Il ne pris pas attention à moi quoiqu'il m'ait remarqué. Il commença à jouer.
  Son jeu me calma : brutal, et puissant. Et il m'était étonnamment familier. Mes yeux presque gris le suivirent interminablement, des mouvements de son torse et de son bassin, aux bouts de ses doigts infléchissant rythmiquement sur la surface graveleuse du ballon.
  Je restai là une demi-heure environ, fasciné par la beauté de ces gestes parfaits. Le garçon n'était pas n'importe qui. C'était un grand joueur.
  Puis il ralentit, soudainement, comme pour se concentrer profondément. J'eus l'impression qu'il ouvrit ses yeux, lorsque ses mouvements redevinrent animaux. Il sauta.
  Se laissant tomber en arrière, il tira. Comme moi. Et cela entra parfaitement.
"Ça ne te rappelle rien ?"
J'eus manqué de sursauter, surpris par sa voix profonde et calme, pas du tout haletante. Je réalisai soudain.
"T'es le gars d'avant-hier !"
Celui qui embrassait un homme, et de la bouche duquel j'avais cru percevoir mon nom s'évader gravement.
"Oui, s'amusa le jeune homme, oui c'est moi. Mais... oublie tout, regarde juste."
Et il reprit un jeu magnifique, m'étant trop... connu. Cependant je m'interdisais d'y croire.
  Je pénétrai le terrain, presque titubant.
  Il dunka ; et je n'eus plus aucun doute.
  La cassure prise par son poignet, la pureté de la courbe du dos de sa main, ses doigts légèrement incurvés vers l'extérieur... La gauche derrière son dos, dans une position presque provocante, chaque terminaison en éventail, se rabattant vers son pouce, et l'angle doux de son coude... Tant de souvenirs remontèrent à la surface. Je manquai de tomber, me retenant au grillage.
  Récupérant le ballon, le jeune as amorça un nouveau dribble, s'étant tourné vers moi. Je m'avançai et posai les extrémités de mes doigts sur le ballon qui parut flotter un instant avant de se retrouver brutalement expulsé loin de nous. Son rebond heurta bruyamment nos oreilles et nous attendîmes qu'aucun bruit ne nous entoure. Je le pris dans mes bras et le serrai avec force.
"Putain Kagami..."
  Des larmes incontrôlables affluèrent sur mes joues, de la joie. Ses bras se refermèrent sur moi.
"Kagami... Je pensais pas qu'on se reverrait...
-Tu-tu pleures ?
-Je suis content, c'est tout."
  Quand le calme me regagna, je m'écartai de lui pour l'observer.
"Laisse-moi te regarder... T'as dû changer..."
Je baissai sa capuche, lentement.
  Ses traits avaient pris de la maturité, ses yeux aussi, pétillants, vifs, joyeux. Il dévorait mon visage, avidement. Ses cheveux, toujours aussi flamboyants caressaient le vent, tendrement.
  "Aomine... Tu m'as manqué.
-Toi aussi.
-Oui, visiblement."
Je l'interrogeai du regard.
"T'as besoin de jouer.
-Nan...
-Pas maintenant, si tu veux. Mais tu m'as promis. Et je t'ai juré de te battre aussi.
-T'as pas changé..." soupirai-je.
Je l'étreignis à nouveau.
  "T'as un copain ? lâchai-je soudain.
-Ah, ouais."
Je souris et lui tapotai l'épaule.
"Et toi ? Une copine ?
-Nan...
-Et celle de l'autre soir ? continua le rouge, de plus en plus amusé.
-Tu l'as dit, l'autre soir. Nan, je m'attache pas...
-Bah, moi non plus, pas vraiment, mais plus que toi quand même.
-C'est pas très dur... Tu peux pas savoir quelle tête me tire Satsuki à chaque fois qu'elle apprend que je suis sorti..."
Il étouffa un léger rire.
  "Pourquoi t'es revenu ?
-J'avais envie... et puis toi... et Tatsuya... T'es toujours flic ?
-Ouais, j'ai monté en grade, rien de formidable. Je m'ennuie... et toi ?
-Ça fait que quelques jours que je suis rentré, et je voulais pas venir vous voir sans être remis du décalage horaire et tout... régler les papiers pour le logements, acheter de la bouffe, recontacter mes potes des US... Et je suis sorti un soir, avec un mec que j'ai rencontré dans l'avion. C'est là que je t'ai vu. Mais j'ai pas... ça m'a fait bizarre de te voir, j'ai pas réagi... Je me suis dit que tu viendrais ici... Mais je commence une formation pour devenir pompier. On m'a proposé un poste dans la NBA, mais j'ai refusé...
-Pourquoi ? m'étonnai-je. C'était pas un rêve ?
-Oui et non. Mon but ça a toujours été de te battre. Et c'est pas une vie qui m'attire... Et pompier ça me ressemble plus."
  Nous parlâmes une bonne partie de l'après-midi, puis un homme apparut, au terrain.
"Ryo !
-Allez, va le rejoindre, on se retrouve demain, lui intimai-je. Ici à dix-huit heure."
Il hocha la tête et s'éclipsa, embrassant l'homme au passage.
  Kagami avait changé. C'était un homme maintenant.
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Et ouais, il a changé notre petit Kagami ! Et ça c'est pas simple à avaler pour Aomine ! Alors comment réagira-t-il quand il réalisera vraiment que son petit frère n'est plus un gamin ? Et lorsqu'enfin ils joueront ensemble ? Rendez-vous demain ! Bye, Kagamine