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À cette heure-ci, il n'y avait pas grand monde au Buger King. Il n'y avait que quelques adolescents qui, comme nous, utilisaient le lieu peu fréquenté et la nourriture à bas prix pour traîner après les cours. 

Mais je connaissais les problèmes et difficultés de Léa sur le bout des doigts ; je savais qu'elle avait horreur des adolescents.

- On peut aller chez moi si tu préfères.

- On y va.

Je la suivis, déstabilisé bien que l'air blasé à l'extérieur.

- Dépêche toi de choisir, m'ordonna-t-elle, et simultanément, ce fut à notre tour.

- Bonjour, bienvenus chez Burger King, que prenez-vous ?

- Un sunday chocolat et.. elle se tourna vers moi, qui n'avait toujours pas assimilé que nous allions mangés au Burger King en tête à tête. Et la même chose.

- Très bien, vous pouvez patienter à côté, votre commande se prépare.

Nous avions attendu, Léa qui scrutait chaque visage et chaque corps de manière obsessionnelle, qui jetait parfois des regards de regrets au ticket de caisse.

Elle avait l'air de souffrir.

D'un regard inconnu, Léa pouvait un peu effrayer et paraître folle de maigreur ou se comporter avec dédain avec tous ceux qui n'avaient pas fait le choix de s'enfermer dans l'obsession du corps et de l'apparence.

Et ce regard n'aurait pas faux.

Mais il ne verrait pas sa souffrance.

J'aurais bien voulu garder ce regard inconnu encore quelques temps, pour éviter de la voir souffrir à chacun de ses gestes ou de ses sourires.

- Je vais choisir une place, tu prendras le plateau.

- Euh..

Elle était partit. Je ne vis que sa silhouette rachitique fuir au loin derrière un mur, avant de me retrouver seul dans la file d'attente.

Je n'aimais pas les fast-food ; j'étais certainement influencé par l'éducation de Meiko.

Ça puait, les gens criaient, que ce soit des adolescents en manque de reconnaissance ou des enfants dévergondés.

Je fouillais au fond de ma poche, j'espérais que le peu que j'avais suffirait à payer les deux glaces.

- Et voici ! Chantonna la caissière, un grand sourire aux lèvres, qu'elle perdit devant ma sympathie.

- 'revoir.

Je cherchais la petite grincheuse dans la cacophonie qui me prenait la tête, et finis par trouver sa tête toute stressée, elle qui me faisait de grands gestes pour se faire voir.

- J'ai réussi à trouver une place éloignée du monde avec une vue plongeante sur les fesses d'une fille.

- Dépêche de manger ta glace, elle va fondre avec la chaleur qui fait.

- Fais pas cette tête blasée, de toute façon j'ai compris quel genre de fesses t'intéressait. Elle avait prit un air malsain.

Je commençai à manger, sous la décision d'être sourd et muet durant cet après-midi.

- Ça en est où avec Kuro ?

La glace n'était pas si bonne que ça.

- Réponds-moi ! Vous avez franchi le cap au-dessus du baiser ou pas ?

Elle bougea ses sourcils de manière très perturbante. J'hésitais à sortir mes écouteurs. Mais le devoir me forçait à faire des efforts et l'écouter.

Je suis malade ( de vivre )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant