BONUS #1 : KARL

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Je ne suis rien.
Je n'ai rien fait.
Ma vie n'en changerait probablement aucune.
La seule chose dont je peux être sûr, c'est que je ne suis pas un héros.

Je suis juste Karl.

Le menteur de l'histoire.

* * *
Ce n'est pas comme si nous ne naissions pas tous menteurs.

Dès le plus jeune âge, le cerveau humain entreprend maintes expériences à but de personnalité. Si je mens, vais-je être mauvais ou bonté incarné ?
C'est à cet instant que plusieurs camps se forment, c'est à cet instant, où je démentais ma faute pour le papier peint arraché sur les murs, que j'allais rentré dans un camp.

- Il faut toujours dire la vérité, car sinon : elle t'explose en pleine face.

M'avait sermonné ma mère, agenouillée à mes un mètre cinq.

Je ne crois pas qu'à cet âge j'avais saisi ce principe, mais que quelque chose m'explose au visage, ça, je ne le voulais vraiment pas.

À cet âge, j'ignorais que tout un tas de vérité pouvait exploser, sans que je sois fautif.

Normalement : Tu commets la faute ; Tu as une punition, négociée à la mesure de ton crime.

Ce n'était qu'une fausse normalité. La normalité est fausse en général.

Je suis donc rentré dans le camp des menteurs à but lucratif.

Comme beaucoup. Rien de bien extraordinaire.

En même temps, je ne le suis pas.

Extraordinaire.

Je peux déformer le terme, dire que je suis une puissance dix de l'ordinaire. Juste pour accepter de me nommer ainsi.

Mais je suis Karl.

Juste normal.

La normalité est fausse en général.

* * *

- Tu peux m'expliquer ces notes ?! Crie mon père.

- Doucement chéri, il fait de son mieux, tente ma mère, une main sur le bras tremblant de colère de mon père.

Je souris presque à cette vision. Que c'est.. Normal.

- Je l'inscris dans une école privée, et voilà ce qu'il me ramène ! Des contrôles tous plus ratés les uns que les autres !

La conclusion est prévisible.

Étendre cet ordre à de longs cris insensés, vainement apaisés par ma mère, les yeux écarquillés d'une petite soeur mal cachée dans les escaliers pour résumer cette scène, et moi, impassible, blasé.

Je dois travailler d'arrache-pied pour obtenir une place convenable dans le classement de classe.

Le lycée. Tiens, ça, pour le coup c'est une belle normalité, mouchetée comme un ciel de nuit de vérités explosives.

Chaque matin, je me lève entre 6h et 8h, pour prendre le métro et me rendre à quelques mètres du grand bâtiment aux surfaces boisées, fenêtré à l'excès, entouré d'une grande cour fleurie, étudiants presque à l'image parfaite à discuter, sac à dos sur l'épaule. Et je traverse le passage piéton, attends devant les immenses grilles noires, prison sociétale en acier, et je suis enfin au lycée.

Je n'ai pas beaucoup d'amis. Des gars un peu cools, jeans larges et sweats, je ne peux pas espérer grand chose d'autre.

Je louche sur ce gars impopulaire, aux yeux qui bouleversent jusqu'aux Enfers, au comportement exécrable et dérangé que tout le monde adore détester.

Je suis malade ( de vivre )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant