Len

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De : Rose
À : Len

On se retrouve près du rond-point ? Je ne serais pas avec Meiko tkt

J'étais affreusement stressé.

J'avais beau tenter de concentrer mon regard sur les doux traits de mon amoureux endormi, ou mon attention à combien d'étoiles il y avait sur sa guirlande lumineuse, mes pensées s'obstruaient bien vite de toute une angoisse et une appréhension hallucinante.

Je n'imaginais pas un scénario particulier, je ne m'amusais pas particulièrement à décompter toutes les mauvaises choses qui pourraient arriver, non, mais je savais que ça allait être éprouvant.

Comme lorsque je devais passer un couloir avec des harceleurs ou me changer en sport : Je ne craignais pas le pire et pourtant j'étais bouffé par le stress.

Je n'avais plus ce vieux réflexe malsain, une fois ma chambre verrouillée, où je laissais aller les ravages de l'angoisse sur mon corps, tremblant par les larmes, par la peur que tout se reproduise le lendemain, parce que j'étais seul, que je pensais qu'un Doliprane ou un Paracétamol pouvait me soigner de la solitude et du harcèlement.. parce que je ne comprenais rien à ce qu'il m'arrivait lorsque je verrouillais la porte.

Maintenant que j'étais la plupart du temps entre les mains de Kuro, que j'arrivais à comprendre que mon mal de ventre était parce que j'avais peur, mon mal de cœur parce que j'aimais, mon mal de crâne parce que ma situation me pesait, c'était.. tellement plus facile.

Je lui disais que j'avais peur, et il me serrait dans ses bras, me soufflait à l'oreille qu'il savait, qu'il était là, et comme je le savais avec moi je me sentais invincible.

Mais là, je n'allais pas poser une plainte, je n'allais pas passer un couloir, je n'allais pas confesser mon amour.

J'allais revoir Meiko.

C'était pire que tout.

Kuro me fit signe depuis son balcon lorsque l'heure du rendez-vous fût venue.

Son sourire était rassurant.

Pas assez pour faire semblant que je n'allais pas la revoir.

- Len ! Ça fait si longtemps ! S'enjoua Rose en me sautant dans les bras, un énorme sourire plaqué à la face.

- À moi aussi tu m'as manqué..

- J'ai fait mes demandes pour la fac, j'ai plus qu'à attendre les réponses.. j'ai hâte !

- Je crois en toi.

Elle me lâcha, me dévisagea d'un sourire satisfait, presque fier.

- Tu as tellement changé.

- Tu n'arrêtes pas de me le dire, j'ai compris, me plaignai-je d'un faux air blasé.

- Il est 10h08. Il faut y aller.

- Meiko..? Osai-je insinuer, sans parvenir à cacher la peur dans ma voix.

- Elle est déjà dans la salle d'attente. Elle aussi, elle panique un peu, tu sais. Ce n'est pas tant qu'elle regrette de t'avoir mis à la porte mais..je ne sais pas. Il y a quelque chose, dans son regard, qui me dit que-..

- Je ne veux pas en entendre plus sur elle, tranchai-je avant d'emboîter le pas.

La porte du bâtiment social apparût bien vite dans mon champ de vision, les plaques des professionnels plantées fièrement au mur, les familles qui repartaient bredouille de l'endroit, parce qu'ici on y vient exposer sa vie et accepter sa sentence.

Je suis malade ( de vivre )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant