Len

51 6 0
                                    

- J'ai beaucoup aimé cette sortie, elle était bien mieux que celle de la dernière fois. Si tu vois ce que je veux dire. 

J'avais beau essayé, je n'étais définitivement pas fait pour jouer l'enthousiaste.

Kuro balbutia quelque chose, puis marcha à grandes enjambées vers l'arrêt de bus.

Il était resté muet depuis le niveau des insectes et autres reptiles.

Ses yeux étaient dans le vague, son corps semblait lui être un poids qu'il trimbalait comme une misère, son esprit n'était plus de ce monde ; il marchait comme un zombie dans le musée, et fuyait comme du gibier dans les rues.

Kuro était si lumineux, son sourire éclairait mes journées, son rire éblouissait mon obscurité, ses mots adoucissaient ma vie.

C'était de ma faute, ça ne pouvait être que moi pour causer ce genre de situation, de problème.

Moi je le vidais de ses tripes, je l'écorchais à vif d'innombrables insultes plus faciles à articuler, je le dépossédais de son innocente bienveillance.

- Len...

- Fous moi la paix.

Et oui, nous revoilà au même constat.

Causé par mon indéniable ignorance.

* * *

Son piercing était ridicule, mais ne rivalisait pas avec cette cravate Desigual ou cette barbe taillée pour imiter celle qui ne l'est pas.

- Bonjour, Len c'est ça ? Interrogea-t-il.

J'aurais préféré faire une crise d'angoisse dans mon lit que de rencontrer le nouveau copain de Meiko.

- Oui, c'est ça.

- Et toi Rose ?

- Oui ! Enchanté !

- De même.

La rentrée était passée.

Rien n'était nouveau, tout le monde traînait des pieds pour aller en cours, laissaient fuser insultes et moqueries à mon égard, et riaient à tout vas sur leur vie trépidante.

Kuro renouait malgré lui des liens avec le groupe de Célia ; il disait que ça lui permettait de cerner le caractère manipulateur de la belle brune. Il commençait à dangereusement l'apprécier.

- Essaye d'être un peu plus expressif, ne sois pas égoïste, râla Meiko, toute discrète dans la cuisine.

Je lui répondis par un regard ennuyé. Je ne faisais pas exprès d'être si mauvais en relation humaine.

- Chérie ne t'embête pas à cuisiner autant, viens nous rejoindre ! Héla l'homme.

- J'arrive.

Meiko sourit. Elle était heureuse. Elle était souvent heureuse, ce n'était pas une femme taciturne, elle était juste sévère. Et moi, elle ne me souriait plus.

Elle ne devait plus être heureuse avec moi.

Encore une fois, ce n'était pas elle le problème, mais moi.

- Rose m'expliquait que la maison était de plus en plus vide, commença l'homme, Victor, si j'avais bien entendu.

- C'est à dire ?

- Toi qui vient chez moi et Len qui a de nouveaux amis, la pauvre petite se sent seule.

- Ne me prends pas pour une victime ! Se plaignit Rose, rieuse.

Je suis malade ( de vivre )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant