Chapitre 9- Laisse nos voix se délier

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Jordan

- Reste...

Je tressautai avant de baisser mon regard vers sa poigne autour de mon avant-bras. Fronçant des sourcils, je vins m'assoir à sa diagonale.

- Jordan, gémit t-il en se frottant les yeux.

Un frisson me parcourut l'échine après l'avoir entendu prononcer mon nom.

- Putain ça tourne dans ma tête, je ne gère plus rien là.

D'une démarche maladroite, il rampa jusqu'à moi, manquant de vomir sur mon tee-shirt encore propre.

- Fais gaffe, merde ! grimaçai-je de dégout avant de me précipiter devant le miroir.

  Je me bouchai le nez sous l'odeur insupportable et sorti un paquet de chewing-gum que je lui tendis. Le blond me fixait abasourdi, l'air absent. Un soupir m'échappa, il était trop bourré pour agir. Je lui donnai un chewing-gum qu'il attrapa maladroitement. La vision d'un Cameron hésitant, si différent de celui qu'il était d'habitude, me fit décocher un léger sourire que je maudis aussitôt d'avoir. Il avait beau m'agacer, il avait un fichu air mignon.

Mes mots me surprirent et je secouai brusquement la tête. Mais qu'est-ce qu'il m'arrivait, bon sang ? Sûrement le peu d'alcool que j'avais consommé faisait déjà son effet. Ouais, ça devait être ça mêlé à la fatigue.

J'ouvris le robinet et vint asperger mon visage d'eau claire. Après avoir une pris une inspiration, je jetai un furtif regard en direction du garçon. Grelotant, ce dernier s'était recroquevillé sur lui même. Il était vraiment mal en point. Je sorti des toilettes, puis ramenai une couverture trouvée sur les sofas.

Dégoulinant de vomi, le haut de Cameron empestait énormément. Des hauts le cœur me prenaient mais il fallait que je lui ôte ce pauvre chandail. Il ne méritait pas ça. Alors, de mes mains fraîches, je le lui retirai le vêtement en détournant le regard. Alors que j'allais le couvrir du plaid, mes iris restèrent bloqués sur son torse dénudé.

Putain.

Mon front se réchauffa et je me sentai en sueur. Me mordillant la lèvre, je me hâtai de me retourner vivement.

- Tu peux me dire que je suis bandant, susurra t-il d'une voix rauque.

Je me raclai la gorge.

- Pas vrai Jordan ?
- Arrête t'es complètement torché, lâchai-je froidement. Tu ferai mieux de dor...

Il me stoppa et, de ses bras musclés me plaqua contre le mur.

- C'est plutôt à toi d'arrêter de te mentir... Je l'ai vu dans tes yeux. Écoute toi, écoute ce que tu ressens.

Je savais que Cameron n'était pas dans son état normal, il empestait l'alcool, et son attitude ne lui ressemblait pas. Espérons que demain il réalisera ses bêtises, actes insensés et qu'il en aura honte.

Je voulu me détacher de son emprise, mais la force surhumaine qu'il exerçait sur moi m'en empêchait.

- Je sais que tu me veux Jordan, que je te plais, te fascine, et ça tu ne peux rien y faire, chuchota t-il près de mon oreille.
- Mais arrête, t'es totalement malade, rétorquai-je.

Le blond m'arrêta d'un signe de la main.

- Ouais je suis peut être bourré mais la vérité ressurgit souvent dans ces moments là, ne me contredis pas tout le monde le sait. 

Je le fixai intensément et pu apercevoir ses pupilles relativement dilatées par le désir. Sentant son regard brûlant sur mes lèvres, je me tendis, crispé. Non, pas maintenant, putain, c'était pas le moment...

Je me sentais monter, excité par ce simple contact visuel. Oh merde, voilà qu'il se mordillait sensuellement la lèvre inférieure sous mes yeux, ne tardant pas à s'assombrir.

- Je sais que ce petit jeu que tu exerces n'est simplement pour...

Brusquement, je le coupai. Je le saisi par la nuque et plaquai sauvagement mes lèvres contre les siennes. Emprisonnant son visage, je lui mordis le cou. Laissant échapper un gémissement de surprise, il se rapprocha de mon torse puis plaça sa main frêle dans mes cheveux, accompagnant mes mouvements.

Allongé sur le sol glacé, Cameron haletait bruyamment. Je le fis se retourner sur le dos tout en maintenant sa taille fermement. Je scellai vivement nos lèvres humides. Perlant sur son front, des gouttelettes de sueur lui donnait un air innocent. Que j'aimais ça. Que j'aimais le voir se soumettre à mes gestes.

Suppliant, il se détacha de mon emprise et se précipita vers la sortie des toilettes, claquant la porte.

Qu'est-ce qu'il foutait !

Immédiatement, je me levai en voulant de rattraper, en vain. Désormais seul, la colère ne tarda pas à me gagner. Il s'était tout simplement foutu de ma gueule. Je savais que c'était trop beau pour être vrai. Enfin trop bizarre pour être vrai plutôt. Qu'est-ce que je raconte moi encore.

Bouillonnant de rage, je saisi un verre posé sur le lavabo en marbre et le projetai contre le carrelage. Hurlant de douleur, je comprimai avidement ma main gauche incrustée de cristaux laissant ma chaire éventrée, vive, écarlate. Avec hargne, j'arrachai un morceau de papier de toilette que j'enroulai grotesquement autour de ma main meurtrie.

Lui même l'avait fait savoir qu'il avait envie de moi alors pourquoi ? Pourquoi avait t'il tout foutu en l'air après m'avoir tant fait languir ? C'était tout simplement incompréhensible, ridicule.

Poussant violement la porte d'un coup d'épaule, je sorti de la salle et rentrai.

Nobody Except You Où les histoires vivent. Découvrez maintenant