Nate
Je plonge ma cuillère dans le bol rempli de céréales. Il était sept heure cinq et j'étais défoncé, terrassé de fatigue.
— Ça gaze ? me demande mon grand-frère, Dylan, qui était entré dans la cuisine.
— Ouais ouais.
— T'es crevé, Nate, constate t-il en soupirant.
— Exact.Il s'arrête avant de froncer les sourcils. Ses yeux me scrutent deux secondes, puis il secoua la tête.
— Ça fait des jours que tu ne dors plus, je vois bien que quelque chose ne va pas.
— C'est rien, je te dis.Peu satisfait et convaincu de ma réponse, le jeune homme poursuit.
— Et puis, quand j'y pense, Cameron n'est pas passé à la maison depuis un bon bout de temps. Il est malade ?
Sa phrase a l'effet d'une douche froide et immédiatement ma gorge se noue.
— Nate ?
— Non non, il n'est pas malade.Malgré tout, je ne peux pas m'empêcher de lui cacher la raison de l'absence de Cameron. Pour nombre d'entre vous, mon agissement devait être ridicule car Cameron et moi ne nous étions que « simplement » disputés. Après tout, qui ne s'était jamais engueulé avec quelqu'un ? Néanmoins, ici c'était une exception. En effe, ce n'était pas qu'une petite engueulade, non, s'en était bien pire.
Devant mon silence, Dylan n'insiste pas. Cela n'empêche, j'étais sûr qu'il se doutait de quelque chose nous concernant, mon meilleur ami et moi.
— Tu me prêtes ta caisse ? lui demandé-je en changeant de sujet.
Le grand brun se retourne vers moi, avant d'arquer un sourcil.
— C'est la première fois que tu me demandes ça. Donc, j'imagine que Cameron ne peut pas venir te chercher ?
Je me tends. Ma migraine me fait grimacer.
Merde, pour quelle raison fallait t-il qu'il mentionne le garçon à chaque instant ?
— Alors ? insiste toujours mon frère.
— Non. Il ne vient pas.Enfin... peut être ?
Après cet espoir, je me lève et part me préparer.
***
J'ai eu le permis il y'a moins d'un an. Malgré que ma conduite soit loin d'être exemplaire, je fais de mon mieux en voiture . J'ai toujours adoré la route. Dylan n' pas l'habitude de me prêter sa caisse, c'était plutôt celle de mon père que je demande. Ma mère ne conduit pas, étant contre la surpollution. Donc, elle marche ou prend les transports en commun. C'est une idée que je trouvais plutôt extrémiste. Nous ne sommes pas dans une grande ville, par conséquent, mon père doit donc parfois amener ma mère en voiture.
Bien sûr, ma mère ne nous interdit pas de rouler pour autant. Et heureusement ! Je crois que c'est une de ses amies du yoga qui l'avait incité à suivre le mouvement « anti-pollution ». C'est elle aussi qui l'avait persuadé à cuisiner vegan et manger équilibré. Je savais pas comment elle s'appelait, sa copine, mais j'allais passer chez elle un de ces quatre et la payer s'il le fallait pour que les pizzas et les hamburgers soient à nouveau au menu chez nous.
Au début, à la maison c'était un repas vegan par semaine, et maintenant... ça a doublé ! Je vous jure c'est invivable ! Chaque soir, ma mère nous parlait d'une nouvelle recette ! Elle avait même tenté de remplacer mon bon steak par un végétal ! Cette passion du véganisme la dévorait, c'était de pire en pire ! Et je crains, hélas qu'elle finira par passer du coté obscur... Pitié non...
Heureusement que je peux souvent manger chez... Cameron, sinon ce serait invivable. Limite, il est possible de faire nos courses chez lui, sa maison étant à elle même un rayon fast-food. Et c'est vrai que ça a ses avantages !
***
D'ailleurs, ce que m'a dit Cameron vendredi dernier m'a blessé. Je m'efforçai de croire qu'il ne le pensait pas. Pourtant cela semblait si réaliste... Son comportement, ses paroles, étaient d'une cruauté. J'étais son vieux pote, celui qu'il connaissait de longue date, son meilleur ami, son confident, son frère de cœur. Et qu'il me dise tant d'atrocités m'a fait un mal de chien. Peut être, était-il énervé à cause de Jordan ? Je n'en savais rien. Mais... pourquoi m'avait t-il crié dessus ?
Oui, Cameron s'était excusé, mais, lorsque ce genre de chose ne se produit pas qu'une seule fois, à la longue il difficile de pardonner. Je m'en voulais de l'ignorer, mais il devait ressentir la douleur à son tour. Comme moi je la sens, à cause de lui.
Je me sens écarté et impuissant quand il va mal vis à vis de Jordan. Bien qu'il prétende le haïr, ce garçon semble avoir un emprise particulière sur lui... Et puis, quoique je fasse, que je dise à son sujet se sera toujours de ma faute. Alors, j'ai pris l'habitude de me taire et d'attendre. Attendre qu'il aille mieux.
Je ne l'ai pas encore revu. Cameron. J'ai juste reçu son appel samedi, et s'était déjà trop. C'est certainement égoïste de ma part de ne pas le pardonner... Malgré tout, je sais qu'il me sera impossible de lui en vouloir éternellement. Je veux juste respirer. Faire une trêve, question de quelques temps. Juste une trêve.
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Nobody Except You
RomanceVoilà plus de 3 ans que je joue ce rôle, sortir avec des filles est devenu une habitude. Sans aucune partie de plaisir, c'est si monotone pour moi que je n'en fait plus attention. Dans notre société la différence fait peur, l'homosexualité en faisa...