Cameron
— Il ne vous reste plus qu'un cours avant de présenter votre exposé oral.
Et merde... j'avais oublié cette foutaise de restitution. Pour autant cela n'empêche que j'ai déjà rédigé ma thèse argumentée depuis deux cours. Bien sûr, l'enseignant attendait un travail collectif, et Jordan, quand à lui, n'avait rien fait. Après tout, c'était tellement prévisible.Nous allions avoir du retard et j'allais me coltiner une mauvaise note par sa faute. Ce qu'il pouvait être agaçant et égoïste !
— Passe ton cahier, me demande soudainement le concerné.
— Pardon ? rehaussé-je mes lunettes sur le nez.
— Ton support de travail si tu comprends mieux, souffle le garçon, agacé.J'hallucine.
Il était assez con pour croire que je n'avais pas saisi sa question ? C'était hors de question que je travaille avec cet attardé, de cette façon il pourrait recopier mes réponses sans fournir le moindre effort. Et puis quoi encore ! Il s'imaginait que tout allait lui tomber cuit dans le bec ?Alors, je l'ignore en continuant de faire tournoyer mon crayon avec mon index. Le prof continuait son cours magistral toujours aussi inintéressant ce qui ne changeait pas de d'habitude. Je n'attendais que la fin de l'heure.
Me grattant le menton, je repense à la soirée d'avant hier. Cette nuit, j'avais noyé mes instants passés dans l'alcool. J'avais bu, tellement bu que je m'étais réveillé le matin avec une horrible migraine. Alors forcément, je n'avais que de vagues souvenirs de ce qu'il s'était passé. Par chance, je n'avais rien fait d'abusif ni d'honteux. J'en étais persuadé...
Mes yeux remontent vers le visage crispé de Jordan, quand soudain le mal de tête d'hier matin me relance. J'esquisse une grimace de douleur et gémis en massant mes tempes.
Le blond croise mon regard, il plisse des yeux. Je fais de même, agacé par sa feignantise,
— T'as fini de rien foutre ? crache t-il.
J'arque un sourcil suite à sa réponse culottée.
— Parce que toi, tu penses faire quelque chose ?
— Je bosse, t'as des yeux non ? À moins que tes lunettes n'aggravent ta myopie.
— Pardon ? crissé-je des dents.
— T'as très bien entendu, quoique en plus d'être aveugle, t'es sûrement devenu sourd au passage.Piqué, j'attrape le cahier posé sur le bureau de Jordan, et lui le jette violemment au visage.
Cette réaction ne me ressemblait pas. Je n'avais pas ces excès de colère habituellement. Mais qu'est-ce qu'il m'arrivait ?
Aussitôt, le brun remonte son visage vers le mien, rouge de colère. Immédiatement, il me tire par le col du tee-shirt, m'entraînant vers l'extérieur de la classe, sous les cris du professeur nous ordonnant de revenir. Jordan n'en fait rien.
— Enlève tes sales mains de moi connard ! rugis-je en le repoussant violemment.
— C'est moi où t'as plus de couilles ? C'est pas ce que tu disais hier !
— Mais t'es malade !
— Et après c'est moi qui passe pour le tarré ? C'est sûr qu'après tous les verres bu, avoir voulu me baiser ne te reviens plus à la mémoire !J'ai un mouvement de recul, ce qui me fait me cogner contre les casiers. Un goût amer remonte dans ma trachée, et je déglutis péniblement. Mais qu'est-ce qu'il disait celui là. Non je n'avais pas fait ça...
Jordan quant à lui semblait très sérieux. Il avance vers moi et aussitôt je me mets à reculer.
Comment était-ce possible ? Je ne me souvenais de rien...
— Arrête de faire semblant Cameron, il poursuit, on sait très bien comment a failli se terminer la soirée.
À cet instant, un flash me revient, puis deux, puis trois, et tous.
— T'as voulu me baiser tellement fort, si tu avais vu ton sexe dressé contre mon jean...
— Ferme la ! secoué-je la tête.
— Mais... t'avais fait les choses qu'à moitié Johnson et...
— Oh putain, mais tu cherches quoi à la fin ! le coupé-je brutalement.D'un mouvement ferme, je l'agrippe par le sweat, et plaque vivement mes lèvres sur les siennes. Sa bouche tressaute contre la mienne, mais il ne m'arrête pas. Ma main s'agrippe contre sa chevelure ébène.
Comment avais-je plus oublier ce qu'il s'était passé l'autre soir.
Brusquement, j'introduis ma langue dans ma bouche. Un gémissement rauque lui échappa, il me rapproche contre son bassin.
— Maintenant, t'as l'occasion de savoir que mardi j'étais conscient de mes gestes, murmuré-je contre sa nuque, essoufflé.
— Ah ouais ? Je pense pas, menteur t'es...Je comprime une de ses fesses après ses paroles. Il se tend.
— Tais-toi, serré-je les dents, en collant mon érection douloureuse contre son bas-ventre.
Ma main descend le long de son jean et caressa sa masculinité. Je sens son désir grandir, les battements de mon cœur allaient défaillir. J'enfouis mes doigts dans son pantalon, et fais claquer l'élastique de son caleçon. Son membre se faisant de plus en plus pressant contre ma paume, je le saisi, m'apprêtant à lui offrir tous les plaisirs qu'il pourrait recevoir, quand Jordan me bouscule.
J'écarquille les yeux, incompréhensif. Je tentai de me rapprocher de lui, lorsqu'il m'arrête immédiatement.
— T'approche pas !
Je fronce les sourcils, voulant caresser sa chevelure, quand il me repousse plus violemment.
— Sale pédé ! T'as vraiment crus que j'appréciais ça ? T'es qu'un pauvre malade.
D'une rage incontrôlée, il me jette au sol et s'élance vers la sortie.
Je reste là, toujours autant ébahi. Qu'est-ce que j'avais fait pour qu'il s'en aille ? Tout était allé si vite. Nous nous étions embrassés comme mardi dernier. Tout m'avait laissé pensé qu'il avait aimé. Sa réaction avait été si extrême et si irrationnelle. Je ne comprenais plus rien.
Et soudain, une seule seconde suffit pour que je comprenne qu'il avait mon avenir entre les mains. Il m'a fait passé pour un agresseur. Mais surtout pour un pédé. Ce qu'il venait de passer entre nous pouvait me coûter cher. Les gestes que j'avais eu envers lui pouvaient se retourner contre moi. Il suffisait qu'il en parle à tout le monde pour que tout s'écroule. Ma image, ma dignité, pouvaient m'échapper à tout moment.
Notre école était très rétrograde, les bruits quant à eux couraient vite. Personne n'aimait les gays. Jamais personne ici n'avait osé afficher son attirance homosexuelle. La société hétéronormée dans laquelle nous vivions s'était dépeinte sur les murs du lycée.
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Nobody Except You
RomanceVoilà plus de 3 ans que je joue ce rôle, sortir avec des filles est devenu une habitude. Sans aucune partie de plaisir, c'est si monotone pour moi que je n'en fait plus attention. Dans notre société la différence fait peur, l'homosexualité en faisa...