Chapitre 2- Les filles, ces harpies

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Cameron

Il était midi, nous mangions au réfectoire du lycée. Alex nous évoquait des anecdotes de sa vie rocambolesque, tandis que Nate et Tyler, affamés, engloutissaient leur repas. Je ne pouvais m'empêcher de rigoler face à l'air concentré qu'avait Alex lorsqu'elle racontait son récit.

— Mange donc Cam, grommelle mon amie en constant le sourire moqueur sur mes lèvres.

Je fais mine de ne pas l'entendre et me lève en retenant mon fou rire.

— Cameron Jayce Parkson, où allez-vous ? se lève t-elle à son tour.
— Tu n'as qu'à venir pour le découvrir, lui lancé-je un clin d'œil.

  La rousse lève les yeux au ciel, en tentant de ne pas éclater de rire. Elle se retourne, dos à moi, et ce n'est pas par hasard ; je l'entends pouffer à son tour.

— Pas très discrète décidément !

  Elle lâche un cri de sursaut en voyant que je suis devant elle.

— T'es vraiment qu'un gamin ! J'aurais pu faire une crise cardiaque !
— Oh pauvre petite mouche, je ricane en lui tirant la langue.

  Elle m'assène une tape derrière la tête en guise de réponse puis croise les bras, d'un air contrarié.

— Je déteste ce surnom, tu le sais !
— Quel dommage hein ? Car moi j'aime bien.
— Cameron...

  Elle me fixe du haut de son 1 mètre 60, son regard se voulant dur et... crédible. Oui vous vous doutez bien que j'ironise. Ah la pauvre...

  Je lui accorde un large sourire avant de me diriger vers la sortie.

— Fais gaffe à ne pas te faire écraser, si j'étais toi je mettrai des talons, petite mouche ! Mais attends...fis-je demi tour avant de la scruter de haut en bas. Ah c'est vrai tu en portes déjà...

Mon amie me tire la langue avant de s'éloigner avec son plateau. Elle avait abandonné la bataille.

Ah ce que je pouvais aimer l'embêter cette Alex, elle était si susceptible.

***

Les cours enfin terminés, je sors rapidement de l'enceinte du bâtiment. Alors que je me dirige vers les arrêts de bus, quelqu'un me bouscule violemment.

— T'es pas fichu de regarder devant toi put...

Le lycéen interrompt sa phrase et me scrute rapidement. Le temps d'un instant, son visage paru comme surprit. Pourtant ses traits se durcirent bien vite. Comme si j'avais osé commettre la plus grosse des erreurs, il serra les dents et me pousse d'un coup d'épaule avant de s'éloigner d'un pas lourd.

Estomaqué par la rapidité de la scène, je secoue la tête avant de me remettre en marche. Ce mec était d'un culot. Il venait de me foncer dedans et au lieu de s'excuser, il m'avait ordonné de me pousser ?

***

De retour chez moi, j'allume mon téléphone et lance Instagram. Une étendue de « j'aimes » et de commentaires défilent sous mes publications. J'étais ce lycéen  blond populaire que l'on voyait dans les films américains, idolâtré par les garçons et désiré par les filles. Ce n'était pas quelque chose qui me déplaisait, ça donnait un air de m'as-tu vu. Je n'avais pas pour autant le caractère du garçon égoïste et narcissique. J'appréciais juste discuter et rigoler avec les personnes de mon bahut.

C'est alors que la voix de ma mère me sort de mes pensées.

— Chéri, une certaine Grace au téléphone.

Je soupire. C'était la combien-tième fille depuis le début d'année ?

Je descends à la cuisine, prends tout de même le téléphone et remonte dans ma chambre.

— Cameron ! piaille la voix criarde de Grace à travers le combiné. J'ai cru que tu n'allais jamais décrocher.
— Puis-je savoir comment est que tu as eu mon fixe ? lui répondis-je en passant ma main sur mon visage.
— Oh peu importe, tu es connu de tous au lycée, les sources proviennent d'un élève.

Elle s'arrête deux secondes puis reprend de plus belle.

— Ça te dirai qu'on se voit ?
— On se voit tout le temps, tous les jours Grace, soufflé-je. Je n'ai même pas une heure de répit.
— Qu'insinues-tu par là ?
— Que tu m'oppresses  ! Cameron par si, Cameron par là. Quand aurais-tu fini ce cinéma ? J'ai besoin de tranquillité.

Je prends une inspiration, tentant de garder mon calme.

— Tu plaisantes ? poursuit la fille. J'ai fait des efforts ! Et puis c'est normal, je suis ta copine...
— Tu n'es pas ma copine, justement ce n'est pas logique ! Tu vois, je n'ai pas la tête à m'énerver donc on va mettre fin à cet appel de suite.
— Attends ! me retient-elle d'une voix suppliante. Ça veut dire quoi là ? Tu me quittes ?
— Grace, tu connais la réponse, il n'y a rien entre nous. Il ne s'est rien passé et ne se passera jamais rien.
— Mais alors pourquoi as-tu accepté que l'on se voit quelques fois au lycée si il y a rien entre nous ?

Touché.

Je raccroche immédiatement. Grace m'avait demandé à multiple reprises que nous nous dations, ce que j'avais à moitié refusé. En réalité, je me forçais à fréquenter des filles afin d'avoir cette réputation de coureur de jupon. J'avais l'apparence d'un hétéro et personne ne pouvait émettre l'hypothèse que mon attirance se tournait vers le sexe masculin.

Alors qui sera la prochaine à me faire la cour ? Une blonde, rousse ou châtine ? Sortir avec des filles était un rituel presque corvéable, mais c'est ce que j'avais signé pour rester dans les cases de cette société hétéronormée. Et si, à la place d'une brunette, un garçon prenait la place de chacune d'entres elles qui m'avaient auparavant côtoyé ? Les dés seraient déjà lancés, la relation me semblerait plus sensationnelle et attractive. M'enfin, tout ça ne restera qu'un fantasme irréalisable, impensable même.

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