Nobody Except You

Chapitre 26- Évènements qui s'enchainent

Cameron

  Je marche seul dans les couloirs. Alex et Tyler sont en cours d'économie.

  Charlène ne cesse de m'envoyer des photos d'elle et Jordan. Elle sait que je déteste ça. De toute façon, son copain la trompe. Je le vois régulièrement traîner avec cette mystérieuse brune. Elle l'attend tous les soirs devant le lycée. Elle est grande, mince et souriante. J'aurais d'ailleurs aimé tirer quelques informations à son sujet, mais lorsque j'en ai parlé à Alex, cette dernière ne la connaissait pas, à mon plus grand désarroi. Personne d'ailleurs. J'ai alors pensé qu'elle était nouvelle au lycée. Mais c'était impossible, elle n'était pas élève ici. D'où venait t-elle alors ?

— Et merde ! s'exclame soudainement une voix.

  Je m'immobilise. Nate se trouve devant moi. Il avait fait tomber une énorme pile de livres. Son regard est dirigé vers les bouquins éparpillés tout le long du couloir.

  Instinctivement, je m'avance vers lui et me penche pour ramasser les manuels. Il me fixe, déboussolé.

— Tiens, lui donné-je un livre.
— Laisse...

  Je n'ai pas envie de l'écouter. Mes gestes sont mécaniques. Alors, il se penche à son tour. Je ne le regarde pas, me contente de récupère le dernier livre avant de le lui le tendre. Nate le saisi maladroitement. Il se reprend bien vite.

— Bonne journée... Cam.

  Cam... ce surnom qu'il me donnait et qui ne m'avait plus jamais quitté depuis toutes ces années. Et pourtant, cela commençait à faire longtemps désormais qu'il ne m'appelait plus ainsi, puisque nous ne nous parlions plus. Mais qu'est-ce que j'étais content d'entendre ce surnom sortir de sa bouche.

Je le regarde s'éloigner, ses bras chargés de bouquins. J'ai espoir qu'il me pardonnera.

***

  Charlène est devant moi. Elle n'est pas seule malheureusement, c'était à s'en douter. Jordan lui tient la main, il semble... ailleurs. Peut être que je m'imagine ça, ou plutôt que je le souhaite, comme pour sortir cette idée de ma tête. Cette idée que lui et cette garce soient ensemble. Non seulement il est infidèle, mais en plus immature. Je ne sais pas si son but est de m'énerver, de me frustrer... merde ! J'en sais rien ! Il me fout les boules, lui et sa petite vie parfaite. Il m'agace profondément et je sais qu'il en est conscient ! C'est certainement ce qu'il l'amuse de me voir chier. Or je ne vois pas ce qu'il y'a de marrant.

  Charlène se tourne parfois vers vers moi, sans doute pour s'assurer que je suis toujours derrière eux. Que je les vois toujours aussi bien entrain de rire de façon complice, de se caresser doucement la main, ou alors de s'embrasser. Ils m'écœurent. Je fulmine en attendant que la queue du self avance. Elle est interminable. D'ailleurs, je ne comprends pas pourquoi les deux tourteaux mangent ici, ce n'est pas dans leurs habitudes. Ils préfèrent au contraire les endroits isolés et plus distingués.

  Je sors mon téléphone, espérant avoir ne serait-ce qu'un message de Nate. Cette histoire commence réellement à me faire peur. On ne se parle plus, et c'est beaucoup trop long. Peut être ne me pardonnera t-il jamais ? Non, ce serait impossible... J'étais persuadé tout à l'heure que la hache de guerre allait être plantée.

— Cam ?

  Je me retourne vivement, en manquant même de me cogner contre le mur.

Non ce n'était pas lui...

  Alex et Tyler sont devant moi. La jeune fille me saute dans les bras.

— On a fait vite, la prof nous a fait sortir en retard, m'explique t'elle.
— Il faut sécher dans ces cas là, je ricane en lui faisant un clin d'œil.
— Oh... c'est vrai que c'est pas bête, hein, bébé ? s'adresse t-elle à son copain, resté depuis le début silencieux.

Contre toute attente, Tyler écarquille les yeux avant de secouer la tête.

— Non mais hors de question Alex, ça va pas.
— Pff t'es pas drôle toi, intello va !
— Pardon ? s'exclame le brun, j'ai pas bien entend...
— Oh que si, je peux te le répéter plus fort si tu veux !

  Le garçon s'avance, il la saisi par le poignet. La jeune fille glapit avant de se cacher derrière moi.

— Attrape moi si tu peux ! le nargue t-elle en lui tirant la langue.
— Oh oh, doucement les cocos ! Calmez vous, moi je ne vous sert pas de pooching ball !
— Approche Alex et je vais te faire regretter !
— Non, toi d'abord ! Microbus !
— T'as dis quoi là ! J'ai pas bien entendu ! C'est moi le microbus ?

  Il semble que la remarque de sa copine l'ai réellement piqué. Enfin il s'en remettra... À vrai dire, mon ami tient beaucoup à sa virilité, et pour le coup elle est plus qu'au point mort.

Moi, je les fixe, larmes aux yeux tant cette scène est d'un comique et d'un ridicule. Je décide de m'écarter, si bien qu'Alex reste seule face au brun.

La jeune fille me regarde horrifiée.

— Cam, t'es pas sérieux là ! Tu ne peux pas m'abandonner comme ça...

  Un sourire narquois se dessine sur mes lèvres. Oh ma belle, il fallait y penser avant...

  Aussitôt Tyler l'attrape par la taille, et la plaque contre lui.

— Cameron, maugrée t-elle, face à ma coopération avec son copain.
— Oups, pouffé-je.
— Je te déteste !
— Merci, mec ! ricane Tyler en me faisant une tape amicale sur l'épaule.

  Nous nous regardons en éclatant de rire. 

— Pas de soucis, quand tu veux.
— Espèce de traître ! me hurle désespérément Alex.
— De rien !

  La file avance, nous remplissons nos plateaux, et mangeons.

  Le repas terminé, je me dirige vers les toilettes. Il n'y a personne, enfin... je le pensais...

  La porte s'ouvre à la volée et quelqu'un entre. Ses pas sont lourds et déterminés. Je ne me retourne pas. Il s'est arrêté. Ce silence me ronge, je ne l'apprécie pas, et le crains même.

— Tu as peur, Cameron.

  Cette voix résonne dans la pièce close. Je tressaillis. Il ne peut pas être là...