CHASED - TERMINÉE

II

Je me suis réveillée un peu plus tard dans la nuit. Le soleil n'est pas encore levé mais la chambre baigne dans la lumière des lampadaires extérieur. Je tourne la tête et découvre que Miller dort à mes côtés. Bien qu'encore confuse, je réalise qu'il faut que je m'en aille d'ici au plus vite. Je me lève doucement du lit, mais les bras de Miller autour de ma taille se resserrent quand il sent mon départ.

J'essaie de me libérer de son étreinte, mais il gémit et murmure quelque chose.

— Reste. Dit-il.

J'arrête mes mouvements et attends qu'il s'endorme à nouveau pour continuer mon exfiltration. Au lieu de cela, il resserre ses bras et continue de parler.

— Ne me laisse pas seul. Être seul me rend triste. Gémit-il.

Je ne crois pas qu'il sache ce qu'il dit mais ses mots résonnent dans ma tête. Harvey Miller est le garçon le plus solitaire que je connaisse. Il déteste tout le monde, tout le monde a peur de lui et ça semble le satisfaire. Il ne peut pas détester être seul s'il cherche toujours la solitude.

Sans trop réfléchir, je me recouche à ses côtés. Dans mon état alcoolisé et fatigué, lutter contre une telle masse semble inutile. Il bouge et pose sa tête sur ma poitrine. Ses boucles me chatouillent et c'est une sensation étrange de voir Miller si différent.

Je ferme les yeux et me rendors assez rapidement mais ce qui semble être 5 minutes plus tard, je sens quelqu'un me secouer pour me réveiller. J'ouvre les yeux mais suis éblouie par la lumière du jour.

— Debout, fainéante. Dit une voix féminine que je crois être celle d'Elsa.

J'ouvre les yeux pour voir la belle blonde, les bras croisés, me regardant sévèrement.

— J'espère que tu as bien dormi pendant qu'on nettoyait toute la maison.

Je grogne et Elsa rigole. Elle s'assoie à mes côtés et me raconte les moments de la soirée que j'ai apparemment manqué, sans jamais mentionner Miller. Peut-être que j'ai tout simplement rêvé et que je suis juste aller me coucher seule ? Cette version semble plausible.

Après avoir pris une douche, je suis rentrée chez moi. La journée s'est écoulée sans incident, et je n'ai eu aucune nouvelle de Miller, ce qui m'a confortée dans l'idée que rien ne s'était passé. J'étais sûrement trop ivre pour avoir des idées aussi confuses.

**

Nous sommes lundi matin et je me rends au lycée, les écouteurs dans les oreilles lorsque je vois Lyam, un très bon ami. Je retire un écouteur et l'appelle, mais il m'ignore. Je m'approche et attrape son bras pour l'arrêter. Il se retourne, faisant mine d'être étonné.

— Oh, tiens, Hannah ! Tout va bien ? Dit-il

— Pourquoi tu m'évite ? Je demande directement.

— Je ne t'évite pas, enfin... Il ment maladroitement.

— Lyam, arrêtes de jouer et dis-moi la vérité.

Il se gratte la nuque et soupire.

— J'ai entendu dire que... Il s'arrête, mais je le pousse à continuer avec mon regard inquisiteur. J'ai entendu dire que tu étais avec Miller. Comme tout le monde, je n'ai pas envie de me frotter à lui alors je préfère t'éviter. Désolé Hannah.

Il termine sa phrase et s'éloigne rapidement, la tête basse. Je déglutis, anticipant déjà la journée infernale qui m'attend.

En arrivant au lycée, je sens tous les regards se poser sur moi. Je n'ai jamais été très populaire, j'ai juste mon groupe d'amis, mais je n'ai jamais été autant scrutée. Vivre cette situation me perturbe.

A mesure que j'avance dans le couloir, j'entends des rumeurs se propager. Bordel, j'aurais mieux fait d'embrasser Steve et tout serait différent à l'heure actuelle. J'entends les gens parler, inventant déjà des histoires sur cette prétendue relation entre Miller et moi.

— Sortir avec Miller ? Tu me déçois franchement, Hannah. Une voix s'élève dans le couloir et c'est la goutte de trop.

— MAIS, BORDEL, JE NE SORS PAS AVEC CE TARÉ. Hurlé-je, la rage que j'ai gardée depuis l'échange avec Lyam éclatant.

Un silence s'installe, brisé seulement par le bruit d'un casier qui se referme à ma gauche.

Je tourne la tête et croise le regard noir de Miller, au bout de sa patience. Son regard chargé de haine est braqué sur moi. Il se rapproche dangereusement et me bouscule violemment avant de partir vers la porte.

Les spectateurs retiennent leur souffle, tandis que je reste figée, terrifiée. Je viens de contrarier le garçon le plus redouté du lycée. Bravo, Hannah. Tu as scellé ton destin.

**

Depuis cet incident dans le couloir, j'essaie de me faire discrète et d'éviter Miller. Jusqu'à présent, cette tactique a plutôt bien fonctionné.

Je sors du réfectoire pour me rendre aux toilettes. En ressortant d'une cabine, je trouve Miller appuyé contre l'encadrement de la porte. Je déglutis et articule péniblement quelques mots.

— Ce sont les toilettes des filles.

Il esquisse un sourire malicieux et lève un sourcil.

— Vraiment ?

— Oui.

— Je me suis trompé, alors.

Malgré cela, il s'approche et pose sa main sur ma joue. Pétrifiée par la peur, je reste immobile.

— Je suis peut-être taré, mais il m'a semblé que tu as apprécié la nuit qu'on a passé ensemble.

Je reprends mon souffle, perplexe.

— Il ne s'est rien passé entre nous.

Il sourit.

— Tu en es sûre ?

J'hoche la tête. Il tire alors le col de son t-shirt vers le bas, dévoilant une ligne de suçons suivant la trajectoire de sa clavicule. Je fronce les sourcils.

— Ça ne veut rien dire. Dis-je.

— Ça veut tout dire. Répond-il en s'éloignant vers la porte. Au fait, j'aime beaucoup ton tatouage en bas du dos. Puis il disparaît dans les couloirs.

Je déglutis. Personne ne connaît l'existence de ce tatouage. Je l'ai fait à 15 ans mais maintenant je regrette et prévois de le faire retirer. Je ferme les yeux et passe les doigts sur mes sourcils. S'il sait que j'ai un tatouage, c'est bien parce qu'il l'a vu...