Point de vue Harvey :
Et tout ce que je parviens à faire, c'est la voir partir. C'est la voir s'éloigner loin de moi.
Je suis conscient qu'elle n'a aucune idée de ce qui vient de se passer dans l'esprit de Lewis, ce qui est compréhensible au fond, car elle ne le connaît pas. Mais moi, je le connais. Moi, je sais. Et je ne veux pas être la cause de son malheur.
Je souffle en passant mes mains sur mon visage puis je me mets à marcher en direction de chez moi. Je ne vais pas la poursuivre, elle finira bien par comprendre. Elle est suffisamment mature pour réaliser que parfois les gens peuvent être durs pour son bien-être.
Je marche en repensant au sourire sournois de Lewis. Ce type avait quelque chose en tête, et je sais qu'Hannah va devenir sa nouvelle cible pour m'atteindre.
Je ne supporte pas l'idée qu'il puisse penser qu'elle compte pour moi, personne ne compte pour moi. Mais je ne peux pas laisser une innocente dans une telle galère par ma faute. Peut-être que je suis une personne lamentable, mais je ne suis pas un connard qui laisse les autres payer à sa place.
Point de vue Hannah :
Assise sur le bord du pont, j'observe les voitures passer en-dessous de moi. Aucune intention de sauter ne me traverse l'esprit, je profite simplement de l'air frais, ce qui me fait un bien fou.
Je soupire une fois de plus, et mon estomac émet un son guttural. Je tire mon téléphone de ma poche pour vérifier l'heure.
12h24.
Et merde, mes parents vont s'inquiéter d'ici peu si je ne rentre pas. Je soupire, encore, et décide d'envoyer un SMS à ma mère.
« Je mange chez Elsa, ne m'attendez pas. Gros bisous. Hannah. »
Évidemment, je ne mange pas chez Elsa, mais je suis si bien dehors que je préfère manger quelque part ailleurs. Je descends du rebord et me dirige vers la boulangerie du coin.
En entrant dans le magasin, je choisis une petite salade faite maison. Je m'installe à la dernière table libre et savoure tranquillement mon repas, perdue dans mes pensées.
Soudain, une voix me tire de ma rêverie, et en levant la tête, je me retrouve face à un jeune homme aux cheveux rouge sang.
— Excuse-moi, est ce que je peux m'asseoir ici ? Toutes les tables sont prises, et entre nous, tu es la seule qui me paraît aimable. Dit-il avec une petite grimace.
Je souris et lui fais un geste pour qu'il prenne place. A son tour, il esquisse un sourire et s'assoit, commençant à déguster son en-cas pendant que je termine tranquillement le mien.
— Tu es d'ici ? Me demande-t-il, la bouche à moitié pleine.
Je hoche la tête et lui retourne la question.
— Moi aussi, mais c'est bizarre qu'on ne se soit jamais croisé quand même. Dit-il, pensif.
En y réfléchissant, il a raison. Je ne me souviens pas d'avoir croisé un garçon aux cheveux d'une telle couleur. Je termine mon repas tout en discutant avec lui, puis, une fois fini, je lui souhaite une bonne journée puis retourne m'asseoir sur le rebord du pont.
Balançant mes jambes dans le vide, je repense à l'histoire avec Miller, toujours troublée par cette situation. De quel danger parlait-il vraiment ?
— Je me disais bien que tu avais un air triste, mais s'il te plaît, ne saute pas. Dit une voix, me prenant au dépourvu.
Je me retourne et découvre le même garçon qu'à la boulangerie. Esquissant un sourire, je secoue la tête.
— Je ne vais pas sauter. J'aime simplement être ici. Dis-je, haussant les épaules.
Il prend place à côté de moi, scrutant le paysage en silence. Inspirant profondément, il sourit, les yeux fermés, comme s'il savourait l'instant.
— Je comprends pourquoi tu aimes cet endroit. Commence-t-il. C'est complètement fou, ce mélange de sensation. Tu te sens libre en voyant ce paysage et sentant tes jambes ne plus toucher le sol. Mais il y aussi cette peur minime de tomber et de ne plus jamais revoir un tel spectacle. Et l'odeur de la ville qui nous rappelle que nous sommes prisonniers des humains, prisonniers de la modernité. C'est un mélange de sentiments étranges mais qui procure un bien être plaisant.
Je le scrute en souriant. Il vient de décrire exactement ce que je ressens quand je suis ici. Je ne trouve rien à ajouter, alors je me contente de le regarder. Son regard dévie du paysage pour se poser sur moi.
— Moi c'est Mitchell, enchanté. Dit-il, une main tendue vers moi.
Je la prends et la secoue.
— Hannah, ravie de te connaître.
**
J'ai passé la journée entière sur ce rebord à discuter avec Mitchell, et nous n'en sommes descendus qu'une fois le soleil complètement couché. C'était une vue magnifique.
Mitchell est une personne haute en couleur, avec une joie de vivre communicative. J'ai appris beaucoup de choses sur lui, comme le fait qu'il ait 20 ans, qu'il travaille dans un magasin de BD et qu'il adore faire de la musique.
Je sors de la douche et me change en pyjama lorsque mon téléphone vibre. Je le saisis et constate que j'ai deux nouveaux messages, un de Mitchell et un de Harvey. Je choisis de lire d'abord celui de Mitchell, privilégiant la lecture d'un message empreint de bonne humeur plutôt que celui qui risque probablement de m'annoncer un « grand danger SOS ».
« Bien rentrée ? Mitch. »
« Oui, merci de m'avoir tenu compagnie, c'était cool. Hannah. »
Je m'attaque enfin au message de Miller.
« Tout vas bien ? H. »
Je fronce les sourcils, les événements de la matinée se précipitant dans ma mémoire. Il a du culot de me poser cette question après m'avoir traitée comme une gamine.
« Qu'est-ce que ça peut te foutre, Miller, sans déconner ? Hannah. »
Je lance mon téléphone sur le lit et démêle mes cheveux mouillés. Cet homme à le don de me mettre furieusement en colère. Pour le reste de la soirée, je décide de ne plus toucher à mon téléphone. J'ai décidé de profiter de mes parents pour la soirée. Les pauvres pensent connaitre leur fille, alors qu'ils ne sont même pas au courant de la situation dans laquelle je me trouve. Leur offrir un peu de ma présence est le minimum que je puisse faire.
Nous avons regardé un film comique à la télé tout en dégustant des popcorns. Entrer à nouveau dans mon cocon familial m'a procuré un réel bien-être, quelque chose qui me manquait beaucoup.
En remontant dans ma chambre, je prends finalement la décision de déverrouiller mon téléphone. Trois nouveaux messages s'affichent.
« Tu as raison, je n'en ai absolument rien à foutre. H. »
« Tu es si stupide. Acceptes que les gens puissent s'inquiéter pour toi. Ça ne me plaît pas plus qu'à toi de t'avoir mis dans cette merde colossale avec moi, mais j'essaie d'arranger les choses. J'ai juste besoin de savoir que tu ne sois pas encore morte histoire de savoir si ça sert encore à quelque chose d'épuiser mon énergie pour toi. H. »
Je lis, mais je ne réponds pas. A quoi bon ? Tenter de discuter avec lui semble inutile. De toute façon, il est fermé à toute discussion, ignorant que jusqu'à maintenant, c'est moi qui ai été là pour lui, à chaque fois. Il ne semble pas prendre en considération que, moi, je puisse m'inquiéter pour lui, surtout en constatant qu'il continue de se retrouver face à ces individus qui n'aspirent rien de bon. Je préfère le laisser réfléchir de son côté, avec l'espoir qu'il ouvre les yeux et adopte un comportement plus responsable, bien que mes doutes persistent.
« Douce nuit, mademoiselle Hannah :) Mitch. »
Je réponds à Mitchell et dépose mon téléphone, espérant trouver le sommeil. Étonnement, cela ne tarde pas, et mon esprit s'envole vers le pays des rêves.
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CHASED - TERMINÉE
Teen FictionDans un monde où les liens peuvent être aussi étroits que dangereux, plongez dans l'histoire d'Hannah et Harvey, un duo pris dans un tourbillon émotionnel et une course effrénée pour la survie. Hannah, intelligente et déterminée, est piégée dans une...