CHASED - TERMINÉE

XVIII

La voiture d'Harvey s'immobilise non loin d'un musée emblématique de Londres : le National Gallery. Je fronce les sourcils, totalement perplexe.

— Tu es au courant qu'il est... Je regarde ma montre. 19h32 ?

— Et alors ? Réplique-il.

— Le musée est fermé depuis 18h Harvey. J'ajoute.

— Pas totalement. Il détache sa ceinture et ouvre sa portière. Viens.

Il quitte sa voiture et je reste quelques instants à ma place, totalement confuse. Il toque à sa fenêtre, ce qui me permet enfin de sortir de ma torpeur. Je me détache et sors discrètement de la voiture, veillant à ne pas faire trop de bruit.

— Qu'est-ce que tu fais ?

Il pose son doigt sur ses lèvres pour me signifier de rester silencieuse, puis il me tend sa main que j'attrape, toujours confuse. Harvey m'entraine en faisant le tour du bâtiment en position accroupie. Finalement, nous nous retrouvons dissimulés à l'angle du bâtiment voisin, observant la porte arrière, ouverte, où deux agents de sécurité fument leur cigarette.

Je tire le bras d'Harvey pour attirer son attention, et une fois son regard sur moi, je lui lance un regard incrédule pour lui faire comprendre que je commence à m'inquiéter de ses idées audacieuses. Il répond avec un sourire en coin, puis lance un caillou sur une poubelle à l'autre côté de nous.

Les deux agents de sécurité tournent simultanément leur tête vers le bruit et se dirigent vers lui avec leur lampe torche. C'est à ce moment-là qu'Harvey me tire brusquement, et nous courons jusqu'à la porte du musée.

Il vient de m'introduire illégalement dans l'un des plus grands musées de Londres. Nous courrons le plus vite possible pour nous éloigner de la porte, et au premier virage, je m'arrête brusquement, attirant l'attention de Miller.

— Bordel, Harvey, ça ne va pas ? Dis-je, sourcils froncés et le souffle court.

Pour seule réponse, il se contente de rire.

— Détends toi et profites. C'est certainement la seule fois où tu verras le National aussi vide de ta vie. Il dit en embrassant mon front.

Je me laisse finalement guider par Harvey, sa main toujours dans la mienne. Nous explorons chaque salle du musée, passant par les œuvres de Botticelli, Michel-Ange, Van Gogh, Rembrandt, pour finir par l'impressionnant tableau de Rubens, "Samson et Dalila".

Tandis que Miller observe d'autres œuvres présentes dans la pièce, je m'attarde sur chaque détail du tableau. Je ne suis pas particulièrement fan de la peinture du XVIIe siècle, ni même de l'art en général, mais cette œuvre dégage quelque chose d'extraordinaire qui m'empêche de détourner les yeux.

Je sens Harvey s'approcher de moi, son souffle caressant mon cou. Instantanément, des frissons parcourent l'ensemble de mon corps lorsque sa main effleure délicatement mon avant-bras.

— J'espère que tu es prête à commencer le jeu... Chuchote-t-il dans mon oreille.

Je déglutis, ressentant ses lèvres humides déposer un baiser dans le creux de mon cou.

— Que la partie commence... Ajoute-t-il alors qu'il place doucement un bandeau sur mes yeux, m'aveuglant complètement. Mon univers visuel disparaît, laissant place à une expérience où seuls mon ouïe et mon toucher prendront le relais.

Je me retrouve ainsi plongée dans l'obscurité, le bandeau limitant ma perception du monde. Mes autres sens sont en alerte, captant chaque son, chaque mouvement, dans l'espoir de comprendre le jeu mystérieux d'Harvey.