2.0

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venti

« fou de coller le corps sur le mot
pour y trouver le corps
Fou de se coller aux mots,
de s'y coller l'oreille
pour y trouver l'oreille,
de s'y coller la bouche
pour y trouver la bouche.
Pourquoi ne dis-tu rien ? Je cherche, en vain »

Tout semblait faux, et pourtant si réel.

Le jeune danseur ne sentait pas ses mains broyer le tissu de l'encolure de son aîné.
Il n'entendait plus sa voix tonitruante qui expulsait les immondices qui pullulaient son cerveau depuis le début du levé du soleil.

Il était totalement absent. Son corps était vide et sans force.

Comme si son cerveau avait scanné cette scène, et l'avait enregistré à jamais.

Le vide l'engloutit lorsque les mains douces de Jinyoung se posèrent sur les siennes, le faisant cesser tout mouvement.

Il se rappela la douceur de ses mains, toute la nuit. Il se souvint de son regard vide se planter dans le sien avant qu'il se retrouve face au mur.

Il se souvint à quel point il avait détesté adorer ça.

- Hyung, commença-t-il de sa voix larmoyante. Pourquoi tu me fais ça...

Sa question demeura sans réponse.

Déchiré entre deux mondes, il laissa ses paupières se rabattre, et se laissa choir sur son aîné, abattu.

Dans les ténèbres forcés de ses yeux masqués, il imagina, et ressassa chaque ombre, chaque reflet, et chaque pli de peau de cette nuit.

Il pouvait encore sentir son effluve. Son effluve qui emplissait tant la pièce, emplissait ses narines délicates qui s'étouffaient contre les oreillers.

Il paraissait si muet, lorsque ses mâchoires mordaient les édredons.

Il se souvint, de la manière dont son aîné avait juré dans son oreille alors qui commençait à y prendre son pied.

Il se souvint qu'il s'en était voulu d'avoir les larmes aux yeux tant son extase était à son apogée.

Il se souvenait de tout. De chaque caresse, de chaque baiser, de chaque morsure, de chaque poignée de main ferme. De chaque soupir.
De chaque gémissements étouffés.

Il se souvint qu'il ne trouvait pas cela réel. Que tout semblait qu'un paysage chimérique et idyllique.

Tout était maladroit mais orienté dans un seul et même but: s'adonner à une expression de sentiments plus exaltante.

Ils s'étaient enfermés dans une bulle de savon, parfaite et illusionniste, seulement, il fallait qu'elle éclate, tôt ou tard.

Yugyeom savait que quelque chose n'allait pas se passer comme prévu.

Qu'après s'être donné corps et âme, il allait en payer les conséquences.

Quelles conséquences ?

Les conséquences d'aimer.

Alors après leur délassement maculés de sentiments brouillés et brouillons, l'un devait être insatisfait.

Comme si la réalité devait les pousser encore plus loin, comme si ils devaient se déchirer un peu plus chaque jour, chaque fois.
Comme si chaque retrouvaille devait être toujours plus compliquée à reconstruire que facile à détruire.

Le château de carte s'effondra lorsque le corps de Jinyoung, soûl et vidé se décolla de celui de son amant d'un soir.
Et qu'il bafouilla ces quelques mots tranchants.

puéril - jinyeomOù les histoires vivent. Découvrez maintenant