2.1

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ventuno

Le soleil frappait à la porte, inondait les rues, et la pluie s'asséchait peu à peu sur les joues du plus grand.

Il se savait pourtant très émotif. Mais pas aussi menteur.

Ce matin là, il n'avait qu'une envie, que le temps soit accordé à son cafard constant.

- Pourquoi il fait soleil, bordel, jura-t-il dans sa barbe, se grattant nerveusement la nuque.

Il se grattait tellement fort qu'il crut s'arracher des lames de peau. Mais il ne s'arrêta pas pour autant. Il n'avait pas mal.
Pas là.

Sa main dévala son cou, ses clavicules et il se gratta machinalement son torse nu qui se soulevait faiblement sous sa respiration anarchique.

- Yugyeom... Ferme ce volet, il est cinq heures qu'est-ce que tu fous, grogna Bambam avec un accent prononcé.

Le matin, le thaïlandais avait du mal a faire un effort pour se faire comprendre.

- Et c'est cool, il fait soleil.

Yugyeom ne voulait pas qu'il fasse soleil. Il sentait son torse exposé à la lumière rayonnante réchauffement son coeur et sa mine cadavérique.

Je veux qu'il pleuve.

Le soleil allait le rendre un peu moins aigri.

Un court instant, il s'imagina rire.

Son esprit dévia rapidement dans un buisson épineux.

Il s'imagina rire avec Jinyoung.

Non je veux qu'il pleuve.

- Bon Yugyeom, je veux bien comprendre que t'es vraiment blanc comme un cul, et que tu veux bronzer, mais C'EST PAS LE MOMENT. Il est cinq heures je veux DORMIR, tonna-t-il en rabattant son coussin sur le visage.

Le plus jeune observa vaguement son ami qui venait de le déranger dans ses pensées encombrantes.

À cause de lui il ne pensait plus. Il ne détacha pas son regard vide et son visage inexpressif du thaïlandais qui s'était mis à fixer lui aussi, le maknae, craintif et totalement perdu.

Yugyeom papillonna des paupières, reprenant soudainement ses esprits.

- Je vais manger, déclara-t-il en prenant le pas vers la porte.

Il ne prit pas la peine de fermer celle-ci, ni les volets, qui laissèrent donc la lumière aveuglante se répercuter sur chaque mur.

- Yugyeom les vol– La PORTE !

Ses yeux ébènes étaient plongés dans le liquide noir et amer qui fumait faiblement.
Ses dents avaient fait prisonnière sa lèvre inférieure, et commencèrent à la mordiller.
Un goût métallique et désagréable vint se rajouter à l'arrière goût âcre de son café trop fort et pas sucré.

Il ne savait pas faire le café. D'habitude c'était Jinyoung qui le lui faisait. Toujours.

Lorsque son prénom apparût dans son cerveau ralentit, sa lèvre se déchira dans un craquement étouffé.

Un juron franchit la barrière de ses lippes mutilées.

Il apporta la naissance de son pouce à ces dernières, pressant dessus avant de découvrir une goutte ensanglantée, d'un rouge profond et noir.

Il plongea ses yeux avides dedans, comme un vampire assoiffé.

Puis s'y perdit. Encore.

Avant d'essuyer sa main tachée sur sa cuisse nue.

puéril - jinyeomOù les histoires vivent. Découvrez maintenant