2.8

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ventiotto

Il avait relu,
des dizaines, des centaines, et des milliers de fois,
ces messages, ces lignes brutes, et ces lettres cinglantes.

Il en connaissait par coeur chaque virgule, chaque point, chaque mot.

Il avait attendu son message. Il n'était pas venu.

Il s'y attendait. Mais ça l'avait déçu.

Alors il ne lui avait pas reparlé du séjour.

Ils s'étaient découverts une nouvelle distance. Cette vraie distance. Tantôt virtuelle que réelle.

Aucun signe de vie n'émanait de son nom de contact insignifiant dans son répertoire téléphonique.

Seules des nouvelles nonchalamment demandées aux autres membres apparaissaient parfois, restant hasardeuses et vagues, lâchées entre deux lignes comme des "oui il va bien", ou encore "il a l'air occupé".

Il se maudissait intérieurement. Ce n'était pas la première fois qu'il lui disait ça. Qu'il lui faisait cet aveu, cette déclaration. Enfin, déclaration. D'habitude cela ne sonnait pas comme une déclaration.
Et Jinyoung ne savait pas exactement si c'en était une ou non. Il ne savait pas ce qu'il avait écrit. Ce qu'il lui avait dit. Ce que cela signifiait.

Mais après réflexion, la situation était mal choisie. Le timing non-plus.

Alors Jinyoung ne s'était pas préoccupé plus longtemps que ça. Il s'était vidé l'esprit, avec toute la force qui lui restait, et s'était évadé de ses pensées moroses pour une semaine entière.

Il avait profité, il s'était détendu, et il avait surtout, oublié.
Comme si tout était banal. Il avait opté pour la facilité.
L'autre aussi, l'avait fait. La preuve, il n'avait fourni aucune réponse.

Mais finalement, Jinyoung l'en remerciait silencieusement. Que ce serait-il passé ? Sa réponse, quelle qu'elle soit aurait provoqué une tempête sans fin, un déluge dévastateur.

Bien que leur relation était constamment orageuse, malmenée par leur comportement lunatique et indifférent, il leur fallait de bien s'entendre. Et ils y arrivaient.

Ce n'était pas aussi simple d'oublier, de faire semblant, ou comme si rien ne s'était passé.

Yugyeom dominait totalement dans ce domaine. Et Jinyoung n'était qu'un novice à ses côtés.

Là où ils se partageaient la première place était sûrement leur indifférence inébranlable.

Leur ignorance mutuelle sans faille.

Il pouvait se passer des jours sans que l'un ne calcule l'autre. Rien de spécial ne se passait. Rien ne se laissait transparaître. Pas une once de compassion, ou d'affect particulière. Pas une once de dégoût, de haine ou de rancoeur. Tout était soigneusement et parfaitement rangé profondément dans leur coeur.

Jinyoung commençait à saturer. Il ne savait plus où se ranger, ni comment agir. Il semblait rempli de trop de choses. Ça débordait et sa coquille commençait à déborder. Si bien que lorsqu'il rentra au dortoir, après son repos bien mérité chez ses parents, et vit Yugyeom, il ne savait pas quoi faire.

Un léger sourire ornait ses délicates lèvres, et il s'était présenté face à son aîné, la mine gaie, mais inexpressive. Rien ne rendait spécial Jinyoung à ses yeux. Il le regardait comme il en regardait un autre.

Le pire, fut lorsqu'il sentit ses longs bras finement musclés s'enrouler avec une généreuse force autour de son corps tremblant.

Il l'avait salué comme il aurait salué un autre.

puéril - jinyeomOù les histoires vivent. Découvrez maintenant