puéril - jinyeom

3.7

trentasete

Leur amour était terne, et leur regard brillant.
Toutes ces estafilades encrassaient leur passion et zébraient de haine leur coeur courbaturé.
Et pourtant, aucun d'eux ne fit quelque chose.

Mark était parti, laissant derrière lui un silence lourd et deux hommes déchirés.

Yugyeom restait là, debout bêtement, rongé par ses regrets. Il avait couru, et ses cheveux étaient en désordre, et il haletait discrètement.

- Viens, assieds-toi tu vas pas rester debout comme un con, proposa Jinyoung, un petit sourire sur les lèvres.

Le brun laissa s'échapper un léger rire, puis se baissa pour prendre la place qu'occupait récemment l'américain.

Et ses yeux voyagèrent. Ils parcouraient l'étendue qui se déroulait devant lui, mais il évitait le regard transperçant du noiraud.

- Je crois qu'on a beaucoup de choses à se dire, soupira-t-il en quittant des yeux le plus jeune.

Lui qui ne voulait pas en parler, voilà qu'il s'y retrouvait forcé.

Leurs cuisses se touchaient d'une chaleur étrange, leurs épaules se frôlaient et leurs mains se chatouillaient.
C'étaient ces petits gestes, infimes, indescriptibles mais si important qui les rassuraient et leur évitaient de se perdre dans des accusations sans nom.

- Ce que tu as dit était vrai ? commença le chanteur d'une petite voix.

Yugyeom se pinça les lèvres, tourmenté. Il avait envie de lui crier que non. Il avait envie de lui hurler qu'il voulait être avec lui. Il voulait tout lui dire.
Et en même temps, il ne voulait pas desceller ses lèvres.

Le brun fixait ses pieds se balançant dans le vide, l'air inexpressif mais le cerveau en ébullition alors que Jinyoung raccrocha ses prunelles sur lui et son visage d'enfant mature.
Les ombres éteignaient les derniers rayons de soleil, et juste l'astre lumineux persistait faiblement dans ses orbes noires.

- Enfin, je suppose que tu as raison. Ça nous bouffe de l'intérieur, et ça ronge chaque petite miette de bonheur.

Le noiraud attrapa délicatement la main de Yugyeom alors que ce dernier s'était totalement fermé dans son silence pesant.
Et ce contact déclencha une décharge qui traversa leurs deux corps bouillonnant.

Une légère esquisse s'étira sur les lèvres muettes du plus jeune.

- Au début, reprit Jinyoung d'une voix sereine, je croyais que c'était passif. Que c'était juste mon amitié pour toi qui s'étalait un peu trop sur des bords dangereux.

Ses doigts se resserrèrent autour de ceux de son cadet.
Il pensait se rassurer en sentant la peau du danseur, mais ça le rendait juste nerveux.

- Mais maintenant... Maintenant je pense que c'en est devenu presque toxique.

Il soupira. Le mutisme de Yugyeom lui picotait le coeur. Mais il continua, peu importait si ce qu'il disait était mauvais ou pas, il devait lui dire.

- Pendant des mois je me suis voilé la face. Pendant des mois j'ai agit comme un gamin. Et tu en as fait les frais. Non, on en a tous les deux fait les frais, se reprit le chanteur en scrutant l'horizon noir. Je suis désolé, Yugyeom. Tellement désolé.

Jinyoung se confiait comme si tout était de sa faute. Comme si la décision de Yugyeom était à cause de son comportement immoral.

- Arrête de t'excuser. Tu t'excuses comme si c'était une habitude, lâcha-t-il sèchement en se couchant dans l'herbe grasse, sa main toujours dans la paume chaude de son aîné.