trenta
- Tu m'avais dit que tu m'emmènerais moi.
- Tu dormais avec Mark, cracha-t-il en appuyant sur les dernières syllabes.
Un rire nerveux sortit des lèvres lisses du plus vieux des deux.
- Et donc ? Tu aurais pu me réveiller au lieu de te barrer.
Voilà une quinzaine de minutes que Jinyoung étouffait Yugyeom avec ses reproches débiles.
Yugyeom qui ne répondait que vaguement et que si nécessaire, alors qu'il se donnait un air faussement désintéressé en fouillant dans son téléphone.- Yugyeom-ah, lança le brun d'une voix grave et lourde.
Ce dernier leva des yeux ternes sur son aîné, et transcendèrent aussitôt celui qui avait haussé le ton.
- Tu peux me répondre ?
Voyant qu'il ne daignait donner aucune réponse, le plus vieux commençait à tourner les talons, pour rejoindre sa chambre.
- Reste ici, lâcha-t-il dans un chuchotement inaudible et implorant.
Le rougeaud soupira. Il tendit sa main, maître du silence, et pourtant aussi explicite que son visage inexpressif, il attrapa le poignet blanchâtre du chanteur.
- Tu peux arrêter de poser des questions stupides parfois ? marmonna-t-il.
Et dans ces mots murmurés, il tira, il l'attira sur ce matelas défait, le fit basculer dans son mutisme qui en disait trop long. Sur ses draps froissés, entre ses bras froncés, et ses yeux douloureux.
Sa lâcheté, elle était apparue aussi rapidement que son envie de vengeance s'amoncelait dans son âme torturée.
Elle était apparue aussi vite que son visage fin et doux, que ses yeux noirs et étirés se soient posés sur lui et lui avaient provoqué centaine de frisson.À quel point il en avait envie. Cette envie de tout lâcher. Comme sa lâcheté. Cette envie de tout lui dire. Comme son silence morbide qui régnait dans la pièce.
- Tu m'énerves simplement. Tu m'agaces savamment. Tu m'arraches chacune de mes décisions, Jinyoung.
Yugyeom scruta son aîné, délaissant son téléphone qui rencontra le sol dans un fracas sourd, et fouilla ainsi dans ses orbes profondes où seul l'étonnement et la panique triomphait dans ses iris.
Il avait envie. Il enviait ces personnes qui n'hésitaient pas à poser leurs lèvres sur celles de la personne qu'ils aimaient.
Alors pourquoi ne le faisait-il pas ?
Il avait peur. Il avait peur de ses sentiments enfouis. De sa réaction. De la suite. Des conséquences.
Mais ces conséquences le brisaient, lui enlevaient ses désirs profonds et ses engouements.
D'un sourire incompréhensible, où seul Yugyeom le savait douloureux, douloureux de l'étirer de ses croissants de chair craquelé, il laissa son regard dévaler son visage, et finir sur les lèvres de son vis-à-vis.
Est-ce que lui aussi avait mal en souriant ? Non, c'était bien trop lisse. Bien trop parfait. Bien trop envoûtant.
Puis Yugyeom se raisonna. Et son orgueil gonfla son estime perdue.
D'un oeil presque moqueur, un tatillon malicieux, il souffla quelques mots, qui s'échouèrent sur la bouche rosée du brun.
VOUS LISEZ
puéril - jinyeom
FanfictionLes petits grandissent. Et les grands se perdent dans leurs âmes joueuses d'enfant