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quattordici

- Qu'est-ce que tu m'veux encore.

Question réthorique, lâchée par sa voix anormalement grave et tendue.

Jinyoung frémis, et s'éloigna presque instinctivement avec une pointe de crainte. Il sentait le regard ténébreux de son cadet le scinder et pénétrer ses entrailles, jusqu'à en déceler la plus infâme et infime faille.

Se sentant horriblement faible et si peu confiant de lui-même, le brun aux joues encore gelées ramassa sa dignité et sa fierté, redressa sa colonne vertébrale courbée sous la honte, et enfila ce même masque neutre que Yugyeom ne cessait de garder depuis plusieurs temps.

Ces changements d'états les troublaient beaucoup trop, mais une compétition s'était installée entre eux. C'était la loi du plus fort. Et également celle du plus faible.

Plus on y plongeait dans son regard plus on s'y noyait. Plus on apprenait à connaître chaque courant de son esprit et de ses fausses pensées plus on y apprennait à nager dedans avec facilité.

On y nageait la tête sous l'eau, coulant et progressant dans un chemin sans fin. Reste à savoir qui était le plus rapide. Celui qui s'y étouffera en premier.

Jinyoung semblait proche de lâcher prise. Ses poumons demandaient grâce. Ou était-ce son coeur ?
Tout ce qu'il ressentait était flou et désordonné. Il sentait sa cage thoracique encombrée, quelque chose semblait être sur le point d'éclater.

Mais la pénombre qui l'enveloppait l'aidait, cachant cette lueur de détresse qui tentait de scintiller dans ses prunelles ébènes.

Dans une synchronisation parfaite et organisée, en se détachant du regard, les deux hommes sortirent de la chambre des plus jeunes.

Un faisceau lumineux trahit les yeux vitreux de Yugyeom, recouvert d'un voile de fatigue, derrière ses sourcils froncés et son visage fermé, tandis qu'il trahissait les doutes de Jinyoung qui sursauta.

Il sursauta car la lumière l'exposait. Et elle exposait le corps svelte du cadet qui se déplaçait d'une démarche féline.

Jinyoung se rendit compte à quel point il n'avait plus pris le temps d'accorder de l'attention à son dongsaeng. C'est comme s'il le revoyait après plusieurs années.

Yugyeom tu m'as manqué.

Alors que ses yeux humides étudiaient et retraçaient chaque coin et recoin du grand brun, une part essentielle de lui même s'estompait et était en train de mourir.

Tous ses tourments s'envolaient.

Il balaya d'une traite n'importe quelle pensée rationnelle, puis il s'élança brutalement contre le plus jeune, avant d'enfouir son nez contre sa nuque.
Ses bras s'enroulèrent autour de son ventre.
Il ne voyait pas l'expression de Yugyeom étant donné qu'il était dos à lui.

Il sentit simplement son coeur battre contre le sien, s'emballer soudainement, et sa respiration se suspendre un long moment.

Comme si le temps s'arrêtait soudainement.

Puis, finalement, des mains douces semblables à de la soie, effleurèrent ses avant bras, glissant lentement jusqu'aux mains gelées du plus vieux, avant de s'y accrocher, comme avec désespoir.

Et il relâcha son souffle perdu.

Les deux sentaient l'acceptation de l'autre, et cela soulageait leur coeur défaillant.

Cette joie furieuse les faisait battre avec harmonie, soudainement si facilement accordé qu'ils en furent surpris.

Puis le mirage se brisa aussi vite qu'il était arrivé.

puéril - jinyeomOù les histoires vivent. Découvrez maintenant