Cattiveria

14 1 0
                                    


Ses cheveux noirs flottants au grès du vent, habillé d'un costard-cravate et pourvu d'un parapluie en guise de canne, il avançait, fier. Son regard vert pétillé de malice tout comme son sourire, d'ailleurs. En fait, tout, en lui,respirait la malice et la fourberie : sa démarche, sa posture... Il n'était que sournoiserie. C'était d'ailleurs de cette dernière qu'on l'avait baptisé Malice. Bien sûr, elle avait un autre prénom,son nom de naissance, mais elle préférait mille fois plus le surnom, trouvant toute la vérité dont elle avait besoin dans sa résonance.

Ses chaussures, lustrées,frappaient le sol de pierre. On ne pouvait pas la rater, on ne pouvais pas la dépasser. Sur son visage, rien d'autre, sinon la duperie. Elle était une déesse mortelle, personne ne lui arrivait à la cheville.

Vraiment ?

A n'en pas douter...

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------


Lentement, progressivement, le soleil se couchait sur la Terre, laissant dans son sillage des traînées d'orange, de rose, allant jusqu'au violet pour les côtés de la voûte céleste les plus éloignées de l'astre – magnifique! Le crépuscule, inévitablement, se levait. En descendant du bus, Catt trouva cela vraiment époustouflant. Hélas, elle ne pourrait pas rester admirer le crépuscule plus longtemps, devant rentrer vite chez elle – la nuit ne faisait pas de cadeaux. Tête baissée, sac sur le dos, ses écouteurs visés à ses oreilles, elle partit sur la route pavée, au rythme de la musique.

Ses parents travaillaient tard,le soir, aussi découvrit-elle la maison vide – aucune importance,elle avait l'habitude. La demeure était grande et blanche, les meubles qui la composaient étés fait dans un beau bois ciré. Au centre du salon, un grand sofa trônait, la télévision en face.Tout était calme, reposant... Il y avait un message sur le répondeur. Catt écouta :

« -Salut, la famille Apatis! C'est moi Dolofonos, j'appelais pour savoir si quelqu'un était à la maison, mais apparemment, la réponse est négative. Donc, je viendrai une prochaine fois. Bisous de l'oncle Dof ! »

L'oncle Dof, comme il se faisait appeler, était le frère du père de Catt,et la jeune fille l'adorait. Elle pensa le rappeler pour lui dire qu'il pouvait passer, mais elle se ravisa.

A la place, elle alluma la télé– encore une émission sur les meurtres en série ! Voilà des années qu'un étranger tuait sans relâche hommes, femmes et enfants, n'épargnant personne, pas même les plus âgés. On le surnommait Macello, du latin« boucher », car il n'était ni plus ni moins un boucher : il éventrait ses victimes, les accrochait sur des piques, les suspendait en l'air, laissant leur sang couler, leurs intestins pendre... Pour tous, c'était une boucherie. Mais pour Catt, c'était une sorte d'art. Ça n'en restait pas moins horrible, bien sûr, mais le style avec lequel Macello tuait et éventrait était on ne peu plus unique pour Catt. Il était un artiste, fourbe et malicieux, quine se faisait jamais prendre... Tout comme cette mystérieuse personne, qui était apparue en même temps que les tous premiers meurtres de Macello, des années plus tôt. Ses yeux vert émeraude et ses cheveux noirs restaient indéniablement gravés dans les mémoires, de même que son magnifique costume vert olive et sa cravate noire. Sans oublier parapluie-canne de couleur bleu foncé...Marquant.

Catt éteignit la télé. Cela l'énervait, les journalistes ne connaissaient pas la véritable histoire et ils faisaient comme si. De toute façon, aujourd'hui commençaient les vacances, et Catt ne voulait pas les entamer en écoutant des sornettes. Ainsi, elle monta dans sa chambre pour se reposer un peu.

Recueil de NouvellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant