Jeux

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« -Ce n'est pas un jeu !

-Qu'est ce qu'un jeu pour toi ?

-Un jeu est une action que tu fais, elle est drôle et amusante.

-Et bien, c'est un jeu.

-Non, pas ça !

-Si. Si, c'est une jeu. Ça m'amuse, je n'avais encore jamais ri comme ça. Donc, c'est un jeu. »

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Les couloirs étaient vides. Il n'y avait rien : rien à droite, rien à gauche... Rien. Pas un signe de vie. Juste les ombres étranges, que tout le monde prenaient pour des fantômes. Pourquoi ne pas s'amuser un peu ?

Les portes claquèrent violemment. Les fenêtres, cassées et sales, se brisèrent en mille morceaux. Un rire perçant résonna dans tout l'hôpital abandonné. Un rire... Puis un murmure. Puis, au fond du couloir, là où les ombres étaient les plus épaisses, où la porte exit était grande ouverte, un sourire rouge illumina ses rétines.

Myranie hurla à pleins poumons. Encore ce rêve... Pas possible ! Sa mère ouvrit la porte à la volée, trouvant sa fille recroquevillée sur elle-même, haletante. Encore une fois, les psychologues n'avaient rien pu faire. La mère était désespérée.

« -Je suis désolé, madame Ronne, mais je crains que rien ne pourra faire partir cette peur qui habite votre fille, avait dit le dernier médecin qu'ils avaient consulté. »

Incapables...

Lonie Ronne s'asseya prés de Myranie. L'enfant, âgée d'à peine douze ans, était pétrifiée. Son cauchemar lui brisait ses nuits. Et elle commençait à manquer gravement de sommeil. Elle ne voulait plus avoir affaire à lui, elle ne voulait plus s'endormir... Sa mère avait beau lui dire et redire que tout allait bien, rien allait. Elle le savait. Son cauchemar persistant allait changer à jamais son enfance. Sa mère avait bien une idée pour l'aider, mais fallait-il vraiment lui en donner chaque nuit ?

*

Sur les jeux de société, My été imbattable. Elle gagnait tout le temps. Mais elle ne souriait plus, ne rigolait plus. Sur son visage, une expression toujours froide était figée depuis quatre ans. Cette même froideur sans vie, chaque jour... Sa mère était tellement désolée, mais désolée de quoi ? Sa petite fille qui souriait tout le temps, qui s'amusait tous les jours, avant... Brisée par la mort de son père. Lonie avait également souffert de la perte de son mari, mais elle avait fait son deuil ! Mais sa pauvre fille unique ne se remettait pas. Après tout, n'était-ce pas pour ça que Lonie faisait tout pour l'aider ? Même après ce que Myranie avait fait ? Mais My ne voulait rien savoir. Désormais, elle s'endormait avec des somnifères, elle ne rêvait plus.

Paxe grogna, déçu d'avoir encore perdu.

« -C'est pas juste !

-Rien n'est juste, répondit My. »

Paxe fit une mou mais ne protesta pas. My et lui étaient ce qui se rapprochait le plus de « meilleurs amis ». Du moins, du point de vu de tous, sauf, peut-être, de My. Elle, elle s'en fichait, ami ou pas, elle voulait s'amuser et Paxe était drôle et gentil avec elle – il l'avait toujours était.

Le jeune garçon était toujours furieux de la voir comme ça, sans expression. Un jour, Lonie lui avait expliqué son histoire, mais Paxe s'en moquait, il voulait qu'elle le voit vraiment. Être ami était vraiment trop compliqué pour elle ?! Finalement, après lui avoir lancé un dernier regard, auquel elle lui répondit par un autre complètement vide, il soupira et se leva.

Recueil de NouvellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant