Recueil de Nouvelles

Tableau macabre

Une peinture était affichée à l'entrée de la piscine. Une peinture fine, délicate, que l'on aurait pu croire à l'huile. Elle était magnifique... Tout en rouge écarlate... Même l'eau.

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Il était seul, ce matin. De toute manière, il savait que personne ne viendrait, pas avant une heure de l'après-midi, en tout cas. De toute manière, il aimait être seul pour travailler, même s'il ne faisait que prélever chaque matin un échantillon de l'eau de la piscine. Il était arrivé au grand bassin quand son regard se posa au fond de l'eau. Tiane aurai juré avoir vu une ombre. Impossible, puisse que personne n'était là ! Dans un haussement d'épaules, le maitre nageur continua son prélèvement. Derrière lui, des bulles émergèrent de la surface. Et cette fois si, Tiane n'avait pas rêver ! Il recula vivement. Fallait-t-il qu'il appelle quelqu'un ? Il regarda à droite puis à gauche, et vit un de ses collègue en patrouille. Prudemment, Tiane alla à sa rencontre.

« -Excuse-moi, Aldy, peux-tu venir une seconde, s'il-te-plait ? Demanda t-il

L'agent le regarda sans comprendre. Au bout d'un moment il soupira et haussa les épaules. L'agent fit signe au maitre nageur qu'il le suivrai, mais, une fois arrivé au bassin, il n'y avait plus rien.

« -Tu me prend pour un imbécile ?!

-Mais non ! Rétorqua son collègue, je te jure, il y avait un truc sous l'eau, expliqua Tiane tout en montrant le bassin du doigt. »

Aldy marmonna une insulte inintelligible et, avec un air qui en disait long sur ce qu'il pensait, partit d'un pas rapide vers la pièce d'à côté, où les bassins étaient beaucoup moins profonds. Tiane commença à douter de lui-même. Qu'avait-il vraiment vu au juste ? Des bulles ? Dans une piscine c'était tout ce qu'il y avait de plus commun ! Quel idiot il fesait ! Le maitre nageur continua alors sa ronde sans y repenser.

Après avoir terminé de prélever l'eau dans le grand et dans le petit bassin, Tiane alla dans la partie « détente » de la piscine, là où les bassins étaient réservés aux jeux et à l'amusement. En s'approchant, il remarqua qu'Aldy avait disparu. Tient, où est-il passé ? Tiane s'approcha encore. Des bulles remontèrent soudain à la surface. D'abord, un peu, puis tout à coup beaucoup plus. Tiane accouru au rebord. On pouvait distinguer clairement l'agent au fond de l'eau, se débattant comme il pouvait contre quelque chose d'invisible aux yeux du maître nageur. Les bulles cessèrent alors. L'eau, d'un bleu claire, commença à prendre une teinte rouge. Un bras émargea, déchiqueté. Ensuite vint le corps de l'agent... Sans tête.

Paralysé par la peur, Tiane se mit à hurler quand la tête coupée d'Aldy fit surface. Les yeux du mort étaient blancs et sans vie, sa bouche dessinait un rictus et on pouvait très clairement distinguer ses jugulaires.

Les cris du maitre nageur furent entendus par le personnel du centre aquatique et quelques instants plus tard, des policiers et des ambulanciers se trouvèrent sur les lieux d'un tableau macabre. Tiane ne pouvait plus crier davantage, pas plus qu'il ne pouvait parler, et son regard restait accroché à celui, blanc, d'Aldy. Les yeux étaient comme deux portes vers un allé simple pour le néant.

Dix ans plus tard, tôt dans l'après-midi.

Les rayons du soleil se reflétaient sur l'eau chlorée de la piscine, laquelle brillait d'un bleu presque irréel. Une bande d'amis s'amusait dans l'eau à patauger, plonger, les rires et les éclaboussures enchantant tout ce petit monde.

Le petit groupe décida d'aller au grand bassin pour pouvoir profiter d'un meilleur espace de jeu. Kévine, le plus intrépide de la bande, avait proposer cette idée qui avait été approuvée par tous. S'i avait su ce qui allait se passer, peut-être cette idée serait-elle restée bien au chaud dans les pensées du jeune homme, protégeant ainsi le groupe d'un terrible malheur... Mais n'ayant aucune connaissance des faits qui s'étaient déroulés il y avait de cela dix ans, les adolescents se dirigeaient, pleins d'entrain, vers le grand bassin. On dit que l'ignorance protège... Hélas, pas toujours.

Les amis riaient à gorge déployée : l'énergie de la jeunesse était avec eux. Quelle belle après-midi ! De plus, il n'y avait personne dans le grand bassin, ainsi personne ne pourrait freiner leur amusement. Kévine se prépara à plonger, les bras écarter en position olympique. Il souriait de toutes ses dents, confiant et fier de lui, et adressa un clin d'œil à sa bande. Et il plongea...

L'eau était claire, personne n'aurait su dire ce qui passé par la suite. Kévine ne remonta pas, ses amis ne riaient plus, ils regardaient fixement le fond du bassin, mais ne voyaient personne. L'inquiétude s'incrusta comme une mauvaise déesse dans le cœur de chacun. Il n'avait pas pu disparaître, tout de même ! Nerveux, ils se dirigèrent vers un maitre nageur. Après que celui-ci eut entendu l'histoire de la soudaine et étrange disparition de Kévine, ses traits se tordirent en une mimique horrifiée.

« -Par les étoile, qu'avez-vous fait ?! Cria-t-il, paniqué »

Le maître nageur se précipita vers le bassin, désormais rouge sang. Un nouveau tableau macabre se dessina alors devant les adolescents et le maitre nageur, figés d'horreur. Les organes, les membres, tout, du corps de Kévine, avait été arraché. L'eau, désormais écarlate, un magnifique écarlate luisant sous le soleil brûlant, laissait apparaître une forme, une petite silhouette, qui disparu sans que personne n'eut le temps de la voir.

La bête s'était réveillée.

« -Il faut évacuer... TOUT DE SUITE !!!! Ordonna le maitre nageur en attrapant les premiers adolescents qui se trouvaient près de lui. »

Une alarme sonna. Trop tard. Il était bien trop tard.

Coupure de courant, plus aucune lumière.

Dans la pénombre, des cris résonnèrent, glacés. Les minutes s'écoulèrent en une fraction de seconde.

Plus un cri.

Plus de pleurs.

Mais dans l'eau régnait le maître des lieux.

La lumière se ralluma. Un magnifique tableau macabre se dessinait. L'eau était rouge cramoisie , des membres, des organe, du sang... Chaque élément avait sa place pour réaliser le plus beau des tableaux...

Mais qui était au fond de l'eau ? Une seule personne avait la réponse. Celle qui, justement, était au fond de l'eau.